On en sait, désormais, un peu plus sur la décision de l'Opep+ de continuer à réduire massivement son offre. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole baissera sa production de 7,2 millions de barils par jour à partir du 1er janvier. Si cette option a fait l'unanimité au sein de l'alliance, on sait par ailleurs qui l'a pilotée. L'Algérie, le Koweït et l'Azerbaïdjan sont à l'origine de la décision prise, le 3 décembre, par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés. «L'Algérie, le Koweït et l'Azerbaïdjan ont proposé d'augmenter la production pétrolière de 500.000 barils/jour à partir de janvier prochain, au lieu de 2 millions barils/jour prévus initialement», a déclaré le ministre de l'Energie et président en exercice de la conférence de l'Opep, Abdelmadjid Attar qui a souligné que cette proposition a fait l'unanimité au sein des pays signataires de la Déclaration de coopération (DoC). Une décision qui a mis du temps à se dessiner. La 180ème conférence de l'Opep qui s'est tenue le 30 novembre devait en principe lui préparer le terrain afin qu'elle soit actée le lendemain, le 1er décembre par la réunion ministérielle de l'Opep+. Tout semblait montrer qu'elle en prenait le chemin. «Il y a une unanimité au niveau des 13 pays membres de l'Opep sur un prolongement du plafonnement actuel de la production à 7,7 millions b/j jusqu'au 1er trimestre de 2021, soit jusqu'à fin mars prochain, au lieu de passer, dès janvier prochain, à 5,8 millions b/j», avait indiqué le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar. Il restait à convaincre ses partenaires dont la Russie, poids lourd du marché pétrolier mondial et membre influent de l'Opep+. L'Algérie s'est pratiquement retrouvée dans la même posture que celle de 2016. C'est, en effet, lors d'un sommet informel de l'Opep qui s'est tenu à Alger le 28 septembre 2016 en marge du 15ème Forum international qu'est né l'accord qualifié, unanimement, d'historique par les médias et les experts internationaux. Deux mois plus tard, l'Opep décidera de réduire sa production de 1,2 million de barils par jour avant que ne la rejoignent ses alliés hors organisation dont la Russie, pour la porter à près de 1,8 million de barils par jour. Il faut, en effet, rappeler que cet accord est le fruit de longues et ardues tractations menées tambour battant, sans relâche, par l'Algérie qui a réussi à gommer le différend entre Riyadh et Téhéran. Convaincre l'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation, gros producteur mondial qui, au plus fort de la dégringolade des prix du pétrole, avait décidé de ne pas bouger le petit doigt quel que soit le niveau du baril, n'était pas uniquement chose aisée, mais relevait pratiquement du miracle. Un accord qui sert aujourd'hui de socle à l'Opep+. Il aura fallu, cette fois-ci, quatre jours d'âpres négociations pour aboutir à un consensus. La Russie, s'étant montrée pragmatique, a adhéré sans sourciller à la proposition de l'Algérie, appuyée par le Koweït et l'Azerbaïdjan. Les pays producteurs devront, «à un moment ou un autre, remettre 2 millions de barils par jour sur le marché, mais le rythme de ce retour dépendra de l'état du marché», a indiqué le vice-Premier ministre russe en charge de l'Energie, Alexandre Novak au terme de la réunion de l'Opep+. La position de l'autre leader mondial du marché de l'or noir étant déjà acquise, l'Arabie saoudite s'était déjà prononcée à ce propos par le biais de son ministre de l'Energie. «Avec le consensus de tous, nous pourrions naviguer avec cet accord et l'ajuster, en fonction de ce que l'avenir nous réserve», avait suggéré le prince Abdel Aziz ben Salmane, lors d'une conférence virtuelle organisée par les Emirats arabes unis. Le marché pétrolier ne pouvait qu'être à la fête. Le baril de Brent a clôturé la semaine qui s'est achevée vendredi, proche des 50 dollars. «Les marchés pétroliers ont de quoi se réjouir» de l'accord trouvé la veille par l'Opep+», a noté Han Tan, analyste de Fxtm. Reste à savoir si l'embellie durera. On le saura dès demain.