D'éminents spécialistes de la littérature algérienne dirigeront ce colloque à l'image de Charles Bonn, Mounira Chatti et Naget Khadda. Parmi les personnalités du monde culturel qu'on retrouve dans le comité scientifique de ce colloque, on peut citer Zineb Ali-Benali, Guy Basset, Sabeha Benmansour (auteure d'un excellent livre sur Mohammed Dib, paru récemment aux Editions Casbah), Reda Bensmaïa, Denise Brahimi, Guy Dugas, Assia Dib-Chambon, Naget Khadda, Hervé Sanson, Habib Tangour, etc. La construction du genre dans l'oeuvre dibienne Les organisateurs du colloque qualifient Mohammed Dib de principal écrivain algérien francophone avec Kateb Yacine. Ils expliquent que l'oeuvre de Dib a trop souvent été déformée par des lectures de circonstance. «On n'a ainsi perçu que tardivement que cette oeuvre était d'abord une réflexion originale et sans cesse renouvelée sur les pouvoirs du langage face au défi de l'indicible», estime-t-on. Le colloque en question essayera de montrer que cette réflexion passe d'abord par une mise en scène des langages, et principalement des genres littéraires, entre lesquels cette oeuvre est en constante alternance, à l'intérieur même des textes: genres soumis par cette théâtralisation à une sorte de distanciation qui amène le lecteur à leur prêter parfois autant d'attention qu'aux thèmes qu'ils développent. Mais ce colloque permettra également de montrer que les genres, au sens sexuel cette fois, sont aussi un de ces langages que l'oeuvre de Dib théâtralise, et qu'on peut ainsi, malicieusement, traiter en parallèle avec les genres littéraires et leurs jeux de séduction, ajoutent les organisateurs. Le thème sur lequel se penchera Zineb Ali-Benali, a trait à la construction du genre dans l'oeuvre dibienne. Il s'agira de tenter de répondre à cette question: une lecture des textes dibiens dans la perspective des questions du genre est-elle possible? Pour le poète Dib, la femme est porteuse du rêve de liberté et de l'élan qui l'anime; elle est (la mère, l'aimée, l'enfant...) celle qui inspire et dit un verbe de profonde vérité, souligne Zineb Ali-Benali. Cette dernière ajoute: «Pour l'écrivain attentif à ce qui se passe dans sa société, puis dans les sociétés de l'ailleurs, les relations entre les hommes et les femmes s'inscrivent dans une histoire, sociale et politique, héritière d'un patriarcat qui sait s'adapter». Mais cette histoire est aussi celle d' «un mouvement de changement et de création d'inédit». La face méconnue de Dib Pour sa part, Guy Basset, docteur en lettres, précise que l'oeuvre de Mohammed Dib comporte un volume rassemblant cinq contes algériens, qui paraît peu de temps après l'installation de Dib en métropole en 1959 et quelques autres contes parus principalement en revues, ou même certains qui sont restés inédits. «Cette face méconnue de son oeuvre la traverse souterrainement d'un bout à l'autre et entretient avec ses fictions des relations étroites. Dib n'hésite pas à faire référence de temps en temps à toute cette tradition orale transmise par les contes et aussi les proverbes», ajoute Guy Basset dont la problématique sur laquelle il se penchera consiste à répondre à la question de savoir quelle articulation faut-il faire entre la création littéraire pure et le recours à cette littérature populaire qui peut mettre en scène des animaux et des hommes dans leurs relations réciproques? Plusieurs thèmes seront traités De nombreux autres thèmes seront passés au crible par les participants dont celui des paysages visuels et sonores de Mohammed Dib (Maya Boutaghou), les bocages du genre et du sens dans le livre de Dib intitulé «Simorgh» (Mounira Chatti), l'alchimie du langage et nostalgie du sens (Mireille Djaider), d'un genre, l'autre: vers une esthétique de l'abstraction (Naget Khadda), problématique de l'autobiographie dans l'oeuvre de Dib (Ines Khadda), etc. Mohammed Dib, né le 21 juillet 1920 et mort le 2 mai 2003 est l'auteur de plus de cinquante livres entre romans, nouvelles, poésie, théâtre, contes et essais. Mohammed Dib est l'un des écrivains algériens et magrébins les plus connus dans le monde et les plus prolifiques. En 1994, Mohammed Dib a reçu le Grand Prix de la Francophonie, décerné par l'Académie française.
