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Le désespoir de la Palestine
UN TYRAN PEUT EN CACHER UN AUTRE
Publié dans L'Expression le 14 - 01 - 2006

Une femme marchant sur la plage trouve une lampe à génie. Elle frotte la lampe et voilà qu'apparaît un génie. «Je veux la paix au Moyen-Orient. Vous voyez cette carte? Je veux que ces pays cessent de se combattre sans fin... «Bon sang, ma pauvre dame ! Ces pays se font la guerre depuis des milliers d'années! Vous êtes beaucoup trop optimiste. Je suis assez efficace mais pas à ce point... S'il vous plaît, oubliez l'utopie et formez un voeu plus facile à satisfaire.»
Le premier ministre israélien lutte contre la mort dans un hôpital de Tel Aviv. Au-delà de la compassion que nous devons avoir pour lui, il est une autre lutte qui n'en finit pas d'endeuiller la nation palestinienne. Le conflit de la Palestine qui voit son origine dans la déclaration de Lord Balfour, qui annonce «la volonté de sa majesté de procurer un home aux Juifs ». Par cette décision, Lord Balfour a promis, à l'instar de Dieu et pour la deuxième fois aux Juifs, une terre qu'ils ont quittée depuis 2000 ans. Les sionistes ont compris qu'une telle prétention ne peut guère obliger les Palestiniens, c'est pourquoi elle doit être pour ainsi dire imposée physiquement, par la poursuite de la colonisation des territoires occupés au nom de la Bible. Les frontières de 1948 sont d'une certaine façon sacro-saintes. Il s'agit après tout des «frontières d'Auschwitz», comme les appela Abba Eban, l'ancien ministre israélien des Affaires étrangères, après la foudroyante victoire militaire de 1967. Il voulait dire par là, qu'un repli sur les frontières de 1948, en raison de leur précarité militaire, n'entrait pas en ligne de compte. Abba Eban forgea l'expression «frontières d'Auschwitz». Mais cette image pourrait, en un tout autre sens, fonder une légitimité puisée dans les horreurs de l'Holocauste. Israël tire de l'anéantissement des Juifs, le droit impérieux de protéger ces «frontières d'Auschwitz», y compris par la menace de destruction au moyen de l'arme ultime. Cependant, l'Holocauste n'oblige catégoriquement que le monde occidental. Il est étroitement solidaire de l'antisémitisme, lequel appartient à une tradition noire de la chrétienté».(1).
Qui est Sharon?
Après une existence marquée par une lutte acharnée contre les Arabes et la traque de l'OLP, Ariel Sharon a changé de cap, une fois devenu premier ministre. Ariel Sharon, le dur des durs qui a imposé à l'extrême droite nationaliste le retrait de Ghaza, voulait se présenter une nouvelle fois devant les électeurs le 28 mars à la tête d'un nouveau parti. Ariel Sharon, né Ariel Scheinerman, voit le jour en 1928 à Kfar Malal, un village coopératif agricole, au nord de Tel-Aviv. Son père, fervent sioniste, est originaire de Brest-Litovsk en Union soviétique. Il s'est embarqué pour la Palestine en 1922. (2).
Dans cet environnement de pionniers, fondé sur l'assistance mutuelle et la solidarité où chacun cultive un lot de terre de taille équivalente. Au fil des ans, la ferme devient la plus importante du village. Ariel Sharon s'engage à 14 ans dans la Haganah, l'armée clandestine juive, Dès sa création en 1951, il dirige l'unité 101, un commando de parachutistes de l'armée israélienne créé pour mener des raids de représailles dans les pays arabes voisins, suspectés de fournir un abri aux combattants palestiniens. Très vite, ses hommes en font trop. Deux ans plus tard, ils dynamitent à l'explosif une quarantaine de maisons dans le village jordanien de Kibbya. On dénombre 69 morts civils. Cette «bavure» vaudra à Israël sa première condamnation au Conseil de sécurité des Nations unies.
En 1970, Moshe Dayan, devenu ministre de la défense, le charge de restaurer l'ordre à Ghaza. Commandant du secteur sud, il mate férocement l'agitation palestinienne. Quand un gamin lance une pierre contre une patrouille, les parents sont expulsés des territoires, lâchés dans le désert avec une gourde et un morceau de pain. En octobre 1973, lors de la guerre du Kippour, le bulldozer Sharon récidive. Général de réserve, il veut à tout prix franchir le premier le canal de Suez. C'est ce qu'il fait à la tête de sa division blindée.
Le 17 mai 1977, quand Menahem Begin devient Premier ministre, il devient ministre de l'Agriculture, en même temps que président du tout récent comité ministériel pour la colonisation. Sous sa houlette, 64 nouvelles colonies viendront s'ajouter à la vingtaine d'implantations créées par les travaillistes au cours des dix années précédentes. En 1981, Ariel Sharon devient ministre de la Défense et commence aussitôt à préparer un plan d'invasion du Liban. Son objectif secret est autrement plus ambitieux: chasser les Palestiniens du Liban vers la Jordanie dans l'espoir de faire tomber le roi Hussein; faire sortir les Syriens du Liban ; et installer à Beyrouth un gouvernement dirigé par les chrétiens maronites de Béchir Gemayel qui ferait la paix avec Israël.
Le 16 septembre 1981, les miliciens phalangistes, avides de revanche, pénètrent dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila, dont l'armée israélienne contrôle les accès. En trente heures, plus de 800 civils, hommes, femmes et enfants, sont massacrés sous les yeux de l'armée israélienne qui n'intervient pas. Il n'y eut pas de protestation de la communauté internationale. Plus d'une centaine de résolutions condamnant Israël n'ont jamais vu un début d'exécution suite au veto inconditionnel des Etats-Unis. Nous savons comment une seule résolution, la 1559, est en train de démolir les fondements institutionnels d'un pays, en permettant à un vulgaire petit juge «épaulé par le conseil de sécurité » d'interpeller le président Bachar El Assad.
Une commission d'enquête israélienne dénonce la «responsabilité indirecte» d'Ariel Sharon. Cela ne l'a pas empêché de revenir en politique. Le 28 septembre 2000, fidèle à sa manière, Ariel Sharon, qui s'est imposé à la tête du Likoud, effectue une visite au mont du Temple, sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem. En février 2001, à 72 ans révolus, il trouve au fond des urnes la consécration tant attendue.
Le départ d'Ariel Sharon pourrait semer la zizanie dans la classe politique israélienne L'état de santé du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, hospitalisé depuis mercredi soir, après une grave hémorragie cérébrale, suscite de nombreuses inquiétudes. Son décès ou son incapacité à exercer ses fonctions pourrait modifier entièrement le paysage politique israélien, et emporter aussi l'espoir de mettre fin à des décennies de conflit avec les Palestiniens.
Beaucoup se demandent si le «recentrage» de la politique israélienne opéré par le chef de l'Etat hébreu il y a quelques semaines, après la création d'un nouveau parti politique, Kadima, ne sera pas remis en cause. Il y a encore quelques jours, Ariel Sharon était assuré de remporter les élections législatives du 28 mars, les sondages le créditant d'une quarantaine de sièges sur 120. Ce parti était celui d'un seul homme et Kadima se retrouve à présent comme orphelin.(3).
La Palestine abandonnée
Dans un article magistral, Alain Gresh a tracé d'une façon limpide la situation actuelle des Palestiniens, victimes à la fois de leurs dirigeants et de l'indifférence de l'Europe qui était le dernier avocat de la raison et de la justice. Ecoutons-le: «Subtilement, insensiblement, au cours des dernières années, dirigeants mais aussi médias européens ont changé leur manière d'aborder le drame de la Palestine et la solution du conflit israélo-palestinien. Durant tout ce que l'on a nommé le «processus d'Oslo», il était clair que la solution passait par une négociation d'ensemble fondée sur un retrait des troupes israéliennes des territoires occupés en 1967, y compris la partie Est de Jérusalem, l'établissement de frontières durables entre l'Etat palestinien et Israël, et une solution acceptable pour les réfugiés palestiniens. Les négociations de Camp David (juillet 2000) comme celles de Taba (janvier 2001) portaient sur ces contentieux. Alain Gresh: La Palestine abandonnée, Le Monde Diplomatique, janvier 2006
L'éclatement de la seconde Intifada, fin septembre 2000, provoqué par Sharon venu avec ostentation se promener sur l'esplanade des Mosquées malgré les réticences de Ehoud Barak, la répression sanglante mise en oeuvre par l'armée israélienne dès les premiers jours - des mois avant les premiers attentats-suicide -, l'escalade de la violence, l'élection de M.Ariel Sharon au poste de premier ministre, la multiplication des attentats contre des civils israéliens, puis la reprise du contrôle total par l'armée israélienne des territoires occupés ont ponctué les dernières années.
«Pourtant, du point de vue du droit international, et quelle que soit l'appréciation que l'on puisse avoir sur la stratégie et de la tactique de l'Autorité palestinienne, les problèmes de base demeurent: la Cisjordanie, Ghaza et Jérusalem-Est restent des territoires occupés, Israël reste une puissance occupante, et la création d'un Etat palestinien indépendant reste la clef de la paix. (5).
Pourtant, à lire les déclarations des dirigeants européens, à suivre les actualités répercutées par les médias, on constate un renversement de perspective: désormais c'est aux Palestiniens, c'est-à-dire aux occupés, de faire la preuve de leur bonne volonté.
L'évacuation de la bande de Ghaza durant l'été 2005 a représenté, de ce point de vue, un autre exemple édifiant. Pendant des semaines, les médias internationaux ont braqué leurs projecteurs sur les quelques milliers de colons évacués, s'étendant sur leur souffrance comme sur les pleurs des soldats chargés de les évacuer. Peu de journalistes ont rappelé que la «colonisation» représente, selon les normes de la Cour pénale internationale, un crime de guerre. Que nombre de ces colons sont des fanatiques prêts à faire le coup de feu contre les civils palestiniens. Que des dizaines de milliers de Palestiniens de Ghaza ont été déplacés au cours de ces dernières années, sans que cela soulève la moindre émotion en Occident. Pis, l'évacuation de Ghaza a été présentée comme un «geste» significatif de M.Ariel Sharon. Elle lui a permis de renforcer son crédit aux Etats-Unis et en Europe, et lui a ouvert les portes d'une visite officielle, en grande pompe, en France. Pourtant, comme le rappellent les Nations unies, Ghaza reste un territoire occupé, les troupes israéliennes y opèrent de nombreuses incursions - le gouvernement israélien vient même de décider d'installer une « zone de sécurité » sur le territoire palestinien, en évacuant une partie de la population... La menace de couper l'électricité pour toute la bande de Ghaza constitue aussi une punition collective, contraire aux Conventions de Genève». (5).
«M.Moustapha Barghouti, candidat ayant obtenu environ 20% de suffrages à l'élection du président de l'Autorité palestinienne, en janvier 2005, face à M.Mahmoud Abbas, a publié récemment un article intitulé «La vérité que vous n'entendez pas» (4). Il y fait le bilan de la situation sur le terrain, en Cisjordanie et à Ghaza, «La population totale des colons (...) est désormais de 436.000: 190.000 à Jérusalem et 246.000 en Cisjordanie. Seulement 8475, soit 2% de ce total, de colons illégaux ont été évacués de Ghaza et de la région de Jénine. Durant la même période, la population des colonies de Cisjordanie a augmenté massivement de 15.800.»
«Il raconte aussi la vie quotidienne imposée par le mur de séparation, qui entoure complètement une ville comme Qalqiya, avec une seule porte dont les soldats israéliens ont la clé. «Et les consuls européens à Jérusalem soulignent que «les actions d'Israël à Jérusalem sont en violation de ses engagements envers la Feuille de route et du droit international». Résultat de ces constats? L'Union européenne a décidé, courageusement, de ne pas publier ce rapport»... Les appels à la démocratisation de l'Autorité palestinienne apparaissent aussi vides de sens. Lors de l'élection présidentielle de janvier 2005, il était clair que l'Union européenne ne voulait qu'un vainqueur, M.Mahmoud Abbas: les nombreuses pressions exercées par le Fatah sur la commission électorale ne furent donc pas dénoncées par les observateurs internationaux ni relayées par les médias (5). Désormais, M.Javier Solana, haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), menace l'Autorité palestinienne de lui retirer le soutien de Bruxelles, en cas de victoire de Hamas au scrutin de janvier 2006. En somme, l'Europe des Vingt-Cinq accepte les élections à la condition que les candidats qu'elle préfère soient élus...
En définitive, la santé d'Ariel Sharon qui semble tant préoccuper l'Occident est surtout indexée sur l'inconnu ouvert par son départ éventuel on dit qu'il ne pourra plus exercer ses fonctions. Ce n'est certainement pas la santé du peuple palestinien qui souffre depuis bientôt un siècle pour une faute de l'Occident et qui intéresse ce dernier. L'Europe et les Etats-Unis ont une curieuse conception de la démocratie. Ils veulent imposer démocratiquement leur poulain qui ne doit surtout pas réunir spirituellement, puisque le temporel des Palestiniens est derrière eux. Ce peuple qui accepte de vivre sur les 22% de sa terre voit cette perspective définitivement aux oubliettes. La feuille de route est morte. Comment traiter des Palestiniens qui luttent pour libérer leur terre? Sont-ce des patriotes ou des terroristes tel que le martèlent Sharon, Bush et depuis peu, l'Europe. Il n'y a guère que les Arabes à les traiter de patriotes; on sait ce que pèsent les Arabes sur l'échiquier mondial. Quel que soit le gouvernement qui viendra, un tyran peut en cacher un autre... le sort des Palestiniens est scellé.
1.Dan Diner: Les trois légitimités d'Israël traduit de l'allemand par Denis Thouard Le Monde 18 Août 2002.
2. François d'Alançon: Un homme d'action, solitaire et imprévisible. Journal La Croix le 5.01.2006
3. Krystell Lebrun Israël : L'avenir sans Sharon... L'express 5 janvier 2006.
4. Moustapha Barghouti: «The truth you don't hear», Al-Ahram Weekly, Le Caire, 1er-7 décembre 2005.
5. Alain Gresh : La Palestine abandonnée Le Monde Diplomatique Janvier 2006.


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