L'armée sioniste bombardait hier Rafah, ville du sud de Ghaza où s'entassent plus d'un million de Palestiniens déplacés par la guerre, sur fond de crainte d'un «désastre» humanitaire de son allié américain qui juge «excessive» son agression. Signe des vives tensions au Moyen-Orient dans le sillage des crimes sionistes à Ghaza, des salves de roquettes ont été lancées dans la nuit depuis le Liban vers le nord d'Israël, peu après une frappe aérienne israélienne contre un dirigeant militaire du Hezbollah libanais, et les Etats-Unis ont mené des bombardements contre les rebelles Houthis au Yémen. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui a conclu jeudi une tournée régionale visant à encourager les efforts pour obtenir une trêve, a exhorté Israël à «protéger» les civils dans ses agressions barbares contre Ghaza, incluant Rafah. Après des opérations terrestres à Ghaza City, puis à Khan Younès, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné de préparer une offensive sur Rafah, ville située à la frontière, fermée avec l'Egypte, où s'entassent 1,3 million de Palestiniens dont la grande majorité sont des personnes déplacées par les bombardements massifs sionistes depuis le 7 octobre. Washington a averti jeudi d'un «désastre» à Rafah et assuré ne pas soutenir une opération «sans une planification sérieuse et crédible». «Je pense, comme vous savez, que la riposte à Ghaza, dans la bande de Ghaza, a été excessive», a déclaré le président américain Joe Biden, dans une rare critique à l'égard d'Israël. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit «alarmé» par une opération terrestre sur place. «Une telle action aggraverait de façon exponentielle l'actuel cauchemar humanitaire dont les conséquences régionales sont déjà incalculables», a-t-il écrit sur le réseau social X. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des témoins ont fait état de frappes mortelles dans le centre et le sud de Ghaza. Et le Croissant-Rouge palestinien s'est désolé de la mort de trois enfants à Rafah. Sur place, les raids aériens et les craintes locales d'opération terrestre n'ont pas complètement découragé Husam Abdul Hadi, un Palestinien de 20 ans, qui y vend des roses pour alléger les cœurs.»Notre objectif est de ramener un sourire sur tous les visages, de changer leur humeur, de les rendre heureux et de les faire rire», dit-il. «Je l'ai trouvé en train de vendre des roses, alors j'ai voulu acheter quatre roses, parce que j'ai quatre enfants. Je veux les offrir à ma femme, et j'espère que nous passerons le cap de la guerre et que nous vivrons en paix», dit l'un de ses clients Abou Elias Mehanna. «Ghaza n'est plus Ghaza», a témoigné le ministre de la Culture de l'Autorité palestinienne, Atef Abou Seif, qui se trouvait à Ghaza pour lancer la Journée du patrimoine palestinien lorsque l'agression sioniste a commencé. Il y est resté coincé 90 jours. L'agression sioniste, marqué par de nombreux crimes de guerre et crimes contre l'humanité, a fait au moins 27.840 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan du ministère de la Santé à Ghaza. Au Caire, un «nouveau cycle de négociations», parrainé par l'Egypte et le Qatar avec la participation du Hamas, a débuté jeudi pour obtenir «le calme dans la bande de Ghaza» ainsi qu'un échange de prisonniers palestiniens et d'otages, selon un responsable égyptien. Un accord avait permis fin novembre une pause d'une semaine dans les combats, l'acheminement de davantage d'aide à Gaza, la libération d'une centaine d'otages et de quelque 240 prisonniers palestiniens détenus dans les geôles de l'entité sioniste. Cette fois, les pourparlers portent sur une trêve de plusieurs semaines.»Nous nous attendons à des négociations très (...) difficiles, mais le Hamas est ouvert aux discussions et désireux d'arriver à un cessez-le-feu», a expliqué un responsable proche du Hamas. L'Arabie saoudite a reçu jeudi des chefs de la diplomatie du Qatar, de l'Egypte, de la Jordanie, des émirats, ainsi que Hussein al-Sheikh, ténor de l'Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas, rival politique du Hamas, pour des «consultations» sur la situation à Ghaza. Selon l'agence saoudienne SPA, ces hauts responsables ont appelé à un «cessez-le-feu immédiat et total à Ghaza» et ont appelé à des mesures «irréversibles» en vue de la création d'un Etat palestinien indépendant. Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, dont le pays mène un «axe de la résistance» contre Israël, était attendu hier au Liban.