L'examen du rapport circonstancié de la commission parlementaire chargée du suivi des élections par la Chambre des représentants du peuple libyen (Parlement) n'a pas permis de résoudre l'équation d'un report de la présidentielle au 24 janvier 2022. Et pour cause, les raisons qui ont conduit à la décision prévisible du report du scrutin, la veille du 24 décembre dernier, sont toujours de rigueur et contreviennent à toutes les ambitions et les invites qui se heurtent aux dures contraintes de la réalité de la scène politique et militaire qui prévaut dans le pays. Lundi, le Parlement appelé par son président, Saleh Aguila, par ailleurs candidat à la présidentielle, à fixer une nouvelle date n'a pas eu d'autre choix que de botter en touche, préconisant en fin de compte des discussions avec le Haut Conseil d'Etat, un Sénat basé à Tripoli, en vue d'adopter une nouvelle feuille de route qui viendrait compenser celle du Forum de dialogue politique (FDPL). La haute commission nationale électorale (HCNE) a, pour sa part, fourni les éléments de réponse qui justifient l'échec de la tenue du scrutin en mettant l'accent sur les nombreuses difficultés, les obstacles et les dérives qu'elle a dû affronter, et son rapport a été étayé par celui des services de sécurité et de renseignement ainsi que du ministère de l'Intérieur. Présidée par un remplaçant désigné par Saleh Aguila, le député Fawzi al-Nweiri, la séance du lundi a abouti à des déclarations édifiantes sur les contraintes rencontrées de sorte que la Chambre des représentants du peuple assure n'avoir pas été informée «officiellement» du calendrier du 24 janvier par la HCNE et s'engage à poursuivre l'élaboration de la nouvelle feuille de route pour permettre au pays d'aborder une nouvelle phase de transition, avec tout ce qu'elle comporte comme changements institutionnels. Reste à savoir quelle sera la réaction des parties rivales de l'Ouest (Tripoli) face aux soubresauts du processus électoral et, notamment la contestation par l'Est (Benghazi et Tobrouk) de certaines candidatures à la présidentielle, une des causes premières de la non-tenue du scrutin à la date fixée du 24 décembre dernier. Certes, le Parlement peut arguer du fait que la session de lundi dernier a eu lieu en présence de 120 députés dont près de 70 venus de Tripoli, auquel cas on peut penser qu'il y a effectivement une identité de vues relative, mais les expériences antérieures enseignent qu'il faut faire preuve d'une extrême prudence tant le contexte libyen est versatile parce qu'il dépend de facteurs exogènes. Lesquels sont toujours agissant à travers la présence de mercenaires et de forces étrangères non pas attentives mais parties prenantes aux évènements qui bousculent les agendas libyens. Et contrairement à l'adage qui affirme qu'à chaque jour suffit sa peine, la Chambre des représentants a, de nouveau, adressé une convocation au président et aux membres de la HCNE pour les entendre, lors de sa prochaine session, sur les tenants et aboutissants des obstacles rencontrés. En somme, le feuilleton est loin d'être achevé.