Des explosions et des coups de feu sporadiques ont retenti hier matin dans un hôtel de Mogadiscio, capitale de la Somalie, plusieurs heures après une attaque de terroristes Shebab contre l'établissement situé près du palais présidentiel, selon les médias. L'attaque, revendiquée par le groupe islamiste affilié à Al-Qaïda, a commencé jeudi vers 21H45 (18H45 GMT) quand des hommes armés ont pris d'assaut l'hôtel SYL dans un déluge de balles. L'hôtel est situé à proximité de l'enceinte ultra-sécurisée de la Villa Somalia, un complexe fortifié abritant la présidence somalienne et les bureaux du Premier ministre.»Plusieurs hommes armés sont entrés de force dans le bâtiment après avoir détruit le mur d'enceinte à l'explosif», a indiqué un officier de sécurité, Ahmed Dahir. Le bilan de cet assaut n'était pas connu dans l'immédiat. Des témoins ont dit avoir entendu les assaillants tirer sans discernement.»Je ne sais pas s'il y a des victimes, mais il y avait beaucoup de monde à l'intérieur quand l'attaque a commencé», a dit Hassan Nur, qui a pu s'échapper en escaladant un mur.»Il s'agit d'une attaque très importante qui rompt l'impression de calme qui s'était développée à Mogadiscio ces derniers mois à la suite de certaines réformes sécuritaires», souligne Omar Mahmood, chercheur à l'International Crisis Group. Cette attaque durant le Ramadhan «constitue également un signal des Shebab: malgré les nombreux efforts annoncés par le gouvernement pour les affaiblir, le groupe reste actif et résilient, et est même capable de frapper le gouvernement près de chez lui», poursuit M. Mahmood. L'hôtel avait déjà été visé à plusieurs reprises depuis 2015 par les Shebab. Lors de la dernière attaque en date, en décembre 2019, cinq personnes, trois civils et deux membres des forces de sécurité, avaient été tuées. Les terroristes défient depuis plus de 16 ans le gouvernement fédéral somalien, soutenu par la communauté internationale. Ces rebelles liés à Al-Qaïda contrôlaient la capitale jusqu'en 2011, date à laquelle ils en ont été chassés par les troupes de l'Union africaine. Mais les Shebab restent implantés dans de vastes zones rurales du centre et du sud du pays, d'où ils mènent régulièrement des attentats contre des cibles sécuritaires, politiques et civiles. Le gouvernement du président Hassan Cheikh Mohamoud a lancé en août 2023 une vaste offensive, appuyée par la force de l'Union africaine présente dans le pays (Atmis), qui, après avoir permis la reconquête de territoires dans le centre de la Somalie, est actuellement à l'arrêt. Jeudi, le président somalien a tenu une «réunion stratégique» avec des responsables de la défense pour planifier la reconquête des territoires perdus, a rapporté l'agence de presse nationale Sonna.«Le président a salué les vaillants efforts des forces somaliennes et souligné la détermination intacte du gouvernement à éradiquer le terrorisme», selon Sonna. En juin 2023, six civils et trois policiers avaient été tués dans l'attaque d'un hôtel de Mogadiscio par un commando de shebab. Ils continuent de mener des attentats sanglants, soulignant leur capacité à frapper au coeur des villes et des installations militaires dans le pays de la Corne de l'Afrique de 17 millions d'habitants. Le 26 mai, ils ont attaqué une base tenue par des soldats ougandais de la force de l'Union africaine en Somalie (Atmis) dans le sud du pays, tuant au moins 54 soldats. Le 29 octobre 2022, deux voitures piégées avaient explosé à Mogadiscio, tuant 121 personnes et en blessant 333, l'attaque la plus meurtrière depuis cinq ans dans ce pays également touché par une sécheresse historique.