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Si-Mohand revient...
Symbole de la douleur de tout un peuple
Publié dans L'Expression le 08 - 03 - 2020

Empêchée de s'exprimer lors du 1er Festival culturel panafricain, qui s'est tenu à Alger en 1969, au même titre que Myriam Makeba et Nina Simone, la grande interprète et romancière Marguerite-Taos Amrouche se serait écriée: «Trop tard! «Ils» peuvent faire ce qu'»ils» veulent! L'inventaire a déjà été fait.»
Elle parlait évidemment du patrimoine culturel berbère, longtemps marginalisé, écrasé, méprisé ou combattu jusqu'à son interdiction par les diverses cultures conquérantes étrangères. Depuis cette époque mémorable où l'homme aurait posé le pied sur la Lune, beaucoup de sang et d'eau ont coulé sur cette terre. La situation géopolitique et la lutte de deux générations de chercheurs, d'enseignants, d'artistes et de militants ont permis à la culture berbère d'évoluer et de se frayer un chemin au prix de grands sacrifices: romans, poèmes, chants, pièces de théâtre et films ont tenté de faire entendre au monde la voix étouffée d'une communauté handicapée par l'oralité. Dans ce riche patrimoine, une voix, une silhouette émerge: celle de Si-Mohand Ou M'hand N'ath Ahmadouche. Ce personnage incontournable de la culture kabyle revient de la légende qui lui a été construite dans un portrait riche, tout en nuances, ciselé par un réalisateur expérimenté dont la maturité explose dans la finesse des tableaux qui forment la fresque épique du poète itinérant. Il n'est pas besoin de présenter Ali Mouzaoui, réalisateur qui s'est illustré par une série de films dédiés à la lutte séculaire du peuple algérien pour la sauvegarde et la perpétuation de sa culture: «Début de saison», «Mon double, mon autre moi-même», «Mouloud Feraoun», «Les Ramiers blancs», «Mimezran», «Je suis chrétien», «Dda Lmulud»...
Le portrait du poète kabyle
Il faut, avant-tout, rappeler ici, la cohérence du propos d'Ali Mouzaoui: après s'être intéressé à Mouloud Feraoun et à Mouloud Mammeri qui se sont eux-mêmes penchés sur l'oeuvre et le personnage de Si-Mohand avec un regard différent, il est logique que ce réalisateur, formé à la RTA, rue Berlioz et en ex-Urss complète le portrait du poète kabyle et le livre au public sous la forme d'un film en couleur qui a nécessité plus d'une année de travail dans des conditions bien difficiles. Habité par ce projet depuis fort longtemps, après des échanges fructueux avec Mouloud Mammeri, Ali Mouzaoui a dû garder et promener son scénario pendant trois décennies...
Il faut dire que la réalisation d'un film n'est pas chose aisée dans un pays où le moindre projet d'oeuvre culturelle éveille la curiosité et la suspicion d'une armada de vigiles embusqués dans le maquis bureaucratique.
Le premier obstacle est assurément la commission: cet examen, Ali Mouzaoui le franchira avec brio grâce à la bonne foi des lecteurs aux noms prestigieux. Il aura alors à trouver un producteur avisé, qui saura tendre sa sébile aux ordonnateurs institutionnels et aux sponsors avisés qui seront sensibles à ses arguments...
Une oeuvre magistrale
C'est une véritable odyssée. Grâce à son obstination et à son bon sens, Ali Mouzaoui a su éviter tous les Charybde et les Scylla et tous les chants des sirènes, mais il lui restera à affronter la réalité du terrain: repérage des lieux, formation d'une équipe, la mise en route d'une logistique nécessaire pour la réalisation du projet.
Il ne lui restera qu'à prier pour que neige, pluie et soleil soient au rendez-vous. Ayant eu le privilège de visionner la copie de travail du film sur Si-Mohand sans musique, sans ambiances (le film étant actuellement au stade de la post-production), j'ai pu constater avec bonheur que le réalisateur à su pallier à la modestie du budget alloué par les institutions compétentes, par un talent exceptionnel servi par une parfaite connaissance de la culture berbère et un don inné de la narration.
Les séquences s'enchaînaient harmonieusement avec fluidité: les scènes d'actions alternant avec les scènes intimistes, illustrant la logique et le don de conteur du réalisateur. Elles peignent avec précision l'atmosphère qui prévalait à l'heure de la colonisation.
Quand les structures sociales, les traditions et les solidarités s'effilochaient... Le casting perspicace sert admirablement des personnes hautes en couleur. Bien que la plupart soient des amateurs, les comédiens ont bénéficié d'une direction d'acteurs maîtrisée, rigoureuse, épargnant aux spectateurs les tics éculés des productions traditionelles.
Les dialogues épousent fidèlement la langue poétique de Si-Mohand, offrant à l'occasion, un florilège de poèmes de l'exil d'Icheriaoune, dans des paysages grandioses de la Haute Kabylie ou des plaines du littoral dans des costumes fidèles aux couleurs chatoyantes du territoire. Ils ne confinent nullement à la reconstitution historique, mais placent justement chaque personnage dans sa niche sociale. Traumatisé par la défaite de 1857, anéanti par la déroute de 1871, Si Mohand tourne le dos à la religion qui l'a formé et à la famille qui l'a renié pour mener une vie d'errance sur les chemins empruntés déjà par la diaspora kabyle.
De Tissemsilt à Tunis, en passant par la Mitidja, le Sebaou et Michelet, Si-Mohand promènera pieds nus sa pipe et son burnous, tout en semant un parler kabyle paré de formules originales et inoubliables à la grande joie des exilés qui trouveront dans les intonations familières du terroir les senteurs d'une terre qui ne colle plus aux semelles de leurs souliers. Sur cet interminable parcours, on pourra apprécier une série de personnages croqués adroitement par Ali Mouzaoui: des révoltés, des rapaces, des généreux, des hédonistes, des riches et des miséreux, sans oublier la femme kabyle qui occupe une place centrale. Elle est et sera toujours la gardienne des traditions et de la dignité. C'est elle qui stimulera l'ardeur guerrière des résistants vaincus. De scènes de guerre, en scènes intimes, le film trouvera son apogée dans la rencontre des deux pôles de la société kabyle d'alors: Si-Mohand et Cheikh Mohand auxquels Mouloud Mammeri a consacré deux ouvrages. Enfin, le film aura le mérite d'illustrer les tribulations du poète par les Isefra, qui expriment la volonté, la foi, l'amour, la désillusion et les coups du sort vécus par Si-Mohand.
En attendant Boulifa
Cette oeuvre magistrale est servie par une photographie admirable digne des peintres flamands dans les scènes intimistes. Chemseddine Touzène a su ainsi restituer les ambiances d'un passé lointain comme Ali Mouzaoui a su donner une densité biblique à certaines séquences (Cheikh Mohand, à l'hôpital de Michelet).
Il ne faut pas oublier le travail patient et précis de Nassim Hamiche qui, d'une touche experte, a donné au film un rythme attachant.
Ali Mouzaoui aura réalisé là, une oeuvre qui ajoutera une facette inconnue au personnage de Si-Mohand. Espérons qu'elle sera suivie par d'autres réalisations qui effaceront les clichés légués par la marginalisation de la culture kabyle.
Pourquoi pas un portrait de Boulifa par exemple, qui est interprété dans le film par un personnage truculent?
Salim M'SILI


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