Ce qui s'est passé, jeudi dernier, au siège du FLN, à Hydra, est inacceptable! Des centaines de militants ont forcé l'accès pour s'introduire d'autorité au siège du parti à Hydra. Cette fronde, organisée par «un comité de coordination» pour demander le départ de l'actuel secrétaire général, Abou El Fadl Baâdji, a gravement dérapé. On a vu sur les réseaux sociaux des vidéos choquantes. elles montrent le siège du FLN carrément pris d'assaut par des personnes décidées à en découdre dans un climat empreint d'insultes, de vulgarité et de violence. On a vu des blessés, du mobilier saccagé et des personnes piller et squatter le bureau du secrétaire général. Le ministère de l'Intérieur, en charge de la gestion des partis politiques ainsi que de la sécurité des biens et des personnes, se doit d'intervenir pour rétablir l'ordre et la sécurité qui est bien menacée par de pareils comportements. Baâdji a organisé une conférence de presse dans laquelle il a confié qu'il a eu recours à la justice en déposant plusieurs plaintes afin de mettre un terme aux agissements de ceux qu'il a qualifiés de «baltaguias». De même que les militants agressés se sont fait établir des certificats médicaux pour faire valoir leurs droits. Face à ce précédent grave, l'Etat doit sévir pour faire régner l'ordre et le FLN doit comprendre que le temps des coups d'Etat est définitivement révolu. Si l'actuel secrétaire général du FLN doit partir, l'opération se fera dans le cadre du réglement intérieur qui gère ce parti et non dans un regrettable spectacle d'insultes et de violence. Baadji, qui est venu rafistoler une machine totalement grippée, a réussi le challenge de gagner les législatives de juin dernier, avec une équipe de candidats jeunes, instruits, intègres. Il allait récidiver lors des prochaines locales du 27 novembre prochain. Grave erreur d'appréciation de la part de l'actuel secrétaire général qui semble méconnaître le marécage du FLN. On a plus de chances de s'échapper dans une fosse aux lions que de sortir indemne quand on coupe la tétine aux crocodiles du vieux parti. Tapis dans l'ombre, ils excellent dans l'art des putschs, des coups d'Etat scientifiques et redressements et quand ils se sentent menacés, ils tuent... Une liste faite de ténors de la politique meuble toujours les placards du parti depuis 1962. Mohamed Khider prend les rênes du jeune parti en tant que secrétaire général. À peine une année après l'indépendance, les premières fissures apparaissent au sein du FLN. Le 17 avril 1963, Khider démissionne et s'exile en Europe. C'est le président Ahmed Ben Bella qui cumule la fonction de secrétaire général du FLN d'avril 1963 jusqu'à sa déposition, le 19 juin 1965. À Ben Bella succède Cherif Belkacem. Victime d'une cabale, il s'efface en 1967 et quitte totalement la vie politique. Kaïd Ahmed le remplace. Ce dernier s'est opposé à la politique du tout-puissant Boumediene. Exclu du parti, il meurt exilé le 5 mars 1978 à Rabat au Maroc. Remplacé par Mohamed Salah Yahyaoui, qui se voyait digne successeur du président Boumediene. Il a été évince par Chadli qui nomme Mohamed Cherif Messaâdia, idéologue et militant rompu aux arcanes du parti. Les brusques événements d'Octore 1988 ont scellé le sort de Messaâdia. Envoyé à Rabat, dans le cadre d'une réunion de l'UMA, Chadli lui demande de ramener avec lui l'ambassadeur d'Algérie en poste, un certain... Abdelhamid Mehri. L'idéologue n'y a vu que du feu. Il est remplacé au pied levé par Abdelhamid Mehri qui a été dégommé à son tour par «un coup d'Etat scientifique» et le FLN se ret-rouve avec à sa tête Benhamouda. Effacé et discret, il a été débarqué, en 2003, par un jeune loup ambitieux, Ali Benflis, qui caressait le rêve légitime de devenir président de la République. Il est révoqué et c'est Abdelaziz Belkhadem qui prend les rênes du FLN. À son tour, il s'est écarté, en 2013, du chemin du bulldozer Amar Saâdani. Il rend le tablier en 2016 et voilà que surgit le grotesque clown Djamel Ould Abbès qui a été relevé de son poste sans grand bruit et l'inconnu Bouchareb qui s'installe. À l'affût, Mohamed Djemaï, achève son «ami» politique, Bouchareb, le piétine et prend sa place. Six mois plus tard, il se retrouve en prison et remplacé pa Abou El Fadl Baâdji. Et la noria du FLN continue...