L'Agence algérienne de promotion de l'investissement (AAPI) a entamé une opération décisive : l'annulation progressive des décisions d'attribution provisoire de foncier économique au profit des porteurs de projets n'ayant pas respecté les délais réglementaires d'enregistrement. Cette annonce, rendue publique hier mardi via un communiqué officiel, marque un tournant stratégique dans la gestion du foncier destiné à l'investissement en Algérie.Concrètement, cette mesure concerne les investisseurs détenteurs de décisions d'attribution provisoires d'assiettes foncières relevant du domaine privé de l'Etat, mais qui n'ont pas finalisé les procédures requises pour l'enregistrement définitif de leurs projets. Ces décisions d'annulation seront accompagnées d'une réaffectation des assiettes concernées à d'autres porteurs de projets, considérés comme prêts à entamer la phase de réalisation. Dans son communiqué, l'AAPI précise que cette décision intervient après épuisement de toutes les voies possibles. Les porteurs de projets concernés ont, en effet, fait l'objet de plusieurs relances et mises en demeure restées sans suite. Ce silence prolongé est interprété comme un indicateur de l'absence de maturité des projets concernés, et donc d'un manque de sérieux ou de capacité à concrétiser les intentions initiales. À travers cette action, l'AAPI adresse un message clair : l'accès au foncier économique, en tant que ressource publique stratégique, ne peut plus être gelé indéfiniment par des projets sans perspectives réelles de concrétisation. Il s'agit-là d'une rupture avec les pratiques du passé, où l'attribution du foncier pouvait parfois s'effectuer sur des bases peu rigoureuses, au risque de bloquer des terrains pour des projets qui ne voient jamais le jour. Cette mesure ne vise pas uniquement à sanctionner les retards, mais s'inscrit dans une logique plus large de réforme et d'assainissement. Elle vise à rétablir la crédibilité du dispositif d'accompagnement à l'investissement, à renforcer la transparence dans la gestion du foncier économique et à instaurer une culture de résultats. À travers ce processus, c'est toute la chaîne de valorisation de l'investissement qui est en train d'être reconfigurée pour répondre aux exigences d'efficacité, de rapidité et de redevabilité. L'AAPI invite d'ailleurs les porteurs de projets encore concernés par ces attributions provisoires non finalisées à régulariser leur situation dans un délai de huit (8) jours, en consultant leurs comptes officiels sur la plate-forme numérique dédiée à l'investissement. Passé ce délai, les décisions d'attribution seront considérées comme caduques, et les terrains réaffectés à d'autres investisseurs. Ce resserrement des règles et des délais n'est pas une fin en soi, mais un levier de transformation. Il reflète la volonté des pouvoirs publics de construire un environnement des affaires fondé sur la clarté, la responsabilité et l'engagement. À l'heure où l'Algérie s'efforce d'attirer davantage d'investissements directs, notamment dans des secteurs industriels jugés stratégiques, cette rigueur nouvelle pourrait devenir un argument fort en faveur du pays. En toile de fond, cette réforme répond également à une exigence de rationalisation de la ressource foncière, trop souvent accaparée sans suite. Le foncier, considéré comme l'un des leviers essentiels de la relance industrielle et économique, doit être géré avec parcimonie et efficacité. Chaque parcelle compte, chaque projet validé doit se traduire par des réalisations concrètes, des emplois créés, une valeur ajoutée tangible. Par ailleurs, l'initiative de l'AAPI s'inscrit dans une logique de signal adressé aux investisseurs étrangers. Elle montre que l'Etat algérien entend faire respecter ses engagements et impose en retour une discipline à ceux qui souhaitent bénéficier de ses ressources. L'objectif est clair : créer un climat d'affaires où la confiance repose sur des règles du jeu stables, une administration moderne, et un suivi rigoureux. Ainsi, loin des annonces théoriques, c'est sur le terrain que l'Algérie veut désormais démontrer sa nouvelle attractivité. L'action de l'AAPI s'inscrit dans ce mouvement de fond : un changement de paradigme où l'investissement n'est plus une promesse, mais un engagement à tenir. Une nouvelle ère de maturité et de responsabilité s'ouvre pour les porteurs de projets comme pour l'administration en charge de les accompagner. Djamila Sai