Le recul manifeste des mouvements islamistes dans la scène politique nationale renseigne sur l'ampleur de la crise qui secoue la mouvance qui a connu ses heures de gloire au lendemain des événements d'octobre 1988. Mais force est de constater qu'à travers l'éveil de la société sur la chose politique et les expériences passées, le temps de la démonstration de force est bel et bien fini. La nébuleuse islamiste vit une situation d'impasse rarement vécue depuis plusieurs décennies. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Front de la justice et de développement (FJD) et le mouvement El-bina, sont des partis qui se réclament de la mouvance islamiste. Ils se montraient avec ostentation comme étant des mouvements ne souffrant d'aucune représentativité et d'ancrage au sein de la société. Cette assurance les a poussés à croire que toutes les Assemblées élues du pays y compris le Parlement, seront entre leurs mains sans coup férir. Voilà que les choses ne se réalisent pas telles qu'ils croyaient, et que la situation semble avoir pris une trajectoire des plus catastrophiques et désastreuses depuis leur création à ce jour. La problématique des islamistes réside dans leur constitution programmatique et discursive. La politique est vue à leur niveau comme étant un piédestal pour réaliser un objectif caché. Donc, la démarche adoptée par cette mouvance consiste à faire de la politique juste un moyen. C'est ce machiavélisme que les islamistes sont en train de payer aujourd'hui chèrement. Cette attitude versatile et hypocrite n'a pas tardé à être dévoilée en plein jour. Le peuple a suivi le parcours de cette nébuleuse et son discours aux antipodes de la réalité concrète. C'est dire que la société est en train de connaître des changements et de nouveaux réflexes quant aux projets et aux programmes des partis politiques et leurs agissements sur le terrain et d'une manière palpable. La crise que vit la mouvance islamiste est profonde, c'est-à-dire que la matrice de cette dernière est complètement détruite. L'argumentaire et le corpus auxquels elle se référait, ne font plus recette. Depuis des décennies les islamistes ne faisaient que répéter les mêmes rengaines et les mêmes clichés. Ils recouraient à des prismes et des schèmes préétablis et préconçus. Jamais la mouvance islamiste n'avait proposé un programme politique, économique et social reflétant la réalité concrète et vécue par les Algériens et les Algériennes. Ils ont de tout temps essayé de détourner la situation réelle en la transformant en des questions qui s'inscrivent en porte-à-faux par rapport aux enjeux qui concernent la majorité du peuple. Ils ont toujours joué sur les clivages et des antagonismes d'ordre idéologique et religieux. C'est une manière propre à eux pour mettre de la pression mentale sur la société avec leur discours anachronique et en contradiction totale avec les urgences qui impriment la société et la nécessité de les dépasser. La bérézina qui a frappé de plein fouet les islamistes est un signe avant-coureur qui renseigne sur les préjugés que les Algériens construisent sur les partis qui s'autoproclament représentants de l'islam, une façon perfide et hypocrites de montrer les autres partis comme étant des mouvements à l'opposé de l'islam. Fini le temps de la rente symbolique et religieuse. Un parti politique est d'abord un programme, le programme doit être la résultante et la quintessence d'un travail concret et d'une analyse émanant de la société et de ses exigences réelles. La période où les promesses relevaient des chimères et des charades est révolue d'une manière irréversible.