Le centenaire de la naissance de Krim Belkacem s'achève sur un goût d'inachevé. C'est normal, au regard de l'héritage sans commune mesure de la personnalité de Krim Belkacem. Il est né le 15 décembre 1922.Nous avons collectivement rendu hommage à ce géant de l'histoire algérienne, mais sans pour autant que nous ayons été complétement à la hauteur de ce rendez-vous historique. La dette due à l'engagement de ce combattant de la première heure pour la dignité, de ce révolutionnaire historique, est immense. Nous devons notre liberté à Krim Belkacem. L'Histoire lui rendra hommage à sa juste valeur. Les futures générations sauront s'extraire des larmoiements du présent et des insuffisances du passé. Avec une objectivité et des analyses sérieuses, elles feront la lumière sur le combat, la contribution et les sacrifices qu'a consentis cette figure de la révolution algérienne pour que l'Algérie recouvre sa liberté et sa dignité. Oui, nous sommes encore redevables à sa mémoire et à son combat! Aujourd'hui, il n'est pas question de revisiter dans le détail son parcours de militant nationaliste, de maquisard, de ministre de la Guerre d'Algérie, de ministre des Affaires étrangères et de l'Intérieur. Il faut pourtant rappeler que son combat pour arracher l'indépendance de l'Algérie a duré 15 années consécutives, de 1947 à 1962; qu'en sa qualité de signataire des accords d'Evian et pour avoir imposé la voie vers le cessez-le-feu, il a permis que la paix puisse prévaloir, enfin que la guerre d'Algérie cesse. Certains diront qu'il est le père de l'Etat algérien. Le bilan de ce centenaire ne sera jamais satisfaisant, mais il est à souligner que cette occasion a permis de revisiter la trajectoire de l'homme et son héritage sous des angles nouveaux. Il était à la fois un militaire, un politique et un stratège, et doté d'une intelligence exceptionnelle. Il a su résister aux différents combats contre la France coloniale, ainsi qu'aux maintes crises successives au sein du FLN. Son seul objectif: le combat contre le colonialisme et recouvrir l'indépendance de l'Algérie. Lors de l'inauguration de ce centenaire, le 20 mars, l'écrivaine et ancienne militante au sein de la délégation du GPRA à New-York à l'ONU en 1960, Elaine Mokhtefi, dira:«Nous autres étions de piètres combattants, probablement fondamentaux, néanmoins, des gens qui maniaient paroles et plumes. Nous savions aussi que Krim menait le combat depuis de longues années, bien des années avant le 1er Novembre, avec des armes essentielles, des armes de guerre». Le centenaire a été une belle introduction à l'Histoire. Il a levé le voile sur le libérateur et l'homme de paix que fut Krim Belkacem. Une brillante initiative, une invitation au débat, à l'écriture scientifique du parcours d'un homme hors pair. Il faut remercier les médias algériens et français d'avoir couvert cet évènement, tout particulièrement l'Académie de géopolitique de Paris où l'inauguration s'est déroulée. Bien entendu, le manque d'expositions, de conférences, de colloques et de publications durant cette année ouvre le champ à d'autres perceptives constructives. À souligner également de belles satisfactions, les réseaux sociaux ont accaparé le «Lion du Djurdjura». Les intellectuels, les historiens algériens et étrangers ont unanimement salué cet hommage. L'héritage historique de Krim Belkacem dépasse les contours de la guerre d'Algérie. Il était, certes, Algérien, mais pas seulement, il était également Africain et un véritable humaniste. Il porta une vision ambitieuse pour l'Afrique, la liberté et l'émancipation politique et économique. Krim Belkacem brillait, sa vision avant-gardiste gênait, au-delà du territoire national. Son départ précoce et tragique dû à son assassinat impardonnable devant l'Histoire a laissé une Algérie et une Afrique orphelines. En créant le parti du Mouvement démocratique pour le renouveau algérien (Mdra) le 18 octobre 1967, le premier parti libéral algérien, Krim Belkacem souhaitait orienter le pays vers la voie de la démocratie, de la modernité, de l'ouverture et du développement. Il revient désormais aux historiens de nous éclairer encore davantage sur cette personnalité historique et si singulière qu'était Krim Belkacem, le grand révolutionnaire et l'homme de la paix.