Tout tourne autour du Liban, ces derniers jours, comme avec une arrière-pensée de séparer les deux conflits et d'isoler le Hezbollah et le Hamas. Les Israéliens eux-mêmes, comme le nouveau ministre de la Défense, Israël Katz, qui l'a exprimé, avant de commettre un lapsus, en disant: «Nous allons poursuivre la guerre.» Mais tous les indicateurs tant libanais qu'américains ou israéliens vont dans ce sens, exception faite du Hezbollah dont le porte-parole dit n'avoir reçu aucune proposition. Le PM Mikati est, par contre, très impliqué dans le sujet et appelle de vive voix, au sommet de Riyadh, à un «cessez-le-feu immédiat». Il faut savoir que les Israéliens ont perdu 29 soldats, au Liban et à Ghaza, dont un officier puis un incendie au centre de Haïfa et enfin une pluie de 290 missiles envoyés du Liban sur les colonies desséchées, depuis qu'elles ont été abandonnées par leurs occupants. L'effet Trump Mais le plus préoccupant pour les Israéliens reste le gros malentendu avec l'administration Biden qui est en rogne à cause des aides qu'elle veut faire passer aux Palestiniens au nord de Ghaza mais empêchées par l'armée sioniste, malgré tous les avertissements. Il faudrait ajouter que, du côté israélien, c'est la fête, depuis la victoire annoncée de Trump aux élections. Mais ils ont oublié que Biden garde une tranche horaire qui lui permettrait de faire son baroud d'honneur. D'une pierre, deux coups: il sauve la mise et épargne à la fois son équipe du mécontentement international qui avait accompagné cette guerre d'extermination ethnique, pendant plus de 400 jours de bombardements sur une population civile, affamée, isolée, sans soins, sans abri, sans aucune protection, notamment à Djabalia au nord où le blocus imposé depuis plus d'un mois a rendu la vie impossible, et où seule la mort apporte quelque réconfort. Dans cette ambiance de ni victoire ni paix, l'armée israélienne connaît un déficit en armes, à cause de Biden, et en troupes, à cause des Haridims et des réservistes qui refusent de rejoindre les rangs. Il y a enfin l'effet Trump, très tardif, qui donne un baume au coeur à cette armada en déroute. Preuve en est la déclaration du ministre extrémiste Smotrich qui dit que le temps est venu d'annexer la Cisjordanie; une déclaration qui dévoile les contradictions des accords d'Oslo qui l'ont désarmée pour la donner en pâture à cette armée nazie. Un sommet arabo-musulman se tient enfin à Riyadh, sous la direction d'une Ligue arabe abasourdie par les évènements qui ont perturbé son sommeil profond. Il y a eu des discours, des dénonciations des dépassements de l'entité sioniste, des propositions comme celle de créer un fonds arabo-musulman pour aider Ghaza à se relever, une fois la guerre terminée. Les pourparlers ont repris ces derniers jours, où l'on voit les émissaires reprendre leurs parcours et les maîtres espions revenir en Orient. Mais, là aussi, il y a lieu de rappeler que la guéguerre est revenue sur scène entre Netanyahu et les services de renseignements, à cause des fuites des réunions secrètes du Bureau restreint, suivies d'arrestations d'agents et d'officiers de l'armée. Comme il est utile de rappeler que depuis le renvoi de Gallant, le directeur du ministère de la Défense a déposé sa démission. Dès lors, tout est pris en charge par l'équipe des jusqu'au-boutistes de Netanyahu. Comme on le sait, cette équipe n'a jamais cru à la paix par moyens diplomatiques interposés mais fait son jeu par truchements, en prenant des décisions quand on se rapproche de la conclusion d'un accord, en foutant tout par terre et en accusant, à chaque fois, le Hamas d'être derrière son échec. Mais, cette fois-ci, le ver est dans le fruit. Les pertes sont énormes et Biden bloque le convoyage des armes pour sauver son honneur pendant que l'effet Trump apporte son réconfort qu'on ne peut goûter si Biden persiste dans cette voie. Hezbollah entre en jeu Côté libanais où le sud ressemble à Ghaza, la guerre est farouche. L'intervention du Hezbollah dans le débat a donné le temps à la résistance palestinienne de reprendre ses forces; Désormais, elle réalise des frappes qui ont causé beaucoup de pertes chez l'ennemi. Mais sur la plan politique, l'idée d'isoler le Hamas et le Hezbollah, une fois la paix retrouvée, chantée à toutes les occasions, par les sionistes, ne semble pas évoluer, sauf peut-être au Liban où le gouvernement serait d'accord sur l'installation de l'armée régulière aux frontières avec Israël, en empêchant le Hezbollah de surprendre l'ennemi à l'avenir. Côté palestinien, on assiste au retour le l'Autorité palestinienne à la surface, au sommet de Riyadh, où Mahmoud Abbas a pris la parole pour dénoncer les dépassements de l'ennemi. Il y a là aussi l'intention d'éloigner le Hamas de la frontière, faute de ne pas pouvoir l'éliminer. Puis, avec le temps, le jeu sioniste reprendra jusqu'à leur élimination totale par un jeu de guerre civile qui finira par semer les divisions internes et leur disparition. Les deux partis de la résistance libanaise autant que palestinienne le savent. Rappelons que le nouveau chef du BP du Hezbollah avait dit, il y a plus d'une semaine, que le Hezbollah n'existait pas quand Israël avait pris une partie du Liban. Pareil pour le Hamas, qui n'avait vu le jour qu'après les conciliabules de l'Autorité avec les sionistes. Il est allé à des élections locales à Ghaza et les avait gagnées. Depuis, on assiste à une bipolarité au Liban autant qu'en Palestine qui a sauvé les deux pays des extensions des territoires sionistes en terres arabes, grâce au phénomène de la résistance. Le dialogue de sourds a repris pour isoler la résistance du Liban de celle de Ghaza. Pour le Hezbollah, la réponse est claire: «Nous avons des armes pour tenir pendant des années face aux sionistes.» Pour Hamas, les conditions sont simples mais claires: «Retrait total de l'armée sioniste de nos terres; retour aux territoires de 1967 et des gens dans leurs terres; reconstruction de Ghaza, etc.». Comme le temps est le principal atout à toute cause, il y a lieu de retenir que la résistance palestinienne a tenu plus d'une année, face à une armée surarmée et que celle du Liban avait donné une raclée, la première du genre, en 2006, à cette armée qu'on disait invincible.