Réagissant avec une rapidité et une fermeté exceptionnelles à des déclarations américaines du porte- parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, John Kirby, puis du secrétaire d'Etat, Antony Blinken, durant sa tournée au Moyen-Orient, l'Arabie saoudite, gardien des premiers lieux saints de l'Islam, a fustigé, mercredi dernier, les propos relatifs à des «discussions positives» en vue d'une normalisation des relations avec l'entité sioniste. Cette réaction est importante car elle intervient au moment de la visite que le général d'armée, Saïd Chanegriha, chef d'état-major de l'ANP, effectue en qualité de représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Il a été reçu, ainsi que la forte délégation qui l'accompagne, par le ministre de la Défense des Forces armées saoudiennes, son Altesse royale le Prince Khalid Bin Salman Bin Abdulaziz Al Saud, et par le chef d'état-major général des Forces armées saoudiennes, le général d'armée Fayad bin Hamed Al-Ruwaili. Les moments forts de cette visite n'ont pas échappé aux observateurs qui ont retenu l'importance des entretiens et la chaleur de l'accueil au moment où la région du Moyen-Orient est dramatiquement endeuillée par l'agression barbare sioniste contre la population civile palestinienne de Ghaza. Cette visite offre aux relations bilatérales une nouvelle dynamique, d'autant que les deux parties ont convenu d'approfondir les échanges à la fois militaires et autres. «Cette audience, à laquelle ont pris part de hauts responsables militaires des deux parties, a été consacrée à l'évaluation de l'état de la coopération bilatérale militaire entre l'Algérie et le Royaume d'Arabie saoudite, dont les relations fraternelles de longue date ont été tracées lors de nombreuses étapes déterminantes ayant marqué l'histoire commune des deux pays frères», indique-t-on. La réponse du MAE saoudien aux propos du «porte-parole du (Conseil) de sécurité nationale des Etats-Unis (...) a souligné fermement que «la position du Royaume d'Arabie saoudite n'a jamais changé sur la question palestinienne». La diplomatie saoudienne a aussi martelé qu' «il n'y aura pas de relations diplomatiques avec Israël tant qu'un Etat palestinien ne sera pas reconnu dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale», d'une part, et tant que «l'agression à Ghaza se poursuivra», d'autre part. En balayant les allégations des responsables américains selon lesquels il y aurait des «discussions qui vont bien» sur la normalisation avec l'entité sioniste, et que Washington aurait «reçu un retour positif des deux parties», Riyadh lève toute ambiguïté autour de cette question. Comme il réaffirme la position et la proposition de la Ligue arabe sur l'échange de «la terre contre la paix», une démarche constamment défendue et portée par l'Algérie, depuis de nombreuses années, et récemment devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Chef de file des monarchies arabes du Golfe et poids lourd du Moyen-Orient, l'Arabie saoudite avait amorcé des pourparlers avec les Etats-Unis, sur une éventuelle normalisation mais c'était bien avant l'agression barbare sioniste contre Ghaza. Depuis, elle conditionne la reprise des discussions non seulement à un accord «irrévocable» pour l'instauration d'un Etat palestinien indépendant, avec El-Qods-Est pour capitale mais, aussi, au cessez-le-feu à Ghaza. La semaine passée, au sortir de la rencontre avec Blinken, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, avait marqué son «fort intérêt» pour une normalisation avec Israël mais en la conditionnant à la fin de l'agression sauvage contre Ghaza et un calendrier pour la création de l'Etat palestinien. Ces exigences non négociables s'accordent pleinement avec celles de l'Algérie qui mène sans cesse le combat pour le droit du peuple palestinien à sa souveraineté et elles viennent en rupture avec toutes les compromissions et les sujétions d'autres Etats membres de la Ligue arabe. Celle-ci retrouve, à cet effet, matière à reprendre le flambeau au moment où la communauté internationale se mobilise en faveur du droit légitime d'un peuple martyre, confronté à une multitude de crimes de guerres et de crimes contre l'humanité.