Quelques semaines nous séparent de la campagne électorale Avec les sorties du PT, du MSP et du FFS, la scène électorale s'esquisse à plus d'un mois de l'ouverture de la campagne et l'on sait déjà les quelques accents, en attendant l'entrée en lice de l'Alliance présidentielle. Le MSP participe, le PT snobe et le FFS, égal à lui-même, use d'une sémantique qui lui est propre pour demeurer à la périphérie du débat public. Ces trois formations politiques qui résument en partie les grandes tendances de l'opposition nationale, ont exprimé, hier, leurs positions vis-à-vis du prochain scrutin présidentiel. Les «participationnistes» du MSP apportent, à leur manière, leur contribution dans l'édification de la démocratie nationale, avec leur particularisme qui consiste à souffler le chaud et le froid. Le manoeuvrier Abderrezak Makri qui a réussi à s'adjuger la présidence du premier mouvement islamiste du pays, a, rappelons-le, tenté de «négocier» un report de la présidentielle, avant de se voir signifier une fin de non-recevoir. Mais en politique, un combat n'est jamais totalement perdu, puisqu'en plus d'avoir occupé la scène et pris seul le «leadership» de toute la mouvance islamiste aux yeux de l'électorat algérien, il a eu largement le temps d'entrer dans tous les foyers du pays, comme potentiel candidat à la magistrature suprême. Hier, il n'a rien fait d'autre «qu'essorer» tous les discours des derniers mois, pour en tirer la sève, à savoir que le MSP a fait sa précampagne et dispose, de fait, d'une longueur d'avance sur le reste des «participationnistes». Abderrezak Makri pouvait même se contredire, l'important pour lui est la phrase finale. Et celle-ci aura été celle du dirigeant d'un «grand parti» qui a «flirté» avec les puissants du moment, voire susciter l'intérêt, même provisoire, de l'Alliance présidentielle. La posture du MSP est unique dans le camp des «participationnistes» qui se sont tous contentés de communiqués de circonstance. Que ce soit Talaïe El Hourriyet de Ali Benflis ou encore le Front El Moustakbel de Abdelaziz Belaïd, dont on connaît déjà le poids électoral en raison de leur participation aux élections législatives et présidentielle, la stratégie a consisté à n'avoir aucune espèce de contact avec le pouvoir. Cette posture les a éloignés des débats et partant, de la polémique, donc de la sphère médiatique. D'autres partis et personnalités nationales qui feront savoir leur position par rapport à la présidentielle, semblent adopter le même profil bas. Une stratégie jusque-là assez peu payante au plan de la visibilité. Mais les quelques semaines qui nous séparent de la campagne électorale peuvent suffire à renverser la tendance. A commencer par le candidat indépendant, Ali Ghediri, qui fera sa grande sortie médiatique au début de cette semaine. Les Algériens, qui auront le loisir de suivre son intervention sur les réseaux sociaux, se feront une première idée sur «l'énigmatique» candidat, susceptible de peser, peut-être, plus lourd que Makri, malgré la gesticulation préélectorale de ce dernier. La grande «attraction politique» du moment peut malgré tout faire pschitt et le boulevard de l'électorat démocrate de l'opposition s'ouvrira à Ali Benflis qui devra trouver de nouvelles ressources pour convaincre les électeurs de sa troisième participation à la présidentielle. Même rompu à la chose électorale, le leader de Talaïe El Houryate a tout de même besoin de coup d'éclat en matière de communication, laquelle, lui fait actuellement défaut. Mais l'homme est certainement en train de fourbir ses armes politiques et médiatiques. Il attend que son désormais principal rival, Ali Ghediri, sorte effectivement du bois pour ajuster son tir. Les abstentionnistes, qui se recrutent généralement parmi les petites formations sans envergure, sont rejoints pas un acteur de taille. Louisa Hanoune à qui, on doit l'animation de toutes les campagnes électorales, grâce à ses capacités oratoires et son intelligence politique, se détourne du scrutin et promet de se tenir en dehors du débat électoral. Quelle que soit la pertinence ou pas des raisons qu'elle invoque, l'absence du PT dans cette joute est un coup dur pour la politique en Algérie. La pasionaria laissera, à n'en pas douter, un vide qu'il sera impossible de combler. Le débat politique sera orphelin d'une voix forte. La scène électorale s'esquisse donc à plus d'un mois de l'ouverture de la campagne et l'on sait déjà les quelques accents, en attendant l'entrée en lice de l'Alliance présidentielle, avec son «armée» de militants et leurs «généraux» passés experts en stratégie électorale.