Le sélectionneur du Burkina Faso, futur adversaire des Verts à la CAN 2024, revient dans cet entretien exclusif accordé à L'Expression sur ce duel au sommet du groupe «D» qui opposera l'Algérie au Burkina en janvier prochain. Hubert Velud, désigne ses favoris pour cette phase finale de la CAN prévue en Côte d'Ivoire et évoque avec beaucoup d'émotions son passage en Algérie, avec notamment l'USM Alger, le CSC, l'ES Sétif et la JS Kabylie. L'Expression: Tout d'abord comment se déroule la préparation du Burkina-Faso pour ces deux premiers matchs des éliminatoires de la Coupe du monde 2026? Hubert Velud: Je dois d'abord dire, qu'on est dans un groupe où sur les 6 équipes engagées, seule une sélection possède son propre terrain pour recevoir, en l'occurrence l'Egypte. Sinon, tous les autres n'ont pas de stade. C'est pour cela qu'on va débuter ces éliminatoires (CM 2026) au Maroc. Après, à l'heure où je vous parle, il n'y a pas trop de blessés, on comptera sur l'ensemble de nos joueurs pour ces deux premiers matchs face à la Guinée-Bissau et l'Ethiopie. Ça s'annonce un peu compliqué compte tenu qu'on jouera en réalité ces deux rencontres loin de chez nous. Justement, jouer à l'extérieur vos matchs dans ces éliminatoires, est pénalisant pour vous n'est- ce pas? On aurait aimé, bien entendu, jouer chez nous à Ouagadougou mais bon, je dois dire qu'on s'est habitué car depuis que je suis ici au Burkina, on reçoit nos matchs à l'extérieur pour des raisons connues. Après comme vous le dites, on est pénalisé par rapport à cela, mais il faut faire avec. Je dois rappeler qu'on s'était qualifié pour la CAN en jouant nos matchs à Marrakech. Là-bas, on se sent un peu chez nous mais, il est bien clair qu'on préfère jouer à Ouagadougou devant 50000 supporters que de jouer au Maroc devant 500 supporters. Juste après, il y a aura la CAN 2024 en Côte d'Ivoire, comment vous préparez-vous à cette échéance? Oui, on est déjà projeté sur la préparation de la coupe d'Afrique des nations 2024. D'ailleurs, au moment où vous m'appeliez, j'étais en réunion avec les dirigeants de la fédération pour statuer sur certains points liés à notre préparation pour la CAN. C'est dire qu'on est en plein dedans. On sait que pour faire une bonne CAN, il nous faut une très bonne préparation. Maintenant, je n'ai pas les détails mais on devrait si tout se passe comme convenu se préparer au Moyen-Orient dans un pays du Golfe. Des rencontres amicales, il y en aura sûrement, après, je ne peux donner plus de précisions car rien n'est encore acté. On en saura plus sur ce point là, d'ici une semaine. Parlant du groupe «D» de la CAN, quelle est votre analyse sur les équipes qui la contiennent? D'emblée, on peut dire que l'Algérie est le favori naturel de ce groupe. Après le reste, je pense que c'est équilibré. Avec la présence de deux autres sélections assez bonnes, comme l'Angola et la Mauritanie qui peuvent jouer les trouble-fêtes. On ne sous-estime personne mais je crois que pour le Burkina, nous avons une bonne chance d'accompagner l'Algérie au second tour dans ce groupe «D» qui je dois le rappeler, reste ouvert et homogène. Certains pensent que ça va se jouer à trois, entre l'Algérie, le Burkina et l'Angola. Que pensez-vous de cette équipe de la Mauritanie? La Mauritanie, reste pour moi une équipe accrocheuse. On les a joués il n'y a pas longtemps (ndlr: victoire du Burkina 2-1) et je peux vous dire qu'elle peut embêter beaucoup de monde y compris l'Algérie. C'est une équipe vraiment pas facile à manoeuvrer. Sinon, c'est sûr que dans ce groupe, l'Algérie est le grand favori pour dominer cette poule, et peut-être même remporter le trophée, il n'y a pas de doutes là-dessus. Qu'est-ce qui vous fait croire que l'Algérie sera le grand favori pour le sacre, alors qu'elle était sortie du premier tour en 2022 au Cameroun? C'est le potentiel qui existe dans cette équipe algérienne qui me fait dire cela. Même si je crois que le match amical de l'Egypte n'était pas très accompli, en matière de volume de jeu mais je crois que cette nouvelle génération et ce nouveau groupe de joueurs qui émergent fait que l'Algérie est une sélection redoutable. Il s'agit d'un groupe de joueurs de talent et d'un niveau très élevé et on a pu le vérifier avec aussi ce match plein sorti à Dakar face au Sénégal dans des conditions de compétition officielle. Et puis, Belmadi fait un travail intelligent en renforçant son groupe par des jeunes éléments prometteurs qui ont soif de s'illustrer et gagner des titres à l'instar de Gouiri, Bouanani, Chaïbi, Amoura et d'autres. Hubert vous allez jouer contre l'Algérie, un pays où vous avez connu de la réussite avec certains clubs, qu'est-ce que cela vous fait? Franchement, c'est très émouvant. Pour moi, je vais jouer contre des frères et des amis. Ce sera un match particulier et spécial, comme vous pouvez l'imaginer. Après, je suis très heureux de retrouver mes amis algériens mais à la prochaine coupe d'Afrique des nations, il va falloir mettre les sentiments de côté, car c'est un match qui peut marquer dans un sens comme dans l'autre, ma carrière. Malgré sa sortie au premier tour à la dernière CAN, d'aucuns pensent que l'Algérie reste un favori pour le sacre, qu'en est-t-il des autres prétendants, selon vous? C'est vrai que cette élimination précoce de l'Algérie reste une tâche négative, mais il faut rappeler dans quel contexte s'est jouée cette dernière CAN au Cameroun (ndlr: pandémie de Covid-19). Après, le potentiel de l'Algérie que je qualifierai d'énorme lui permet de postuler à une place en finale ou dans le dernier carré. Sinon, la compétition cette année sera à mon avis très ouverte, entre l'Algérie, le Maroc, le Sénégal, et aussi la Côte d'Ivoire. Il faut se méfier de cette équipe. Lorsque vous regardez les joueurs qu'elle compte, il y a de quoi faire attention. Pour moi, avec le Cameroun, la Côte d'Ivoire reste aussi un grand potentiel de joueurs de haut niveau qu'il ne faut pas sous-estimer. Et l'Egypte le dernier finaliste de la dernière CAN, vous la voyez comment? Je pense que cette sélection n'est plus celle qui dominait l'Afrique par le passé avec une grande expérience des titres gagnés et des joueurs aguerris mais bon, je crois qu'elle est d'un degré moindre un favori, lorsqu'on sait que cette équipe possède des stars à l'image de Mohamed Salah. Après les favoris pour moi sont l'Algérie, le Maroc, le Sénégal et la Côte d'Ivoire. Et le Burkina dans tout cela? On va tout faire pour réaliser le meilleur parcours possible. On travaille fort pour y arriver. On a un bon groupe et sachez qu'on ne lésinera pas sur l'effort pour rendre fier le peuple burkinabè. Vous suivez toujours le Championnat algérien? C'est sûr. Je suis toujours le Championnat algérien et je sais qu'il était à l'arrêt et qu'il devrait reprendre bientôt. Vous savez, j'ai de bons souvenirs dans ce beau pays. Pour votre information, deux secondes après le tirage au sort de la CAN 2024, qui nous a mis dans le même groupe que l'Algérie, j'ai reçu plusieurs appels de mes amis algériens. C'est vous dire que je n'ai jamais coupé les ponts avec l'Algérie et les Algériens. Vous allez être pour l'Algérie à la CAN alors? Ah non, mon ami! Je serai pour Burkina Faso à mille pour cent (rires). Après, bien sûr, ce sera l'Algérie (il rit franchement). Un dernier mot aux Algériens, peut-être? Ah oui bien sûr! Je voudrai profiter de cet entretien pour saluer tous mes amis là-bas, et souhaiter aussi bonne chance à toutes les équipes que j'ai connues là-bas. Au risque de me répéter, ce que j'ai vécu en Algérie, reste une aventure humaine et sportive exceptionnelle. Vous allez peut-être y revenir alors? À présent, j'ai une mission qui me tient à coeur avec le Burkina Faso, et j'ai envie de la réussir et bien la mener, après comme on dit en Algérie: «À bientôt Inch'Allah!» (rires).