Le président syrien renversé, Bachar al-Assad, s'est exprimé, huit jours après avoir démissionné et quitté la capitale syrienne, sur les ultimes moments qui ont accompagné la prise de Damas par les combattants rebelles que conduisait le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Shem (HTS). Il a qualifié les nouveaux dirigeants du pays de « terroristes » avant de revenir sur les propos de plusieurs responsables syriens ayant affirmé qu'il avait « fui » sans avertir quiconque, y compris des membres de sa famille. « Mon départ de Syrie, a-t-il déclaré dans un communiqué en anglais publié sur la chaîne Telegram de la Présidence, n'était pas prémédité et n'a pas non plus eu lieu durant les dernières heures de la bataille, contrairement à certaines allégations. Au contraire, je suis resté à Damas, accomplissant mon devoir jusqu'au dimanche 8 décembre à l'aube », a-t-il affirmé, dans sa toute première déclaration, depuis Moscou. Il a indiqué également que la base russe de Hmeimim, dans la région de Lattaquié, sur la côte méditerranéenne, base où il avait trouvé refuge, avait été attaquée par des drones « alors que la situation sur le terrain continuait de se détériorer ». « Sans aucun moyen viable de quitter la base, Moscou a exigé (..) une évacuation immédiate vers la Russie, le dimanche 8 décembre au soir », a encore ajouté Bachar al-Assad tout en soulignant que la Syrie est désormais « aux mains des terroristes ». HTS reste, rappelons-le, inscrit sur la liste des organisations « terroristes » des Etats-Unis et de certains pays européens comme le Royaume-Uni et la France, mais cela n'empêche nullement des volte-faces dans la mesure où la nouvelle donne syrienne sert prioritairement les intérêts d'Israël. Tandis que les capitales occidentales s'empressent, à l'instar des Etats-Unis mais chacune de son côté, de gagner Damas pour trouver un contact direct avec les nouveaux maîtres de la Syrie, à la fois dans un souci à caractère politique et économique, en prévision de la reconstruction du pays et des marchés à conquérir, la Russie a, pour sa part, révélé que la question des bases militaires de Tartous et de Hmeimim n'était pas encore « réglée ». Si Hmeimim peut être considérée comme plus ou moins perdue – il s'agit d'une base aérienne dont l'aviation russe pourrait à la rigueur se passer – tel n'est pas le cas pour Tartous. C'est en effet une base navale où les navires de guerre et les sous-marins russes disposent d'un ancrage essentiel en mer Méditerranée. En rencontrant le chef de HTS, al-Jolani, hier, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a souligné la nécessité d'une transition « crédible et inclusive », également appelée de leurs vœux par les participants américain, européens et arabes à la réunion d'Aqaba, en Jordanie. Cela étant, les communautés kurdes et alaouites en Syrie et certains Etats membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ne cachent pas leur crainte devant une situation incertaine et affirment leur volonté de juger sur pièces les nouveaux dirigeants d'une Syrie dont le sort peut bouleverser toute la région du Moyen-Orient.