Une opération de vente en Espagne d'un ensemble de biens immobiliers mal acquis a été mise en lumière, grâce à la vigilance de l'Etat algérien qui en a révélé l'existence. L'intérêt du gouvernement tient dans la nature de ces biens et l'identité du vendeur. Les sources bien informées ont, en effet, révélé à L'Expression qu'il s'agit de 3 hôtels, dont le groupe Haddad s'était rendu acquéreur et qu'il avait mis en vente. Découverte à temps, cette transaction, affirment nos sources, ne devrait pas s'effectuer pour la simple raison que sur décision de la Justice algérienne, tous les biens détenus par Ali Haddad avaient fait l'objet d'une saisie et d'une confiscation légale, à l'issue d'un procès public sur des faits de détournement et de corruption. De fait, les 3 hôtels espagnols, objets de l'opération de vente, sont bel et bien la propriété de l'Etat algérien, au même titre que tous les actifs et les passifs du groupement d'entreprises liés à l'Etrhb. Les pouvoirs publics sont d'autant plus à l'aise dans leur réclamation de ces biens immobiliers, dont tout le monde, en Algérie et ailleurs, connaît parfaitement l'origine de l'argent qui a servi à l'achat de ces hôtels. Il convient de rappeler simplement que la législation algérienne interdit ce genre de tran-saction qui supposerait en amont une série d'actes délictuels, en rapport avec l'usage et le transfert illégal de la devise. Dans ce cas de figure, le délit est aggravé par l'ampleur de la fraude qui a permis à un seul homme d'acquérir 3 établissements hôteliers en activité, dont l'un compte parmi les plus prestigieux de la péninsule Ibérique. On retiendra parmi les acquisitions de Ali Haddad, le plus bel et le plus prestigieux hôtel de Barcelone. Seul un grand magnat ou un capitaine d'industrie «né avec une cuillère en argent», descendant d'une longue lignée d'industriels peut s'offrir légalement ce genre d'établissement. Le patron de l'Etrhb, quoi qu'il puisse dire de la valeur de son entreprise, n'a pas le profil de l'emploi. S'approprier un palace accueillant traditionnellement les activités les plus en vues du royaume, à l'image du plus célèbre Prix littéraire espagnol, revient à disposer d'une manne financière très conséquente. Cela pour le contexte. Pour ce qui concerne les faits, il faut savoir que l'hôtel Ritz de Barcelone a été racheté par la société Aginyo pour la somme impressionnante, pour un entrepreneur algérien, de 68 millions d'euros. Le journal espagnol L'Expansion, qui a fait état de la transaction, cite le nom de Ali Haddad, comme patron de la société. Sur le coup, le propriétaire de l'Etrhb dément l'information et parle d'un homonyme. Mais plusieurs années après cette opération d'achat et à la lumière du procès qui lui a été intenté, Ali Haddad a reconnu la propriété de son groupe sur le Ritz de Barcelone. Et la preuve éclatante de cet état de fait est cette tentative de revente de l'établissement. L'alerte sonnée par l'Etat algérien auprès des autorités espagnoles ne relève pas d'une quelconque fausse appréciation. La réaction du gouvernement est basée sur des actes documentés et prouvés. Et la vigilance de l'Etat n'a pas concerné seulement l'opération la plus visible. Les limiers algériens ont repéré deux autres transactions actuellement en cours. C'est dire le travail de fourmi et d'investigation abattus par les enquêteurs qui ont su lever les bons lièvres. Cette alerte vient confirmer les promesses du président Tebboune qui s'est engagé à traquer les biens mal acquis. Il en a fait l'un des axes prioritaires de son programme. Le gouvernement espagnol, qui se voit automatiquement interpellé pour statuer sur la légalité ou pas de ces opérations de ventes, n'est pas, à proprement parler, face à un dilemme sur cette question précisément. Il est des évidences qui ne peuvent échapper à personne. Et dans le cas présent, une simple vérification ferait éclater la vérité. Il n'y a pas anguille sous roche. Le propriétaire des biens mis en vente ne peut en aucun cas justifier d'une origine légale de la somme faramineuse qui a servi à l'achat de ces hôtels. La justice algérienne a déjà statué et il est tout à fait établi que ces biens sont désormais la propriété de l'Etat algérien et il lui revient, à lui seul, de décider quoi en faire. L'Espagne qui considère l'Algérie comme partenaire majeur, a toutes les preuves en face pour déclarer caduques ces transactions, frappées d'illégalité au regard de la loi, que celle-ci soit algérienne ou espagnole.