Ils disent qu'«après l'effort, vient le réconfort et le repos ». Ce n'est toujours pas le cas en ces temps de Hirak. Les étudiants ont choisi autrement, après avoir boudé les cours durant des mois, aujourd'hui, ils tournent le dos aux vacances. Hier, encore, sans faute et ponctuels, ils étaient au rendez-vous ! Ils étaient des milliers, à sortir réclamer le départ du système en place. Sur un ton haut, leurs revendications sont unanimes à celles du vendredi. Discours et slogans communs «système dégage», «pas de dialogue avec la mafia», «Etat civil et non militaire», «indépendance de la justice»… et autres slogans hostiles au pouvoir à l'instar de «pouvoir assassin» ont été scandés durant des heures dans les grands boulevards de la capitale. Encore une fois, les jeunes ont réaffirmé leur engagement et détermination à poursuivre le combat. La vague de la protestation ne faiblit pas et s'élargit de plus en plus. Mobilisés plus que jamais, ils ont crié leur colère et réclamé la libération immédiate des détenus arrêtés lors des dernières manifestations. Aussi, ils ont exigé la libération du moudjahid Lakhdar Bouregaâ. «Qui peut arrêter cette jeunesse engagée, réfléchie, innovante, nationaliste et surtout consciente des enjeux politiques et de la crise que traverse le pays ?», se demande une enseignante toute fière de ses étudiants, qui sont, pour elle, matures et arrivent à assurer pour le 20e mardi consécutif, sans aucun incident grave ou affrontement avec les services de sécurité, des marches à la hauteur de leur niveau intellectuel. « Nous ne devons plus avoir peur pour notre pays, il sera entre de bonnes mains. Faut faire confiance à cette jeunesse patriotique et non assoiffée de pouvoir », ajoute-t-elle, en invitant les enseignants à prendre exemple de leurs étudiants et les rejoindre... L'écho de «Djazair Houra dimokratia », résonnait dans chaque ruelle de la capitale. Hier et pour la première fois, depuis le 22 février dernier, les étudiants ont marché en rangs très organisés et unis. Aucun étranger n'a pu pénétrer leur périmètre. Ils ont démontré une très grande « maîtrise », ils étaient solidaires et surtout vigilants, ont pu marcher sous un soleil de plomb sans aucun affrontement avec les services de sécurité. De leur côté, les services de sécurité se sont contentés d'encadrer la marche et non pas la réprimer comme les précédents mardis. Une première depuis le début du Hirak. On note dans ce même contexte, que la marche a commencé vers 11heures du matin à partir de la place des Martyrs pour arriver à la rue Bab Azzoun, rue Ali Boumendjel, rue Larbi Ben M'hidi et avenue Pasteur, la procession estudiantine ne faiblit pas et se poursuit pour réclamer et exiger l'application de «l'article 7 de la Constitution, le pouvoir au peuple» ! Cette 20e marche coïncide avec la fin de mandat pour le chef de l'Etat, selon l'article 102 de la constitution. «Nous sommes arrivés au face to face avec le vide Constitutionnel», lance un jeune étudiant, en rappelant, en outre, l'urgence de trouver des solutions à cette crise politique ! S'agissant du dispositif sécuritaire, sans surprise, l'accès à la Grande Poste était quasiment impossible et les casques bleus ont bloqué les lieux, principalement la Grande Poste et les grands boulevards de la capitale. Tous les accès ont été bloqués par des camions stationnés pour interdire le passage aux étudiants.