Malgré une situation sécuritaire complexe, les autorités maliennes ont réussi à mener à bien les Assises nationales de la refondation, une consultation la plus large possible de la population concernant aussi bien les questions de la gestion des institutions de l'Etat, les défis socio-économiques que le défi du terrorisme. Les recommandations ont été recueillies au niveau des communes, des régions et des représentations diplomatiques, et leur examen est engagé en vue de l'organisation des futures échéances électorales auxquelles la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), elle-même pressée par la France en tant qu'ancienne puissance coloniale tutélaire, n'a pas arrêté de délivrer son ultimatum. Dernière menace en date, voici quelques jours à peine, son émissaire, l'ancien président nigérian, Jonathan Goodluck, a donné un délai d'une semaine pour que les dirigeants de la transition communiquent sur leur intention de respecter le calendrier fixant à fin février 2022 la tenue des élections générales. Le président de la transition, Assimi Goïta, a quant à lui promis qu'une réponse en ce sens sera fournie à la Cédéao dans les jours prochains. Toujours est-il que la dernière étape de ces Assises nationales de la refondation a été abordée lundi dernier et doit s'achever demain, le centre national de conférences de Bamako regroupant les analystes chargés d'élaborer la synthèse de toutes les sommes de propositions recueillies au cours des presque trois semaines de débats et de concertations. Parmi les principaux axes de réflexion à partir desquels sera opérée la réforme en profondeur de l'Etat malien, on trouve les questions de sécurité, bien sûr, la gouvernance, la justice, la paix et la cohésion sociale. C'est un fait que quelques partis politiques et des associations ont choisi de rester en marge de ces Assises, mais le plus important est qu'une large majorité de Maliennes et de Maliens soutient fermement le report des élections prévues le 24 février 2022, ce qui montre que la démarche des autorités de transition est portée par une indéniable adhésion populaire. Scrutée par la communauté internationale, l'Union africaine et la Cédéao qui prônent un retour rapide à l'ordre constitutionnel, sous peine de sanctions répétées et aggravées, la transition malienne pour laquelle Assimi Goïta s'est engagé à fournir un chronogramme détaillé dès que les Assises auront procédé à la conclusion idoine se heurte, sur le plan sécuritaire mais aussi au-delà, à un courroux français, voire européen, depuis que le président Emmanuel Macron a dû renoncer à son séjour festif auprès de la force Barkhane, pour célébrer la fin de l'année. Les accusations, depuis des mois, contre Bamako au sujet d'un contrat avec la société russe Wagner, farouchement nié par les dirigeants maliens, ont terni les relations entre la France et le Mali alors que, partout dans le Sahel, la question est désormais posée par les peuples de la région sur la finalité de l'intervention militaire française contre un terrorisme grandissant.