Comme si l'incertitude qui pèse sur la tenue de la présidentielle libyenne, vendredi prochain, ne suffisait pas, voilà que la Compagnie nationale libyenne du pétrole (NOC) a annoncé, lundi dans un communiqué, la fermeture des champs pétroliers d'al-Charara, al-Feel, al-Wafa et al-Hamada, avec comme conséquence immédiate la perte de «plus de 300 000 barils par jour». Le P-dg de la société, Mustapha Sanalla, a incombé la responsabilité de cette nouvelle entrave à des éléments de la Garde des installations pétrolières (GIP), mise en place par le maréchal Khalifa Haftar lors de sa prise de contrôle du croissant pétrolier dans la région sud-est de la Libye. «Tenir nos engagements vis-à-vis des raffineries est désormais impossible et nous sommes dans l'obligation de déclarer l'état de force majeure», a indiqué Sanalla qui estime que la NOC est exonérée de toute responsabilité en ce qui concerne les retards prévisibles de livraison des stocks contractuels. Les éléments de la GIP, eux, protestent contre «le retard du versement de leur salaire», selon un de leur porte-parole. Le champ d'Al-Charara, un site majeur situé à 900 km au sud de Tripoli, est exploité dans le cadre d'une joint-venture entre la NOC, l'espagnol Repsol, le français Total, l'autrichien OMV et le norvégien Statoil. La fermeture des champs va également avoir un impact sur la Compagnie générale de l'électricité qui annonce «un déficit d'environ 2500 mégawatts» et un allongement inévitable des heures de coupure de courant dont souffrent les Libyens depuis de nombreux mois, quotidiennement. Vendredi dernier, 17 candidats à l'élection présidentielle prévue le 24 décembre ont exprimé publiquement leur «résignation» face à l'inévitable report du scrutin, et ce en l'absence d'une quelconque communication officielle à ce sujet. De plus en plus nom-breux, responsables politiques et militaires ainsi que les candidats de toute tendance n'hésitent plus à déplorer un tel report dans le processus de sortie de crise, convaincus que l'absence d'une liste officielle des candidatures et les désaccords manifestes entre les clans rivaux sur l'indispensable base juridique et constitutionnelle de l'élection rendent cette issue plus que certaine. Or, la Haute commission nationale électorale (HCNE), en charge de l'organisation de l'événement, a affirmé, ces derniers jours, «être prête à relever le défi» tout en attribuant la responsabilité d'une décision de report à la Chambre des représentants, le Parlement basé à Tobrouk, qui l'avait sommée de lui soumettre et la liste des candidatures et les motifs qui ont conduit à valider certaines d'entre elles, malgré le rejet initial. Du coup, ni la HCNE ni le Parlement ne veulent endosser la responsabilité d'une officialisation de l'ajournement du scrutin, tant attendu par le peuple libyen, se renvoyant, à tour de bras, le colis empoisonné. Les 17 candidats qui ont pris acte de cet état de fait ont demandé à la HCNE «les raisons pour lesquelles il n'y aura pas d'élection à la date prévue». La réponse ne viendra sans doute pas, mais tous les Libyens savent exactement à quoi s'en tenir, l'impasse dans laquelle se trouve la HCNE étant celle d'un blocage sévère qui fait de la publication de la liste officielle des candidats un engin explosif.