Le secteur de la santé a très mauvaise mine. Malgré les engagements pris par les pouvoirs publics, les dysfonctionnements existent toujours et cela à tous les niveaux du système de santé. Le constat, ainsi dressé, est du docteur Mohamed Bekkat Berkani, président de l'Ordre national des médecins praticiens. Il intervenait, hier, dans l'émission L'Invité de la rédaction, de la Chaîne 3 de la Radio nationale. L'hôte de la Radio ne s'encombre pas de balises pour critiquer ce qui lui semble carrément déraisonnable ou préjudiciable à notre «maison santé» et aux traitements réservés aux malades. Il déclare, en effet, que «le système de santé doit être revu afin de corriger certains dysfonctionnements». La réorganisation des services d'urgence est l'une des réformes à entreprendre en priorité, pour le docteur. «Il faut réorganiser l'accueil des flux de malades et la prise des rendez-vous, de façon à les diriger vers les services spécialisés», a-t-il estimé. Il a, de ce fait, appelé à redéfinir «les missions du service des urgences». Il préconise, ainsi, d'opter pour la création d'«hôpitaux d'urgence». Le docteur Bekkat Berkani a, dans un autre sillage, déclaré que «la santé n'a pas de prix, mais elle a un coût». C'est sur ces mots qu'il s'appuie pour dire qu'«il faut absolument revoir nos structures, leur fonctionnement, les buts et les budgets qui leur sont réservés.»«Cela va nous permettre», a-t-il poursuivi, «de dépenser utilement et de façon efficace, dans le but d'essayer de faire valoir les programmes de prévention des maladies transmissibles et chroniques». «Leur valorisation nous donnera des fruits.» «Quand vous faites de la prévention, il y aura automatiquement moins de malades et vous faites une économie qui est importante», explique-t-il, dans ce sens. C'est le remède prescrit par le président de l'Ordre national des médecins praticiens. Dans ce sillage, le docteur évoque le rôle à jouer par l'Agence nationale de sécurité sanitaire, afin d'élaborer de véritables plans d'action. «Il faut penser à préparer des ripostes efficaces aux maladies chroniques», avance-t-il. Et d'ajouter qu'«on peut s'appuyer sur les prévisions concernant le fardeau futur du cancer, par exemple, afin de proposer et de mettre en place des actions d'amélioration». L'invité de la Radio évoque, par ailleurs, les problèmes liés à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) par rapport à la gratuité des soins. «Cette structure ne joue pas son rôle de véritable soupape», par rapport « aux dépenses de santé des ménages», martèle, dans ce sens, Mohamed Bekkat Berkani. Cela, avant de préciser qu' «il faut donner à la Cnas son rôle important et essayer de randomiser, d'organiser et d'évaluer la situation». «Il faut essayer d'évaluer à combien revient le traitement d'un malade, quelle est la part de la sécurité sociale et, s'il le faut, celui qui n'est pas assuré doit payer», préconise-il davantage. «La contractualisation doit également entrer en ligne de compte», estime le même intervenant. Et d'ajouter qu'«il faut rentabiliser les hôpitaux, c'est-à-dire les faire tourner de façon à rendre des services, aux malades, qui soient à la fois performants et qui ne coûtent pas cher». Plus loin, il propose de «rattacher la sécurité sociale au ministère de la Santé, afin que l'argent des cotisants soit dépensé par le principal acteur (la tutelle)». La formation du personnel médical et paramédical et son dispatching à travers toutes les structures de santé est l'autre urgence à faire, selon le docteur. Le président n'a pas manqué de revenir sur la question de l'hémorragie migratoire des médecins vers l'étranger, notamment la France, qui continue de saigner le corps médical en Algérie. «C'est un véritable drame», confesse-t-il. «Il faut essayer de retenir ce que nous formons... il faut les mettre à l'aise», a-t-il déclaré. Là, il fait allusion à la nécessité de revoir les statuts particuliers des praticiens, pour les encourager à rester dans le pays.