Les événements politiques et leurs conséquences directes sur la société se font sentir avec acuité. Parmi les conséquences abracadabrantes, il y a cette espèce de démagogie et frénésie de verser dans le chauvinisme pompeux et la sclérose qui se veut comme attitude patriotique quant à l'arabisation tous azimuts sans que cela soit abordé en dehors des clivages et les tiraillements idéologiques et sectaires dans certains cas. L'on assiste à un retour en force des adeptes de la pensée rétrograde, une pensée qui fait dans l'exclusion de l'Autre. Même certaines institutions et ministères s'adonnent à ce jeu de manipulation de la langue rien que pour faire dans l'excès de zèle. Tout cela se fait sous couvert du combat contre le colonialisme et l' «invasion» de la culture occidentale, mais aussi comme «riposte» à la France par rapport au conflit diplomatique entre l'Algérie et cette dernière. Ordonner aux institutions de ne plus se référer à l'usage de la langue française ne relève pas d'une démarche scientifique et objective. C'est une grossière manipulation idéologique des forces conservatrices qui reproduisent les mêmes prismes et les mêmes schèmes de la pensée coloniale fondée sur l'exclusion et la consécration d'un monolithisme des plus abjects. La bataille est surtout sociétale, c'est-à-dire comment arriver à asseoir un projet de société répondant aux exigences que le monde moderne évoluant d'une manière rapide, impose ses lois. Le potentiel civilisationnel hérité des peuples et des civilisations par des moyens d'échanges historiques ou par un moyen de domination dont le principe est non seulement condamnable, il est banni avec véhémence. Mais l'héritage est une réalité qui s'exprime à travers son omniprésence de par sa propagation et son empreinte dans la civilisation universelle et humaniste. Le retour à des méthodes dont les conséquences et les résultats sont connus d'avance, ne servent à rien par rapport à l'enjeu essentiel, à savoir la démarcation par rapport au projet de société dont le peuple à besoin pour sortir de l'abysse de l'obscurantisme et de la pensée médiévale digne des gardiens du temple. Ce n'est pas le fait d'accélérer l'usage de la langue arabe dans les institutions et les administrations publiques que le sous-développement et la régression vont disparaître, la problématique de la langue n'est pas posée de la sorte, elle est le prolongement d'une véritable dynamique sociétale et la nécessité d'une rupture avec une approche anachronique et aux antipodes du processus évolutif tel qu'exigé par le mouvement de l'histoire et de ses lois objectives. Ce dont la société et l'Etat ont besoin, c'est la démarcation par rapport aux idées reçues et les stéréotypes qui ont rendu le progrès comme étant une demande et une aspiration qui s'identifient plus à un sacrilège qu'a une volonté de rompre avec les archétypes et les prismes dont l'obsolescence est la caractéristique dominante. Ce n'est pas la langue qui va booster une nation, même si la langue est une expression relevant de la personnalité d'un peuple, mais l'engagement pour un changement passe inexorablement par la rupture avec les us et la pensée rétrograde et ses retombées néfastes sur le devenir d'une nation.