El bordj a encore été le théâtre d'une mobilisation spectaculaire qui s'est soldée par un «f'tour» révolutionnaire, au grand bonheur de ses habitants, mais aussi des visiteurs venus spécialement pour... marcher! Située entre la Kabylie et les Hauts-Plateaux, Bordj Bou Arréridj est en train de défrayer la chronique! En effet, cette petite wilaya de 180.000 habitants est en train de devenir la capitale du Hirak. Une mobilisation des plus impressionnantes avec une marée humaine qui recouvre l'ensemble des artères de toute la ville est enregistrée chaque vendredi depuis le 22 février dernier. Les magnifiques images font chaque semaine le tour de la Toile algérienne, particulièrement celles de RG Studio - photographe «attitré de la ville». Mieux encore, cette ville de l'Est a fait parler d'elle au-delà de nos frontières avec un reportage publié par le prestigieux quotidien français Le Monde. Il faut dire que c'est impressionnant d'une semaine à l'autre! Les manifestants sont plus nombreux que les habitants de cette wilaya distante de 240km de l'est d'Alger. L'acte XII de cette révolution pacifique n'a pas dérogé à ce qui est devenu une règle. Des centaines de milliers de personnes ont défié la chaleur et le jeûne du Ramadhan pour défiler à travers les rues de celle que l'on appelle communément «BBA». Le carrefour d'El Djebbes, rebaptisé «place du Peuple», et ses artères étaient noirs de monde. Le «Palais du peuple» qui fait face à ce carrefour était aussi là pour mettre l'ambiance. Cet immeuble en construction a, comme d'habitude, été pris d'assaut par les «chauffeurs de foule» qui donnaient le tempo de cette journée des plus historiques. Cela avant de déployer un magnifique Tifo géant où était exprimée leur vision de cette révolution populaire. Bref, une foule compacte s'était rassemblée pour réclamer le départ des restes du système Bouteflika. «Il y avait plus de manifestants que d'habitants de Bordj», assure Anis, Bordjien, qui ne raterait pour rien au monde le rendez-vous du vendredi comme d'ailleurs la majorité des habitants de la ville. En fait, il est vrai que ces dernières semaines «BBA» est envahie le vendredi par les habitants d'autres wilayas du pays. Sa réputation ayant fait le tour d'Algérie, beaucoup de manifestants veulent passer une journée de Hirak dans ce qui est devenu comme son épicentre. Surtout avec la fermeture des accès vers Alger il est devenue cauchemardesque pour ces Algériennes et ces Algériens qui veulent être au coeur de l'événement. C'est le cas de Farid, une de nos connaissances, qui habite à Bouira et qui s'était déplacé à Bordj Bou Arréridj pour...marcher. «J'ai l'habitude de venir sur Alger, mais avec le Ramadhan je me voyais mal rester pendant des heures dans la circulation. J'ai alors opté pour BBA, surtout que je voulais voir de visu cette ville qui a volé la vedette à Alger et la Kabylie», rapporte-t-il tout heureux, car il n'a pas été déçu par son voyage «révolutionnaire». Farid affirme avoir découvert une ambiance qui n'a pas d'égal et surtout des habitants déterminés à ne rien lâcher. Notre ami était d'autant plus fier du fait qu'il a eu l'occasion de tenir des débats de très haut niveau avec les jeunes de la ville. Ces discussions se sont poursuivies lors de l'iftar populaire géant qui a été organisé dans les rues de la ville et auquel Farid a été gentiment convié.
