Bachir Larabi, en grève de la faim pour le quatrième jour consécutif, risque gros sous les verrous puisque son état de santé est en détérioration constante. L'affaire du correspondant du quotidien arabophone El Khabar à El bayadh, Bachir Larabi, emprisonné à Aïn Sefra (wilaya de Naâma) pour, dit-on, une «affaire de diffamation», relance la controverse sur la liberté de la presse en Algérie. Le climat s'électrifie de plus en plus et la tendance est à l'indignation. Le journaliste Bachir Larabi, en grève de la faim pour le quatrième jour consécutif, risque gros, puisque son état de santé est en détérioration constante. Pour rappel, l'arrestation de notre confrère, rapporte El Khabar, fait suite «à un mandat d'amener lancé contre lui par le tribunal de Naama qui l'a jugé par défaut, le 29 septembre 2005, à une peine d'un mois de prison». L'affaire Bachir Larabi est liée à une enquête publiée dans les colonnes de son journal El Khabar sur les «dépassements dans le dossier Dar Errahma de Naâma» où le wali et une autre personne semblent être impliqués. Au-delà de cette affaire, un débat s'impose sur la liberté de la presse en Algérie afin de mettre les choses au clair. Car, décidément, le journaliste algérien est vu comme étant un ennemi sur un terrain livré aux confusions et aux spéculations, en l'absence d'un vrai débat entre les professionnels du métier tout d'abord, et, ensuite, avec les pouvoirs publics. La mesure phare à l'origine de l'incompréhension devra se retrouver aussi au coeur des controverses. Il s'agit du code pénal relatif à la répression de la diffamation, de l'offense et de l'injure, modifié en 2001. Car, souvent, la réalité n'est guère synonyme de diffamation. C'est un objectif qui doit impérativement figurer dans l'agenda des réformes, lancées en grande pompe par la justice algérienne. Ça pourrait constituer également une réconciliation pour un couple malade qui ne cesse, au fil des années, de se regarder en chiens de faïence. Une nouvelle ère pour la presse algérienne? C'est possible, à condition de se pencher sur les vrais problèmes de la profession, sur l'éthique et la déontologie, le rôle du journaliste et son droit etc. Plein de questions qui demeurent sans réponse, en l'absence d'une concertation et d'un vrai débat. Une chose est sûre, le climat devra se détendre pour laisser place au professionnalisme du côté de la presse, à la transparence de la part des autorités, mais aussi au droit de savoir côté lecteur. Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de la promotion et de la protection des droits de l'homme, se réclame, lors d'une précédente sortie médiatique, fervent défenseur de l'idée de ne pas jeter des journalistes en prison. A ce propos, il a laissé entendre que son instance a introduit plusieurs rapports auprès de la présidence de la République pour mettre fin à cette pratique. Du côté de l'autre rive, «les journalistes de leur côté ne doivent pas verser dans la diffamation et les insultes», a-t-il conditionné. Des médias indépendants, libres et pluralistes ont un rôle crucial à jouer dans la bonne gouvernance des sociétés démocratiques, en favorisant la transparence et la responsabilité politique, en promouvant la participation et la primauté du droit et en contribuant à la lutte contre les fléaux. L'heure est venue donc pour tenir la barre des deux côtés afin qu'elle soit bien équilibrée. 150 journalistes ont trouvé la mort à travers le monde durant l'année écoulée. Décidément, c'est, sans doute, un lourd tribut qui s'ajoute à celui de ceux tombés au champ d'honneur en Algérie. Dans la journée d'hier, des déclarations de soutien au journaliste Bachir Larabi sont adressées à notre rédaction. Le collectif des journalistes de Constantine, dans un communiqué diffusé hier, se dit «joint à toute la corporation pour dénoncer cette escalade et exiger la libération immédiate de bachir Larabi ». Mêmes sentiments de solidarité émis de la part du Mouvement démocratique et social (Mds) et de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh). Du coté de la presse, le professionnalisme s'impose avec acuité ainsi qu'un vrai débat sur la profession.