La mouvance islamiste a une caractéristique politique qui s'identifie, d'une manière systématique, à la démarche totalitaire en ce qui concerne l'approche à adopter et/ou une initiative politiques à prendre avec le reste du gotha politique que renferme la scène nationale. L'exemple de l'Initiative nationale pour la consolidation de la cohésion nationale et le renforcement du front interne, est un cas flagrant quant à la lecture faite par le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et son rejet, d'une manière édulcorée, de l'initiative, étant donné que la démarche n'est pas l'apanage d'un peaufinement obéissant à une logique étroite reflétant les calculs politiciens dudit mouvement et sa quête d'hégémonie et la mainmise sur toutes les initiatives et les propositions qui ont trait à l'impasse politique ou les blocages qui peuvent s'exprimer au niveau du pays. Les partis islamistes se positionnent comme forces extra-partisanes, alors que la démarche adoptée par eux est foncièrement partisane, voire même communautariste. Le MSP ne voit pas d'un bon oeil la démarche adoptée par le mouvement El Bina, présidé par Abdelkader Bengrina, un transfuge du Mouvement de la société pour la paix. Rappelons, au passage, que l'Initiative nationale pour la consolidation de la cohésion nationale et le renforcement du front interne, n'est pas du tout l'oeuvre ni la proposition du mouvement El Bina. Elle est l'oeuvre du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a lancé un appel solennel aux partis politiques, à la société civile et à des personnalités politiques à se rassembler dans le cade d'un front interne pour barrer la route aux ennemis du pays, qui de l'intérieur, qui de l'extérieur, veulent déstabiliser le pays. L'ex-président du Conseil consultatif du MSP, Abderrahmane Saidi, a souligné en la matière qu'«aucun parti sur la scène nationale, n'est contre la consolidation du front interne ou la défense des intérêts du pays, y compris le MSP et que ce dernier n'est pas contre les initiatives politiques mais contre certaines visions», a-t-il expliqué. Mais dans un autre registre, Saidi a rappelé d'une manière claire et nette que «le Mouvement El Bina n'est pas à sa première initiative. Mais l'important, ce n'est pas dans le nombre d'initiatives lancées mais dans leur efficacité. Nous partageons comme tout le monde les grandes lignes de cette initiative, mais elle reste sans vision, sans mécanismes et sans feuille de route. Que des généralités. L'initiative doit s'inspirer des revendications du Mouvement populaire qui a réclamé la rupture avec les anciennes pratiques. Nous émettons donc des réserves concernant cette initiative, car nous ne sommes pas des amateurs, pour de telles initiatives mais des professionnels. Comme nous tenons à notre indépendance décisionnelle», a-t-il tonné. Pour rappel, le Mouvement populaire auquel Saidi fait allusion avait rejeté d'emblée la présence des partis politiques qui étaient vus comme une partie prenante du régime incarné par l'ex-président Abdelaziz Boutefklika. Ce qui est sûr, c'est que le MSP à travers son représentant, Abderrahmane Saïdi, rejette la démarche dans la forme et dans le fond, c'est-à-dire un rejet tactique, puisque ceux qui sont derrière la coordination de l'initiative appartiennent au mouvement El Bina. D'ailleurs le coordinateur national de l'initiative est Abdessalam Guerimesse, un membre au sein du mouvement El Bina. Les islamistes, même s'ils donnent l'image d'une «famille» soudée et qui constitue un bloc compact, la réalité est toute autre, les rapports qu'ils entretiennent cachent bien les luttes intestines, de leadership et de mainmise en général, et au sein de leur mouvance en particulier. Les réserves exprimées par le MSP sont de nature subjective, en rapport avec un autre parti islamiste en quête d'une présence politique et d'une étoffe à même de supplanter les autres partis islamistes, et les détrôner. C'est pourquoi il faut analyser et appréhender la démarche, et la position du MSP dans le cadre d'une approche chère à la mouvance islamiste de par le monde et l'histoire, à savoir l'hégémonie et l'accaparement de toutes les initiatives sans rivaliser avec eux ni les concurrencer. C'est le propre d'un parti islamiste, un parti totalitaire et au-dessus de tous les partis.