La campagne pour le référendum constitutionnel prévu le 17 décembre au Tchad s'est ouverte hier, étape-clé vers des élections promises, puis repoussées à 2024, par la junte militaire au pouvoir depuis deux ans et demi. La nouvelle Constitution proposée n'est pas très éloignée de la précédente qui concentrait déjà d'importants pouvoirs dans les mains du chef de l'Etat. Les partisans du oui militent pour un Etat unitaire, et ceux du non prêchent pour le fédéralisme. Mais au -delà de cette opposition, le vote dessine une forme de plébiscite selon l'opposition, des ONG et des politologues: pour ou contre le maintien, par des élections, du général Mahamat Idriss Déby Itno, président de transition, et la perpétuation d'une «dynastie», après 30 années de règne absolu de son père Idriss Déby Itno, tué en 2021. Plus de 8,3 millions de Tchadiens, sur une population de 18 millions, seront invités à voter dans ce pays sahélien. Le Tchad était le deuxième pays le moins développé au Monde en 2022, selon l'Indice de Développement Humain (IDH) de l'ONU, et classé 167ème sur 180 pays dans l'Indice de perception de la corruption de Transparency international. Le 20 avril 2021, une junte de 15 généraux proclame son chef, le général Mahamat Déby, 37 ans, Président de transition, à la mort de son père tué par des rebelles en se rendant sur le front. Il promet aussitôt de rendre le pouvoir aux civils par des élections «libres» après une «transition» de 18 mois. Et de ne pas s'y présenter. Mais 18 mois plus tard, sur recommandation d'un «Dialogue national» boycotté par la majorité de l'opposition et les plus puissants groupes rebelles, Mahamat Déby prolonge de deux ans et s'autorise à participer à la future présidentielle.