L'élection présidentielle commence à être médiatisé par la classe politique. Même si ce thème d'importance politique par excellence n'a pas constitué un tabou pour les protagonistes et les acteurs politiques du pays. Le Rubicon vient d'être franchi au niveau de la classe politique en général et de l'opposition en particulier, à propos de la joute présidentielle, des conditions de son déroulement et des mesures qui doivent être prises afin de faciliter le processus électoral de la présidentielle de se manifester d'une manière transparente. Cette élection va se dérouler dans un contexte politique particulier, surtout que l'Algérie avait connu un événement grandiose et historique qui a tracé la voie vers l'élection présidentielle de 2019, à savoir le Mouvement populaire du 22 février 2019 qui a ébranlé l'Algérie, pouvoir et société, en exigeant un changement profond et en se débarrassant d'un statu quo qui n'a que trop duré, à savoir le 5e mandat de trop. La classe politique en général et l'opposition en particulier, savent très bien que l'enjeu de l'élection présidentielle de 2024 est différente des précédentes joutes d'avant le Mouvement populaire de 22 février. Les partis politiques sont face à un défi, celui de convaincre les populations qui ont investi la rue dans une manifestation nationale spontanée, exigeant le changement politique «en se débarrassant, y compris de la classe politique en place qui n'a pas su jouer son rôle politique en tant qu'instrument de changement politique». D'ailleurs, cette remarque a été rappelée aux chefs des partis politiques qui se prenaient pour un mouvement d'opposition, alors que la situation politique du pays s'est dégradée à cause de la complaisance desdits partis dans un statu quo qui favorisait l'immobilisme politique et l'inertie économique. Aujourd'hui, aucun parti ne peut se targuer de dire qu'il a la capacité de se transformer en dépositaire de la légitimité du peuple. Cette méthode populiste ne peut plus faire l'affaire des partis d' «opposition» dont le rôle se limite à apparaître une fois durant cinq ans juste pour profiter de l'ambiance électorale et toucher les dividendes. L'opposition qui est regroupée derrière le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le Front des forces socialistes (FFS), le Parti des travailleurs (PT) et d'autres courants politiques s'identifiant à ladite opposition, ne peuvent plus recourir aux alibis pour convaincre la société de son ancrage et de sa représentativité. La donne a changé, il y a lieu de revoir complètement le discours politique dans la perspective de mobiliser les masses et les convaincre en matière de programmes. Le MSP n'a pas caché sa participation à la joute présidentielle. Il a même innové cette fois-ci, en rappelant que «la question des prochaines élections sera débattue au sein du conseil consultatif, (Madjlis echoura) et c'est lui qui décidera de la manière, c'est-à-dire soit nous présenterons notre propre candidat ou alors un candidat du consensus...Le débat est ouvert», a tempêté le président du MSP, Abdelali Hassani Cherif. Ce parti semble avoir compris que l'enjeu politique de la prochaine présidentielle n'est pas l'apanage d'un seul parti, surtout que depuis cinq années les choses ont complètement changé, y compris la mentalité de l'électeur lambda. Le MSP sait que la présidentielle de 2024 ne ressemblera pas aux précédentes élections. Le PT, quant à lui, exige l'«ouverture du champ politique et médiatique susceptible de permettre une confrontation des idées qui offrira aux Algériens la possibilité de faire leur choix librement, ainsi que des mesures d'apaisement». En ce qui concerne le FFS, pour réussir l'élection présidentielle, il faut aller vers l'«abrogation de l'article 87 bis du Code pénal, qui constitue l'épée de Damoclès au-dessus de la tête des partis et des personnalités politiques». L'enjeu de la présidentielle de 2024 réside dans la véritable préparation de la classe politique en général et l'opposition en particulier sur les plans politique et programmatique. Autrement, cela ne sert à rien de bâcher et de rabâcher le même discours politique qui va mener le pays vers l'impasse qui a provoqué le 22 février 2019 avec tout ce que cela représentait comme situation particulière et dangereuse en termes de conséquences pour le pays.