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«J'écris, donc je suis»
Mohamed-Nadhir Sebaâ (écrivain)
Publié dans L'Expression le 19 - 08 - 2020

L'Expression: La majorité de vos romans est imprégnée de vos propres expériences dans la vie et vous réussissez toujours, avec brio, à leur conférer un habillage romanesque qui leur donne l'air d'être des fictions, comment parvenez-vous à réaliser cet exploit littéraire?
Mohamed-Nadhir Sebaâ: Toute autobiographie est une inconsciente projection maquillée de fictions, d'images, de métaphores... Le seul exploit est la revisite et la fouille des méandres de sa mémoire pour en extirper cette substantifique moëlle créatrice, faite de souvenirs, de peines, de souffrances, mais aussi de voyages, de rencontres, d'amour, de joies multiples et d'espoir... Ce qui constitue l'expérience de tout homme. «Humeurs de destin», «Le vent ne souffle pas au gré des navires», «Témoin des ombres» (inédit) sont ce triptyque fait de fragments de vie que seul l'enfance, encore présente en moi, l'amour nostalgique savent réaliser et tisser des rapports chronologiques entre des évènements ayant jalonné une partie de mon existence.....
Vous avez eu une enfance difficile que vous décrivez dans vos romans, notamment dans «Le vent ne souffle pas au gré des navires», est-ce que cela a été pour quelque chose dans votre éclosion littéraire?
L'orphelin se voit porteur d'une double, injuste oppression: innocence et différence, éléments qui rendent vulnérable leur porteur... L'orphelin, surtout en bas âge, apprend à regarder le monde des adultes avec méfiance, à réfléchir, à établir des rapports entre sa situation et celle des autres enfants et jeunes «normaux», à mûrir précocement pour devenir ce «témoin» silencieux et refoulé d'un monde dont il est exclu... Ce qui donne le branle à l'interrogation, l'observation, l'imagination créatrice qui découle d'un certain trouble émotif, généralement désigné du nom d'inspiration.
Je ne songe pas à refuser à l'orphelin le rôle éminent qui lui est dévolu dans la genèse du déroulement narratif et linéaire d'une vie trépidante et parfois cruelle.
Dans vos oeuvres vous faites référence à de nombreux écrivains et romanciers vous ayant marqué, pouvez-vous nous en parler?
J'ai eu le grand bonheur et le plaisir de découvrir un certain nombre d'écrivains, d'artistes, de poètes et philosophes par la lecture, l'étude et la recherche...
J'ai eu la chance et l'honneur d'en découvrir d'autres, cette fois par la rencontre, le contact direct, l'amitié, suivis d'échanges épistolaires constants, durant de nombreuses années. À ne citer à titre d'exemple Kateb Yacine, Tahar Djaout (mes chroniques sur l'hebdomadaire «Ruptures»), H.Tengour, R.Stamboli, R.Mimouni, Tassadit Yacine, Fatma Tilikete, Chabane Ouahioune, Issiakhem, R.Boudjedra, T.Ouettar, Yamina Mechakra, A.Khodja, A.Lounès, J.Déjeux, M.Bois, Jeannine Burny, Simone Dreyfus, N.Aba, A.Djelfaoui, L.Mokrani, Aminata Sow Fall, P.Ferrua, Ughetto,A. Aydoun. A.Djeddidi.. etc...
C'était l'époque faste de la littérature en Algérie, n'est-ce pas?
Oui, nous vivions alors une époque de belle grande fermentation culturelle...Je me plus à intituler ces amitiés et échanges initiatiques «Lettres de ses ami (e)s», compilation de 367 lettres...malheureusement jaunies aujourd'hui par le temps...
Pouvez-vous nous parler de votre expérience dans le monde de l'édition, vous qui avez eu la chance d'avoir été édité par les éditeurs publics de l'époque?
L'Enal (ex-Sned) était une Entreprise nationale du livre, très compétitive au niveau international de par ses nombreuses publications et promotion des ouvrages dont elle avait la charge. Son grand atout: une commission de lecture constituée d'illustres écrivains (Kateb, Ouahioune, Chikh, Bouamrane...etc.).
Sa préoccupation consistait à se perfectionner par un label qualité et un rapport écrivain- lecteurs. Régulièrement prise d'assaut par une armée de gens de diverses professions, seuls les plus talentueux auront le droit à un nom.
Les rédacteurs et rewriters ployaient littéralement sous le flot incessant de manuscrits. À titre d'exemple et entre 1976-1986, L'Enal réceptionne un grand nombre de manuscrits dans des genres et directions diverses offrant un très riche panorama des caractères et des couches sociales avec 78 nouveaux romanciers et 54 poètes jugés performants. C'était la meilleure méthode de séparer le futur bon écrivain et poète de l'essayiste improvisateur brouillon. L'Enal-rendons-lui grâce- a été derrière la découverte et la propulsion de nombreux écrivains, leur accompagnement promotionnel lors des salons littéraires et des concours internationaux.: T.Djaout, Mimouni, A.Aroua, A.El Hammamy, A.Lounès, A.Mechakra, R.Boudjedra, T.Ouettar, W.Laredj, H.Tengour, A.Laghwati, R.Belamri, N.Sebaâ, C.Ouahioune, A.Djebar, W.Bouzar, K.Benamara, A.Khodja. R.Ziani, H.Bouzaher....
Vous avez connu et côtoyé des auteurs comme Kateb Yacine et d'autres, pouvez-vous nous en parler?
J'ai connu Kateb Yacine alors qu'il habitait au C.F de Ben Aknoun. Je lui avais proposé par lettre, de reprendre ses écrits éparpillés pour en faire une oeuvre. En fait, il avait déjà en tête ce projet, encouragé par Jacqueline Arnaud. Cela donnera plus tard «L'oeuvre en fragments», l'autre «Nedjma» en vers.
L'acte d'écrire des romans est-il une thérapie pour vous ou bien que représente-t-il à vos yeux?
Ecrire pour moi est non seulement un exutoire grâce à Dieu, mais une raison d'être. Ecrire pour moi, c'est me définir, donner un sens à mon existence par l'amour, la paix, l'entraide, la solidarité qui me rapprochent de mes semblables humains aux différentes races, cultures et religions... J'écris, donc je suis... Cet écrivain «permutationnel» à reprendre Abraham Moles et qu'à présent j adopte aussi.
De nombreux observateurs sont sceptiques quant à l'avenir de la littérature dans notre pays à cause de la baisse de l'intérêt porté au roman et à la poésie, surtout avec la généralisation d'Internet, quel est votre avis sur cette question?
Dure et douloureuse cohabitation imposée par les «machins-techno». Roman classique avec toute sa magie-création et écriture intuitive plate et sans saveur. Roman pétri d'amour et de chaleur contre roman invisible et non palpable. Littérature à l'ère de la diffusion électronique et l'avènement du numérique et son leitmotiv «toujours plus haut; toujours plus fort; toujours plus loin; toujours plus vite». Dans ce combat combien déloyal, la bonne petite littérature, celle produite par des coeurs chauds et des âmes vives doit se maintenir face à l'internet par son rayonnement dans le monde, d'où le rôle et l'implication des maisons d'édition et des écrivains dans le traitement de thèmes suggestifs et profonds, la révision des formats et jaquettes, les coûts, mais aussi sa capacité à conserver une pensée originale et une culture spécifique qui invitent toujours au rêve et à l'évasion... Le combat est donc sur trois fronts, face à l ‘accroissement des messages audiovisuels et l'invitation des utilisateurs à se reconvertir et s'orienter vers le livre numérique...
De tous les romanciers et écrivains que vous avez lus, lequel serait votre compagnon si vous deviez ne lire qu'un seul auteur ?
Le romancier-poète lambda, inaperçu d'Afrique, du Maghreb, d'Amérique latine, d'Asie, loin des sunlights et du brouhaha médiatique et dont le roman, le recueil de poèmes peine à paraitre...Celui-là peut être mon compagnon... Il y a dans le monde d'authentiques écrivains non médiatisés, qui meurent écrivaillons...tandis que certains vulgaires écrivaillons plagiaires, car médiatisés, deviennent grands écrivains...
D'après vous, quelle est l'élément le plus important dans l'écriture d'un roman?
A mon humble avis, l'élément le plus important dans l'écriture d'un roman reste le facteur psychologique et émotionnel. Toute création suppose à l'origine une sorte de motivation que fait naître l'avant-goût de la découverte. Cet avant-goût de l'acte créateur (à reprendre Honegger) «accompagne l'intuition d'une inconnue déjà possédée, mais non encore intelligible».


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