A la veille de l'Aïd El Adha, des centaines de milliers de citoyens ont encore investi les rues. La mobilisation ne faiblit pas et la pression de la rue monte. Hier et pour le 25e vendredi consécutif, les Algériens ont été au rendez-vous. Le refus du dialogue a évidemment dominé les débats. Rien ne semble arrêter la détermination de la population. En pleine canicule du mois d'août et en dépit d'une saison estivale qui bat son plein et l'arrivée de l'Aïd, les citoyens sont plus résolus que jamais à investir pleinement la rue. En famille, entre amis et en couples, tous marchaient la main dans la main. Hier encore ils étaient des milliers à battre le pavé, décidé à faire aboutir leur revendication unanime prise à bras-le-corps par toute la population. Dès les premières heures de la matinée d'hier, ils étaient par milliers à scander des slogans politiques unificateurs. Pour la énième fois les Algériens ont encore prouvé leur maturité et leur conscience des enjeux politiques. Tous les manifestants interrogés prévoient une rentrée sociale explosive. Armé de drapeaux et de bouteilles d'eau, ils ont marché et scandé haut et fort «système dégage» ! Un seul mot d'ordre «pas de dialogue avec la mafia », «Etat civil et non militaire», «vive l'Algérie», «pas de vote» «libérez les détenus d'opinion», « libérez les médias et la justice», et plein d'autres slogans hostiles au pouvoir. Il reste à dire que le seul mot d'ordre dominant durant la manifestation est celui du rejet du dialogue. «Basta la manipulation et pas de dialogue », lance un homme d'un certain âge. Pour lui, le peuple a dit son verdict. On note dans ce contexte, que certains parents dont les enfants sont détenus depuis des semaines sont sortis demander la libération de leurs enfants incarcérés injustement. Solidaires, les citoyens ont exigé et réclamé la libération immédiate des détenus arrêtés lors des dernières manifestations. Pour rappel, cette 25e démonstration intervient dans un contexte judiciaire assez particulier dont la mise en détention provisoire de plusieurs manifestants, depuis déjà quelques semaines, accusés de «porter atteinte à l'unité nationale» pour avoir brandi le drapeau amazigh, fait couler toujours beaucoup d'encre. La libération d'un détenu à Annaba pour la même cause a été applaudie pas les manifestants qui espèrent la libération desautres ! «C'est un bon signe, j'espère que les autres détenus seront libérés dans les jours qui viennent. C'est une urgence», souligne un des manifestants. Dans ce même ordre d'idées, on note que lamanifestation a été caractérisée par un aspect judiciaire. Les manifestants ont déployé des dizaines de banderoles dans lesquelles ils revendiquaient l'indépendance de la justice. Les messages envoyés sont clairs et n'ont besoin d'aucune lecture particulière... «Si la justice se libère, nous construirons un Etat de droit. La justice est la colonne vertébrale de la démocratie», estime un autre manifestant. On rappelle dans le même sens, que la manifestation a commencé en début de journée, vers 11 h du matin, où les manifestants commençaient à se regrouper enthousiastes et déterminés. Sous un soleil de plomb, ils chantaient des airs anti-pouvoir en brandissant les drapeaux. Au rythme de «Djazair houra dimokratia», a commencé la grandiose 25e manifestation. Par ailleurs et s'agissant du dispositif sécuritaire, rien de surprenant, Alger était bloquée de partout. Un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé pour ce 25e vendredi. Hier encore, tous les axes au centre de la capitale ont été fermés. Alger était littéralement squattée par les forces de l'ordre. Les grands boulevards de la capitale ont tous été bloqués par des camions stationnés pour interdire le passage aux manifestants…