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Les ex-camps de l'AIS
Qu'en reste-t-il ? CONCORDE CIVILE : AN II
Publié dans L'Expression le 13 - 01 - 2002

Les trévistes de Médéa, comme ceux de Jijel, de Tahir, d'El-Aouana, de Larbaâ, de Relizane et de Chlef, essayent de regagner la société, de s'y réinsérer, doucement, sur la pointe des pieds. Certains, très rares, agissent avec arrogance, mais ont vite fait de rabaisser leur caquet.
Au départ, il y avait l'idée de voir où en était la paix chez nous. Ou la guerre. A partir d'Alger, le terrain est déblayé. Abdelkader Boukhamkham, un des derniers «fondateurs légalistes» de l'ex-FIS insiste. A l'autre bout du fil, Madani Mezrag s'agite. Le congrès de l'AIS? «Il n'y a pas de congrès ! Un conclave pour le 13 janvier? Pure spéculation de journalistes». Un entretien avec...? «Non, je refuse de parler, du moins pour le moment.» Même son de cloche chez Ahmed Benaïcha, qui préfère différer l'entretien pour après le 13 janvier, afin de dégager une vision claire des choses. Mustapha Kebir, le frère de Rabah, chef des trévises de Collo, hésite. «Je préfère temporiser, voir, et plus tard, peut-être...»
A Jijel, les trois centres qui regroupaient le gros de trévistes, à savoir, le Centre de formation professionnelle d'El Aouana, à quelque 20 km à l'Ouest de la ville, le centre de Jijel, actuellement INFP et l'auberge de jeunes de Tahir avaient réuni, jusqu'à tout récemment, des centaines d'éléments de l'AIS, auxquels se sont joints quelques séparatistes du GIA. A Mila et Collo aussi, les trévistes se sont entassés dans ces camps de fortune pour récupérer des attestations d'amnistie, document interdisant théoriquement toute poursuite judiciaire contre son détenteur. Tous ces centres sont aujourd'hui destinés à la formation ou à autre chose. Le passage des trévistes a été vite oublié.
Loin des spéculateurs des salles de rédaction qui le donnaient pour organisateur d'un congrès AIS «grandeur nature» ou parti en Arabie Saoudite, Madani Mezrag, émir national de l'ex-AIS, vit entre son magasin de torréfaction de café, sa Golf verte et la mosquée de Ouled Bounar, où il accomplit ses prières le vendredi. Sa maison, à Kaous, à 10 km de la ville, est le pôle d'attraction de «visites incessantes».
A deux cents kilomètres à l'Ouest de Jijel, Mustapha Kertali se mure dans un silence profond. La rue qui porte le nom de ses aïeux, en plein centre-ville, vous rappelle que vous êtes dans sa «réserve naturelle». Ses prières, il les accomplit à la mosquée Hamza, à la sortie-est de la ville, mais avant de l'atteindre, vous êtes vite repéré par ses amis.
La prépondérance de «l'hadj» Mustapha réside dans le fait qu'il reste encore très influent chez ses ex-éléments, qui pullulent à Djibalo, El Qaria et à Bougera. Demandez à n'importe qui de ses fidèles pourquoi il y a encore des incursions terroristes à Larbaâ, et il vous répondra ceci: «Ce sont les hommes du GIA qui essayent de nous provoquer, de nous inciter, peut-être, à les rejoindre dans les maquis environnants. Kertali nous demande d'être prudents et vigilants et ne pas répondre aux provocations.»
Dans son quartier d'El-Fahs, Kertali vous accueille les bras ouverts, mais ne répondra à aucune de vos questions. Heureusement, à 80 km plus loin, en allant vers la Mitidja, Ali Benhadjar est plus prolixe. A partir de l'ancienne placette de Médéa, vous pouvez suivre
l'odeur des herbes médicinales que dégage son herboristerie, pour vous retrouver en face de l'homme dont la tête fut mise à prix par Djamel Zitouni, puis par Antar Zouabri, furieux, de voir cet ancien directeur d'école faire scission avec le GIA, créer son propre mouvement, la Lidd, et s'implanter au coeur même de Médéa, à Tamezguida, à la tête de ses hommes, et, comble de tout, leur déclarer la guerre (c'est le groupe de Benhadjar qui avait tendu l'embuscade dans laquelle fut tué Djamel Zitouni).
Les trévistes de Médéa, comme ceux de Jijel, de Tahir, d'El-Aouana, de Larbaâ, de Relizane et de Chlef, essayent de regagner la société, de s'y réinsérer, doucement, sur la pointe des pieds. Certains, très rares, agissent avec arrogance, mais ont vite fait de rabaisser le caquet. L'imbroglio existe. Ces effectifs, des milliers de jeunes attendent, mais quoi ? Rêvent-ils de reprendre les armes? Se sentent-ils dociles, «émasculés» depuis qu'ils ont choisi de déposer les armes? Peuvent-ils (re) vivre en harmonie avec une société qu'ils avaient rejetée, refusée, excommuniée?
C'est à El-Qaria que ces questions se posent avec le plus de virulence. Ce quartier est construit au piémont des collines de Djibalo. C'est une sorte de Casbah enclavée en contre-bas des monts de Djibalo, qui formait l'ex-fief de l'AIS du centre.
A 30 minutes d'Alger, vous êtes ici dans le quartier de l'AIS par excellence. En fait, El-Qaria, c'est un peu Kaboul en miniature.
Mais attention, dès votre arrivée à Tabrent, vous entrez dans la cinquième dimension. Ici, c'est nulle part. Les routes sont coupées et l'accès interdit, surveillé 24 sur 24 par un détachement militaire. Si vous allez à droite, vous êtes dans El-Qaria, le village des trévistes du centre du pays, les hommes de l'Hadj Mustapha Kertali. Long gilet marron ou gris, à «l'afghane», pantalon court, à hauteur des mollets, baskets et chaussettes, pour aller vite, chèches et bonnets à l'appui. Toute la panoplie de l'équipement «made in Afghanistan» vous fait face, et c'est l'accoutrement permanent de dizaines de jeunes barbus de 18 ou 20 ans, jetés, tête la première, dans des jeux politico-théologiques inextricables. Ici, on les appelle les «salafiyyine».
El-Qaria, c'est Kaboul,petit format, moins la burka.
Le hidjab est plus prisé, sans le niqab. On déambule dans les ruelles et l'on constate l'étendue, l'ampleur des différences qui éloignent ces gens de ceux «d'en-bas», au centre de Larbaâ, à moins de 500 mètres de distance. Entre Larbaâ et El-Qaria, il y a le marché «T'înâ», sorte de zone-franche, propice au commerce. On trouve ici la quasi-majorité des trévistes qui vendent, à même le sol, babioles, épices, vêtements, légumes, etc. La réinsertion ne se fait pas facilement. Rares sont ceux qui ont pu faire démarrer un commerce décent ou une boutique de n'importe quoi. Sans l'aide de la famille, ces dizaines de jeunes tourneraient à vide, à sec.
De temps en temps, les groupes des GIA viennent les provoquer. Histoire de leur dire de monter, de reprendre les maquis. Cela s'est produit deux fois durant le Ramadan dernier. Une bombe a été désamorcée in-extremis dans la mosquée El-Ishah, puis un attentat, à la périphérie de la ville, a fait quatre morts, le 21 novembre 2001.
Au-delà d'El-Qaria, en haut, des maisons abandonnées, des mansardes de fortune et des bicoques de misère délaissées par leurs propriétaires. C'est le no man's land. Le va-et-vient silencieux et résigné des jeunes d'El Qaria bat à une cadence semblable au tic-tac d'une bombe à retardement.


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