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Les Algériens «préfèrent» la viande congelée
SON PRIX ETANT PLUS ABORDABLE
Publié dans L'Expression le 09 - 10 - 2006

La seule question qui compte, en ces temps de dénuement: combien ça coûte?
Le couffin flasque ou râpé tenu par des mains tremblantes et usées, des ménagères, à l'orée de ce mois sacré, se ruent sur les présentoirs des vendeurs de viande congelée. Que ce soit au marché Ali-Mellah, à Meissonnier ou aux Trois-Horloges à Bab El-Oued, les questions relatives à la provenance du produit, au respect de la chaîne du froid ou encore à la valeur alimentaire, sont rarement posées. La seule question qui compte, en ces temps de dénuement, est: combien ça coûte?
En effet, cet engouement pour la viande congelée est dicté par l'important écart entre la viande fraîche et celle congelée. Les bouchers d'Ali-Mellah affichent 580DA le kilo pour la première et 440DA pour la seconde, quand il s'agit d'agneau. Le kilo de la viande bovine, quant à lui, est fixé aux alentours de 450DA la fraîche et 340 la surgelée. Contrairement à l'an dernier où le kilogramme de viande bovine se situait entre 280 et 320DA. Mais comparativement au début de l'été, un boucher du marché du Champ de manoeuvres nous a fait savoir que les prix ont connu une baisse sensible ces derniers jours. Il s'agit tout simplement de l'accroissement de l'offre. Beaucoup de facteurs expliquent cette baisse des prix à l' importation, dont, notamment, celui ayant trait à la décision des pouvoirs publics, depuis janvier dernier, de limiter l'activité de l'importation aux seuls opérateurs disposant d'un chiffre d'affaires minimal de 20 millions de dinars. Des cargaisons en provenance du Brésil et de l'Uruguay, ont d'ailleurs, submergé le marché depuis le mois écoulé, suite à la décision du département de Saïd Barkat d'importer 20.000 tonnes de viande congelée en prévision du Ramadhan.
Interrogés sur l'hygiène et les moyens de transport utilisés par les fournisseurs et les risques de rupture de la chaîne du froid, les hommes aux boutiques rouges, ont affirmé que les agents des services d'hygiène leur rendent visite régulièrement. Des inspections, ajoutent les bouchers, qui ont pour objet de s'enquérir de la qualité du produit, des conditions de stockage. Cela, en plus de la vérification des certificats de conformité, délivrés par des vétérinaires agréés. D'autre part, les bouchers se sont plaint du manque de salubrité aux alentours du marché où des amas d'épluchures et toutes sortes de déchets empestent les lieux. Etant situé au-dessous d'un parking, le marché Ali-Mellah, déplorent les commerçants, est souvent infesté par les gaz des véhicules qui pénètrent à travers la vulnérable toiture.
Au marché Meissonnier, la dynamique de vente de la viande congelée semble plus dense. Avec des écarts ne dépassant pas les 20DA d'un boucher à l'autre, les prix affichés ici, sont presque les mêmes que ceux d'Ali-Mellah. Sadek, boucher de père en fils exerçant depuis plus de 23 ans, nous a expliqué, sur son ton bon enfant, que le marché du congelé est sous l'emprise d'un petit nombre d'importateurs qui font la pluie et le beau temps. Il nous a appris, à titre d'exemple, que les prix de gros ont grimpé durant les mois de l'été dernier, de 200DA à 400DA le kilo, en raison de la flambée qu'a connue la viande fraîche lors de cette période. Le fait le plus marquant dans la tournée qui nous a menés à ces deux marchés, est l'indifférence des citoyens. «Donne-moi cent dinars de viande hachée», demande avec autorité, une sexagénaire décharnée, qui porte difficilement sa panière bourrée d'oignons et de pommes de terre. Cela, avant qu'une autre ménagère ne désigne au vendeur, deux côtelettes d'agneau qu'elle fourrera dans son panier avec autant de satisfaction que de confiance en la qualité de ce qu'elle vient d'acquérir. Aucun client, le temps que nous avons passé avec les bouchers, n'a daigné vérifier les étiquettes apposées sur les morceaux de viande emballés; ou du moins s'informer de quoi que ce soit. On regarde le prix, on fait attention à la balance, on compte bien la monnaie et c'est tout...
Malgré les assurances du ministère de l'Agriculture, affirmant que l'abattage des animaux se fait sous l'oeil d'associations et d'organismes islamiques chargés de contrôler la conformité de l'abattage selon les rites islamiques, nombreux sont les citoyens qui restent toujours méfiants à l'égard de ce produit. Au marché des Trois-Horloges, et à l'opposé des autres quartiers de la capitale, un nombre très restreint de boucheries propose de la viande congelée. Une ambiance digne des marchés asiatiques régnait, cet après-midi de samedi, dans ce quartier surpeuplé. Légumiers, poissonniers, vendeurs de volailles et bien d' autres marchands se disputent, dans une anarchie indescriptible, la faveur des clients, pauvres mais très nombreux. Des citoyens que nous avons approchés, ont exprimé leur méfiance à l'égard de «cette viande dont on ne sait si les animaux ont été égorgés ou non» et ce, malgré les étiquettes indiquant: «Abattage conforme aux rites islamiques», apposées sur les paquets.
Corpulent et la mine rougeâtre, un boucher qui a élu domicile en face du marché, n' a pas caché son aversion quand on lui a demandé s'il vendait de la viande congelée. «Jamais nous la vendons», affirme le gars, avec sa voix nasillarde, sans s'arrêter d'affûter ses couteaux. Cela, avant de nous envoyer à une boucherie moderne équipée d'une chambre froide et de plusieurs présentoirs frigorifiques. Le propriétaire nous a expliqué que la viande fraîche reste la plus demandée, malgré l'existence d'une certaine clientèle achetant de la viande congelée. Comme ce fut le cas à Ali-Mellah et Meissonnier, la viande congelée se vendait en petites quantités. «200DA de bifteck», «100DA de jarret» demandent, tour à tour, les clients. Un autre qui a acheté un kilo de viande fraîche, a suivi de son regard ses ex-billets jusqu'à leur entrée dans la caisse du marchand. Constat: les thèses qui font état de «la prohibition» de cette viande, tiennent bien la route dans cet immense quartier. Yazid, un boucher à Meissonnier, a bien résumé la situation en déclarant que: «Ceux qui doutent de la véracité des étiquettes n'achètent pas et ceux qui achètent sont, pour la plupart, des gens qui font confiance aux autorités chargées du contrôle de ce commerce. Comme il existe une autre catégorie de clients qui n'ont de considération que pour leur pouvoir d'achat».
Outre le Brésil et l'Uruguay, la viande congelée consommée chez nous, provient d'une multitude de pays exportateurs de ce produit. La France, l'Italie, la Nouvelle-Zélande, l'Argentine, l'Australie et l'Irlande sont, entre autres pays, les plus importants fournisseurs de l'Algérie. Selon les chiffres du Cnis (Centre national de l'informatique et des statistiques), l'Algérie a importé, depuis le mois de janvier dernier, plus de 30.000 tonnes de viande congelée d'une valeur dépassant les 76 millions DA. Une tradition d'importation tout à fait récente qui ne remonte, en fait, qu' à l'année 2003 où notre pays a importé, selon la même source, près de 41.000 tonnes d'une valeur avoisinant les 88 millions de dollars US.
Le directeur du département vétérinaire du ministère de l'Agriculture, le Dr Bougdour, explique que l'importation de viande congelée ne représente que 10% des besoins de consommation en Algérie, estimés à environ 400.000 tonnes par an. Soit une consommation mensuelle de près de 33.000 tonnes. Pour le mois de Ramadhan, la consommation, selon les prévisions du ministère de l'Agriculture, devra atteindre quelque 40.000 tonnes.
Concernant le respect de la chaîne du froid, et de contrôle de la qualité, des sources douanières ont indiqué que la viande arrive dans des containers doublement scellés par les douanes et les services vétérinaires. En cas de manque d'un scellé, la marchandise est systématiquement refoulée. Des outils appropriés déterminent les températures de la viande le long du voyage afin de constater s'il n'y a pas eu rupture de la chaîne du froid. Par la suite, une expertise documentaire et sanitaire interviendra sur place pour s'assurer de la validité du certificat sanitaire officiel et du bulletin d'analyses. Cela, ajoute notre source, avant que les services vétérinaires ne passent à l'examen des containers en présence des douanes et du transitaire. On procède, en fin de compte, à la vérification de la marchandise pour savoir si les carcasses découpées en morceaux sont conformes à ce qui est indiqué sur les étiquettes et dans les différents documents.
L'approvisionnement du marché national se fera, par la suite, sous la férule de quelques grossistes qui monopolisent le marché de la viande congelée. Ces derniers installés à El Achour, Bab Ezzouar, Birkhadem, ont la mainmise sur le marché parce qu'ils disposent de chambres froides pour stocker de grandes quantités de viande ainsi que de moyens de transport frigorifique. Lesquels moyens leur permettant d'assurer, selon les bouchers, une livraison à domicile pour leurs clients. Toutefois, la dernière décision du ministère de l'Agriculture de prendre en main l'importation, a constitué un coup dur à ces monopolisateurs qui assistaient, impuissants, à la baisse incessante des prix de ce produit.
Les familles algériennes semblent bien accueillir la viande congelée dans leur cuisine, bien que ce mode alimentaire soit nouveau dans les coutumes de consommation locales.
Un nombre de plus en plus important de clients, témoigne un boucher, jettent leur dévolu sur ce produit, importé, spécialement pour le mois de carême.
En plus du facteur prix, l'empressement d'une certaine catégorie d'Algériens vers ce produit peut se justifier par d'autres motivations. Il s'agit, entre autres causes, du manque de confiance intervenu après la commercialisation de la viande de baudet, présentée comme de la viande bovine. Un incident, faut-il le rappeler, qui a marqué le Ramadhan 2004 mais qui reste vivace dans la mémoire des consommateurs algériens.


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