Un peu mis à l'écart, mais jamais fermé, le dossier de l'adhésion à l'OMC refait surface par le biais du ministre du Commerce, Kamel Rezig. Evoluant à la marge du commerce mondial, en compagnie de quelques pays, l'Algérie passe pour être l'une des rares nations à disposer du «luxe» de la souveraineté presque totale de son commerce extérieur. Lié par des accords d'associations avec l'Union européenne, la zone arabe de libre-échange et la zone de libre échange africaine (Zlecaf), le pays demeure non concerné par les règles du commerce mondial et dispose, par conséquent, de marges de manoeuvre commerciale auxquelles l'écrasante majorité des nations de la planète ne peut pas prétendre. Sauf que cela génère plus de soucis qu'il n'en résout, à bien suivre les déclarations des officiels algériens depuis plus de 20 ans. Il faut savoir qu'à la naissance de l'OMC sur les décombres du GATT, en 1997, l'Algérie était en guerre contre le terrorisme. A partir de l'an 2000, le premier gouvernement de Bouteflika s'y est attelé et la mission a été confiée à Nourreddine Boukrouh. Tous les gouvernements qui se sont succédé, depuis, ont engagé des pourparlers avec de hauts responsables de l'OMC et se sont engagés à réformer l'arsenal juridique algérien pour l'adapter aux règles du commerce mondial. Plus d'une dizaine de rounds de négociation plus tard, les négociations tantôt avancent, tantôt bloquent, au gré des lois de finances et des lois de finances complémentaires qui répondent, le plus souvent, aux exigences des soubresauts sociaux et économiques qui traversent le pays. Il reste que dans un coin de tous les programmes de gouvernement, l'adhésion de l'Algérie à l'OMC demeure une nécessité, même si elle n'apparaît dans aucun discours politique, ces dernières années. Et c'est justement cet impératif incontournable qui a fait sortir le ministre du Commerce de son silence sur le sujet précisément. Kamel Rezig a saisi l'opportunité d'une rencontre par visioconférence avec ses homologues arabes pour annoncer que le dossier Algérie avançait selon des démarches «bien étudiées», rapporte un communiqué de son ministère. Sans évoquer un calendrier précis, Rezig a révélé «la poursuite par l'Algérie de ses efforts visant à aller de l'avant vers l'accession à l'OMC». Ses collègues arabes et l'opinion algérienne n'en sauront pas plus. Dans son allocution, le ministre a sérié «des opportunités offertes par cette instance en vue de la relance de l'économie nationale», lit-on dans le communiqué qui évoque, sans aller dans le détail, «l'initiation d'une série de réformes profondes à même de promouvoir le commerce extérieur et l'intégration dans la chaîne de valeurs régionale et mondiale». Ces «réformes profondes», dont on ne connaît pas grand chose n'ont donc jamais été lancées par les prédécesseurs de Rezig? Au vu de l'état des lieux des rapports entre l'OMC et l'Algérie, force sera de constater que non. Pourtant, au début de la seconde décade du xxie siècle, l'on a vu une série de textes promulgués par l'Algérie sur les «conseils» de l'OMC. Mais cela ne suffisait apparemment pas. L'actuel ministre du Commerce n'a pas moins brandi la révision de la règle du 49-51 régissant l'investissement étranger en Algérie, comme un trophée qui rapprocherait l'Algérie de l'OMC. Mais force est de constater qu'en réalité, on n'en sait rien du tout.