Guerre de libération nationale 1954-1962, souvenirs d'un village martyr est le nouveau livre de l'ancien diplomate de Cherif Chikhi, sorti aux éditions Dahlab, 2024. Un livre qu'il dédie à «nos glorieux martyrs qui ont donné leur vie pour l'indépendance de l'Algérie», écrit aussi, note-t-on en préambule «à la mémoire de Mouloud Mammeri qui m'a dit, alors que j'étais étudiant: «Un jour, peut-être, tu prendras la plume pour raconter des souvenirs de la destruction, par l'armée française, de ton village, Azrou et les déplacements forcés de ses habitants.» Et d'ajouter: «J'ai gardé précieusement dans mon coeur ces belles paroles de Da Mouloud et le rêve a finalement été exaucé.» En effet, Cherif Chikhi raconte en menus détails comment il avait été chassé avec sa famille de son village d'Azrou, réduit en ruine par l'occupant français, alors qu'il n'a que cinq ans. Cela explique, souligne-t-il d'ailleurs, le pourquoi sa «première nomination au ministère des Affaires étrangères a été à la tête du bureau des réfugiés», lui, «ayant bien connu cette situation d'enfant déplacé avant l'indépendance». De longs passages sur ce passé avec ses parents relèvent d'une tristesse inouïe d'ailleurs, rendu possible grâce à une écriture limpide. Aussi a-t-il été pourvu de cette envie d'en parler, arguant que «la protection des réfugiés figure parmi les missions que l'Algérie a perçues comme un devoir dés son indépendance. Cet engagement élogieux puise sa force, à l'instar de nombreux autres principes de la politique extérieure du pays, dans la guerre menée 132 années durant contre l'occupation étrangère et les sacrifices incommensurables consentis par le peuple algérien pour recouvrer sa liberté et imposer sa dignité». Cherif Chikhi évoque aussi dans son ouvrage la vie et le parcours de l'écrivain Mouloud Feraoun qui «a laissé des ouvrages dans lesquels il raconte la vie difficile des Algériens pendant la période de colonisation. Lui-même issu de parents démunis...». Cherif Chikh nous restitue aussi l'émouvante lettre de feu Ahmed Zabana, le premier martyr guillotiné, adressée à ses parents... Cherif Chikhi évoque aussi la bravoure de Si Mohamed Oumhand et le sage Cheikh Mohand Oulhacine dont les poèmes ont inspiré de grands romanciers comme Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri, ainsi que d'illustres chanteurs notamment Slimane Azem et Aït Menguellet. Cherif Chikhi confie aussi dans son livre ses péripéties dans le maquis, tout en évoquant ses compagnons de route comme Ahmed Ben Ahmed et bien d'autres. Il rendra aussi hommage à ces moudjahidine qui, «des années durant, avaient étonné le monde». Le livre est truffé d'ailleurs de photos en noir et blanc et de documents d'archives qui se rapportent à cette période. Pour rappel, Cherif Chikhi est diplômé de l'Ecole nationale d'administration, section diplomatique. Il a occupé plusieurs postes de responsabilité au ministère des Affaires étrangères, exercé auprès des ambassades algériennes à Maputo, Washington, Londres, en Ukraine et au Vietnam. Enseignant à l'Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI), Chikhi est l'auteur de Quand travail et vertu tisonnent le bonheur (éditions Dar El Hikma), et Diplomatie et Média (éditions Dahlab) parus, respectivement, en 2016 et 2020. Il a également publié des articles dans la Revue algérienne des relations internationales (Rari) et dans la revue Politis (du journal El Moudjahid). Son dernier livre nous livre un pan important de notre histoire dont il est toujours nécessaire de se la remémorer.
