L'Expression: L'Algérie a entamé le 6e mois de lutte contre le coronavirus. Le nombre de nouveaux cas contaminés est en baisse depuis le 29 juillet dernier. Presque un mois est passé et les chiffres sont toujours en baisse. Quelle lecture peut-on faire sur ces statistiques? Docteur Bekkat Berkani : Après avoir dépasser la barre des 650 cas par jour, les chiffres sont repartis à la baisse, et ce, depuis le 29 juillet dernier, journée durant laquelle l'Algérie avait recensé 614 cas. Les derniers bilans attestent globalement que les cas de contamination poursuivent leur baisse. Cette dernière est significative. Elle est synonyme de maîtrise de la situation épidémiologique, car, la tendance baissière a duré depuis près d'un mois. Les statistiques sont encourageantes. La diminution du nombre de l'ensemble des cas touchés par le Covid-19 est due au contrôle de la situation grâce aux mesures préventives prises par les autorités locales. Elle est due surtout à la prise de conscience de la part de la population. Car, scientifiquement parlant, la durée d'incubation du coronavirus est de 15 jours et nous sommes, à un peu plus d'un mois de la fête de l'Aïd El Adha, un rendez-vous qui était tant redouté par les spécialistes, à raison de nos traditions: visites familiales et embrassades. Ainsi, l'on peut dire que le défi de l'Aïd El Adha a été relevé par les Algériens. Donc, selon vos dires, faudra-t-il attendre 15 jours, après la date de réouverture des plages, des mosquées, des restaurants et centres de loisirs, (le 15 du mois en cours) pour être fixé sur le niveau de conscience des Algériens quant au respect des gestes barrières? Il est encore tôt de parler de chiffres liés à la réouverture des espaces précités, puisque tout reste envisageable. En effet, l'élimination définitive du Covid-19 est encore loin dans le pays, comme dans le monde entier. Il faudra attendre au minimum une quinzaine de jours, c'est-à-dire jusqu'au 31 août, pour être fixé avec exactitude et voir si la population a dans l'ensemble respecté les mesures préventives obligatoires. En parlant du déconfinement des espaces précités, celui-ci avance avec prudence. Le gouvernement veut éviter qu'il se transforme en cluster et/ou en foyers épidémiques. La population, elle, «ne veut pas visiblement retourner au confinement mal vécu». D'ailleurs, on peut le remarquer avec son respect des gestes barrières. Toutefois, on ne peut pas parler de virus et vacances sans omettre le relâchement et la négligence de certains citoyens qui ne respectent rien à l'exemple de ceux qui continuent leur «soirée chicha», en groupe dans les quartiers et plages, comme si... on était au bon vieux temps! Selon le cas, quelles mesures envisagez-vous de mettre en place au-delà du 31 août prochain? Si la tendance baissière se poursuit, le gouvernement pourrait alléger encore plus le confinement. Dans le cas contraire, j'en profite pour souligner que le Comité scientifique pour le suivi de l'épidémie de Covid-19 n'écarte pas la possibilité d'une recrudescence de l'épidémie. Et nous prévoyons de proposer dans ce cas, des mesures qui vont se faire, à l'instar, du durcissement des horaires du couvre-feu. Vous avez évoqué la possibilité d'augmenter les horaires du couvre-feu. Concernant celui qui est en cours, (instauré de 6h à 23 h) certains citoyens pensent qu'il aurait dû tout simplement être supprimé. Qu'avez-vous à dire à ce propos? Le maintien des horaires du couvre-feu est là pour dire indirectement à la population que le virus rôde toujours. Quoiqu'il en soit, il faudra rester prudent, continuer à coexister avec le virus, à travers les gestes barrières. Donc la balle est «dans le camp des Algériens.» Pensez-vous qu'il y aura un déconfinement total, notamment en ce qui concerne les transports où la colère est à son comble chez les opérateurs privés, qui prévoient de paralyser les routes du pays d'ici une semaine (le 2 septembre)? Si tout se passe bien, le reste des secteurs et services vont redémarrer. Mais, le manque de vigilance et le déconfinement brutal représentent des terrains propices à la propagation du virus. L'on a vu plusieurs expériences dans le monde qui le montrent. Certes, les conséquences économiques du confinement sont regrettables. Mais, personne ne doit menacer l'Etat quand il y a un risque sanitaire, notamment que le président de la République a pris le défi de sauver la santé et la vie des Algériens, puisqu'«il y a risque de mort». «À mon avis, le transport privé, ne sera pas pour le moment concerné par la reprise totale de l'activité, puisqu'il représente «de véritables pièges à virus». Le déconfinement du secteur du transport privé, pourrait ainsi, nous ramener à la case départ.»