La place Maurice Audin sera-t-elle occupée par les manifestants? Cette fois-ci, il s'agira vraiment de prendre le pouls du mouvement Mouwatana dont les animateurs ont occupé le devant de la scène ces derniers temps. Le mouvement Mouwatana a lancé un appel pour l'observation de rassemblements populaires pour aujourd'hui, dimanche 24 février, aussi bien dans la capitale Alger que dans les chefs-lieux des wilayas. Mouwatana a en effet appelé à des sit-in devant les sièges des wilayas ainsi qu'à un rassemblement à la place Audin dans la capitale. Le mouvement Mouwatana tirera-t-il profit du succès des marches pacifiques qui ont eu lieu vendredi dernier à Alger et dans plusieurs wilayas du pays? Les actions de vendredi dernier vont-elles avoir un effet d'entraînement au profit du mouvement Mouwatana, lequel jusque-là n'a pas vraiment réussi à organiser une action de rue avec une participation massive des citoyens. A l'instar d'ailleurs d'un certain mouvement Barakat qui avait tenté la même chose en 2014. Cette fois-ci, il s'agira vraiment de prendre le pouls du mouvement Mouwatana dont les animateurs ont occupé le devant de la scène ces derniers temps. Mais le test de popularité pour le mouvement Mouwatana va se poser pour la première fois aujourd'hui. Si l'appel de Mouwatana est couronné de succès aujourd'hui, ce dernier pourrait aspirer à jouer encore un rôle de premier plan dans les prochaines semaines, surtout quand on sait que les actions de rue de vendredi dernier ont été organisées suite à des appels anonymes lancés via les réseaux sociaux. Mais, dans la mesure où les actions auxquelles a appelé Mouwatana à Alger et dans les chefs-lieux des autres wilayas du pays ne drainent pas les grandes foules aujourd'hui, il deviendra évident que les animateurs de ce mouvement ne pourront plus être en mesure de récidiver dans l'avenir car la rue les aura disqualifiés de fait. Surtout quand on sait que plusieurs autres appels, anonymes également, ont été lancés, toujours par l'intermédiaire des réseaux sociaux pour les prochains jours. Ainsi, hier, un appel a été diffusé pour la tenue de plusieurs marches des étudiants de toutes les universités algériennes. Des appels pour des actions similaires à celles de 22 février 2019 ont été également rendus publics pour vendredi prochain dans le même sillage. Si l'aspect pacifique du ces marches est un élément important et salutaire à mettre à l'actif des manifestants dont le droit de s'exprimer est garanti d'ailleurs par la Constitution algérienne, il n'en demeure pas moins qu'une répétition à l'infini de telles marches pourrait conduire vers deux possibilités. Soit, on se dirigera vers une sorte d'usure si les rangs des marcheurs venaient à se rétrécir de plus en plus; Dans le cas contraire, il sera question plutôt d'une mobilisation croissante des citoyens, Auquel cas, l'émergence d'interlocuteurs crédibles représentant les manifestants sera le seul moyen à même de barrer la route à l'anarchie (voire dérapage) pouvant en découler. Les milliers de citoyens qui ont manifesté vendredi dernier dans plusieurs villes algériennes ont démontré qu'il ne sont pas sortis dans la rue pour semer l'anarchie ou pour servir de jalon à un quelconque climat de déstabilisation. Mais si une telle énergie populaire n'est pas canalisée à temps, et toutes les expériences du passé l'ont prouvé, soit on ira vers l'essoufflement de ce mouvement, soit il y aura des «mains» malintentionnées qui essayeront de tirer leurs marrons du feu avec tous les moyens possibles. Et ce qui rend cette dernière hypothèse des plus redoutables, c'est le fait que les appels pour les actions en question sont tous frappés du saut de l'anonymat. En cas de dérapage incontrôlé, qui rendra des comptes? C'est le détail que tous les citoyens sincères qui sont descendus dans la rue vendredi dernier devraient ne pas négliger dans leur analyse de la situation et des événements qui se précipitent en Algérie ces derniers jours. Qu'il y ait des forces politiques de toutes tendances qui s'expriment à la veille d'un événement politique aussi important que l'élection présidentielle, quoi de plus normal dans un pays qui se réclame de la démocratie, mais en même temps, tout le monde devrait avancer à visage découvert. Ce qui est loin d'être le cas concernant les actions de vendredi dernier et même celles de mardi prochain qui concernera les étudiants ainsi que celles du week-end prochain. L'appel du mouvement Mouwatana pour des rassemblements de protestation aujourd'hui, dimanche, à Alger et ailleurs a le mérite d'être assumé par ses auteurs. C'est le moins qu'on puisse dire en attendant de voir quelle sera la trajectoire qui sera prise par les autres marches à venir.