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«Majesté, je dois beaucoup à votre père...»
BONNES FEUILLES
Publié dans L'Expression le 16 - 04 - 2006


Sahara occidental
Engagé dans une course de lenteur, le Maroc sait pouvoir compter sur l'Elysée. Les raisons n'ont rien de mystérieux. La France ne veut pas d'un Etat sahraoui qu'elle imagine purement et simplement aligné sur l'Algérie, l'alliée historique du Polisario.
Mais si Paris ne veut pas entendre parler d'un Etat sahraoui, c'est pour d'autres raisons, moins avouables. Il y a la crainte française de voir se créer entre le Maroc et le ruban de pays qui, de la Mauritanie au Sénégal, court vers l'Afrique de l'Ouest, un Etat croupion dont la langue officielle ne pourrait être que celle de l'ancien colonisateur, l'espagnol. La continuité linguistique serait rompue et la culture française menacée. La perspective est peu plaisante pour Paris. Il y a aussi - surtout - la hantise de voir la monarchie marocaine emportée comme fétu de paille si d'aventure le Sahara occidental accédait au rang d'Etat. La monarchie a trop fait vibrer la corde nationaliste depuis des décennies, trop investi financièrement pour attirer les «colons» marocains vers le Sahara, trop impliqué l'armée royale dans la défense des «provinces du Sud», pour n'avoir pas à redouter un retour de bâton si d'aventure les Sahraouis arrachaient leur indépendance.
Paris n'ignore rien du risque encouru. Pour l'écarter, l'Elysée et le Quai d'Orsay n'ont eu de cesse de torpiller à New York, au siège de l'ONU, toute amorce de solution qui risquerait de fragiliser le régime marocain. Ils ont atteint leur objectif : la solution du référendum d'autodétermination est en passe d'être enterrée, alors qu'elle a maintes fois fait ses preuves dans les processus de décolonisation. Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, l'a reconnu: «Les grandes puissances admettent aujourd'hui que le Maroc a des droits historiques sur une «province» conquise par la force.»
Côté français, une brochette de diplomates se sont prêtés à l'opération d'assistance au Maroc voulue par l'Elysée. Ils l'ont fait par devoir autant que par conviction. Certains y ont-ils en outre trouvé un avantage financier?
La «famille» de Chirac
Qui sait que le président, dans le rôle du papy gâteau, a été le confident de Lalla Soukeina, la jeune nièce du roi, qui lui téléphonait quotidiennement lorsqu'elle préparait le baccalauréat? Qui imaginerait que Mohammed VI, agacé par les jeans trop moulants à son goût que portait sa soeur aînée, Lalla Meryem, a demandé un jour à Chirac, par téléphone, d'intervenir pour qu'elle s'habille de façon plus classique? «Vous avez davantage d'influence que moi», dira le roi. Qui soupçonnerait que le président s'éclipse parfois de l'Elysée pour aller prendre le thé à Neuilly où l'épouse de feu Hassan II, Latefa, réside lorsqu'elle n'est pas à Marrakech? Qui a entendu parler de Chirac appelé au secours pour ramener le calme après les disputes qui ont agité la famille royale au lendemain de la disparition de Hassan II? La veuve de Hassan II déambule de boutiques de luxe en cafés huppés sous la protection discrète de gardes du corps. Mais ils ne sont pas seuls. D'autres «anges gardiens» suivent de près la «mère des princes»- le titre officiel de Latefa. Echauffourées, insultes, menaces: l'explication tourne au vinaigre jusqu'à ce que la deuxième équipe d'anges gardiens avoue être là sur ordre du Palais royal. Mohammed VI fait donc surveiller sa mère en cachette. Latefa, en délicatesse avec le jeune roi qui apprécie peu sa nouvelle vie de veuve joyeuse, menace de faire un scandale. Elle prévient son autre fils, Moulay Rachid, contacte l'Elysée, vitupère contre son aîné Mohammed VI, demande à Chirac d'intervenir... Le résultat ne se fait pas attendre. Quelques jours après l'incident, le lundi 2 décembre, Jacques Chirac fait un aller-retour surprise de quelques heures à Casablanca. Parti en fin d'après-midi, le chef de l'Etat est de retour à l'Elysée en fin de journée. La presse s'interroge sur les raisons de cette escapade privée. Faute de mieux, elle privilégie l'hypothèse humanitaire. Des inondations ont frappé le royaume peu auparavant, faisant plus d'une soixantaine de morts et des dizaines de disparus. Le Quai d'Orsay indique que Jacques Chirac a fait parvenir à Mohammed VI un message de «solidarité et d'amitié envers le Maroc dans l'épreuve qu'il traverse», tous les journaux établissent un lien entre la catastrophe et la visite. Conclusion logique mais erronée. Chirac n'est pas venu jouer les consolateurs mais le juge de paix. Depuis cette algarade, Chirac a acquis un statut de médiateur écouté. On raconte qu'il a offert ses services pour régler le problème de la garde des enfants au lendemain du divorce de l'aînée des enfants du roi défunt, Lalla Meryem ; qu'il a été sollicité au moment du partage des biens de Hassan II; qu'il est intervenu pour rapprocher Moahammed VI et Moulay Hicham»...
Des intérêts très partagés
L'exception marocaine tient aussi à quelques chiffres qui montrent combien l'économie locale est entre les mains françaises. Paris est de loin le premier partenaire commercial du royaume et son premier investisseur étranger. A elle seule, la France investit autant que tous les autres pays étrangers réunis, qu'il s'agisse du secteur bancaire, de l'immobilier, du tourisme ou de l'industrie.
Trente-huit des quarante entreprises qui forment le CAC 40, l'indice boursier, sont présentes dans le royaume, de Total à Saint-Gobain, d'Alcatel à la Société Générale. Pour faire bonne mesure, il convient d'ajouter l'armada des petites et moyennes entreprises qui prospèrent au Maroc. Elles sont plus d'un demi-millier qui font travailler quelque 65.000 personnes. Aucun autre pays étranger n'est aussi fortement implanté dans le royaume.
Le résultat en est que des pans entiers de l'industrie marocaine sont sous contrôle français. C'est vrai que l'hôtellerie (Accor), des cimenteries avec le groupe Lafarge, du secteur de l'assemblage automobile (Renault), des télécommunications (Vivendi), de l'environnement (Suez)... A égrener les chiffres, les listes d'entreprises, les positions prises par les uns et les autres, finit par s'imposer l'idée que l'industrie tricolore se retrouverait en fâcheuse posture si d'aventure le royaume se refermait sur la France.
En abandonnant le Maroc, Paris perdrait un marché essentiel de quelque 30 millions de consommateurs, et une base pour conquérir des marchés à l'exportation.
La France est un partenaire essentiel pour le Maroc, alors que l'inverse n'est pas vrai. Le royaume pèse en effet de peu de poids dans la vie économique française. Son rôle est marginal. Certes, la France peut se prévaloir d'être le premier client et le premier fournisseur du royaume, mais le Maroc n'est que le 19e client de l'entreprise France et son 22e fournisseur. Vu de Paris, l'Algérie est un client et un fournisseur autrement plus significatif.
Les «amis du Maroc»
Mercredi 24 février 2004, 2h28 du matin. Un tremblement de terre secoue la région montagneuse d'Al-Hoceïma dans le nord du Maroc.
Le premier bilan des pertes humaines fait état de six cents morts et de milliers de sans-abri. Les images des télévisions témoignent du dénuement des populations dans les zones rurales difficiles d'accès. L'Espagne achemine des ambulances, les Etats-Unis de la nourriture, la France des équipes de secouristes, l'Algérie des antennes de premiers soins... L'élan de solidarité est exemplaire. La troupe des «amis du Maroc» en France ne pouvait rester à l'écart du mouvement.
Trois mois après le séisme, la cour des intellectuels s'ébranle à son tour pour la bonne cause. Ce ne sont pas des couvertures ou de la nourriture qu'offrent les thuriféraires de la monarchie, mais des mots, des tas de mots un peu ridicules, des phrases boursouflées couchées sur des «manuscrits originaux» dont les parrains de l'opération espèrent qu'ils trouveront acquéreurs lors d'une vente aux enchères organisée à Paris «au profit des victimes du tremblement de terre». C'est Jacques Chancel, dont le micro était toujours ouvert pour recueillir la parole de feu Hassan II et rarement pour celle des opposants, qui donne le ton.
«Depuis bientôt quarante ans, écrit-il, le Maroc est mon autre pays, ma lumineuse terre d'accueil. J'en ai toujours partagé les bonheurs et les souffrances. Je me veux près de vous, amis, j'apprécie votre dignité» Et de conclure sur une promesse aux accents bibliques: «Je viendrai bientôt.» Bernard-Henri Lévy n'est pas moins inspiré qui lance, tel André Malraux: «Oui, bien sûr, ce Maroc que j'aime tant, auquel m'unissent tant de liens, liens d'enfance, liens d'aujourd'hui, amis de Marrakech et de Tanger, intellectuels, écrivains, femmes en marche vers l'égalité, simples gens, si beaux, si nobles, et hébétés de voir tous les fléaux du ciel et des hommes peser sur leurs épaules...Courage, amis.»
D'autres textes, moins grandiloquents, suivent, signés Tahar Ben Jelloun, Maurice Druon, Daniel Rondeau...Ils seront eux aussi mis en vente à l'hôtel Drouot avec des dessins originaux de couturiers qui ont trouvé leur inspiration au Maroc, tels Yves Saint-Laurent ou Jean-Louis Scherrer.
Ainsi va la tribu des «amis du Maroc».


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