Le chef de la diplomatie saoudienne est depuis hier à Damas, pour la première visite d'un responsable saoudien depuis le début de la guerre en 2011, consacrant la réconciliation entre le poids lourd régional et la Syrie. Les médias ont été conviés par le ministère syrien de l'Information à l'aéroport international de Damas pour l'arrivée du ministre Fayçal ben Farhane, hier soir. Cette visite intervient une semaine après celle du MAE syrien Fayçal Moqdad en Arabie saoudite, la première également depuis 2011. L'Arabie saoudite, chef de file des pays du CCG, a rompu les relations en 2012 et soutenu des groupes rebelles au début de la guerre. Mais après le séisme de février qui a secoué la Turquie et la Syrie, le royaume a fait un premier geste en envoyant de l'aide humanitaire. En mars, la Syrie et l'Arabie saoudite ont eu des discussions sur une reprise des services consulaires et le 12 avril, le ministre syrien des AE a effectué une visite inopinée à Djeddah. Dans un communiqué commun, les ministres syrien et saoudien des AE avaient alors évoqué l'objectif de «ramener la Syrie dans le giron arabe». Le président syrien Bachar al-Assad avait déclaré dans une interview le mois dernier que l'Arabie saoudite avait «pris un tournant différent depuis quelques années», et que la Syrie n'était plus «un terrain d'affrontement saoudo-iranien». La réconciliation syro-saoudienne intervient dans un contexte d'apaisement des tensions du royaume pétrolier avec son grand rival régional, l'Iran, qui soutient politiquement, militairement et économiquement le régime de Damas. Les deux poids lourds du Moyen-Orient, qui avaient rompu leurs liens en 2016, avaient conclu en mars un accord inattendu, négocié par la Chine, en vue d'une reprise de leurs relations. Les deux pays se sont engagés à oeuvrer ensemble pour «la sécurité et la stabilité de la région». Bachar al-Assad mise sur une pleine normalisation avec les riches monarchies du Golfe pour financer la reconstruction de son pays. Mais le Qatar, soutien des rebelles syriens, reste hostile alors que d'autres pays comme les Emirats arabes unis ont renoué leurs relations avec Damas. L'Arabie saoudite a accueilli une réunion de neuf pays arabes pour un éventuel retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, dont elle a été exclue en 2012, avant la tenue du prochain sommet le 19 mai dans le royaume. Mais la réunion n'a pas débouché sur une décision.