La France face à ses responsabilités : les Algériens exigent justice ! En effet, le peuple entend mettre l'ancien empire colonial face à ses crimes. C'est dans cette optique que ses représentants prévoient d'organiser une journée d'étude consacrée aux essais nucléaires français en Algérie. L'Assemblée populaire nationale (APN) a décidé de commémorer l'anniversaire tragique de ces «bombes fatales» en exposant les atrocités commises contre les Algériens. Cette journée d'étude se tiendra dans la wilaya d'Adrar, sur les lieux mêmes du désastre. L'objectif est clair : montrer au monde entier l'ampleur des dégâts infligés aux populations et à l'environnement, soixante-cinq ans après ces essais nucléaires. Le thème choisi pour cet événement est on ne peut plus explicite : «Les essais nucléaires français en Algérie : un crime contre l'humanité et l'environnement.» Le président de l'APN, Ibrahim Boughali, a tenu plusieurs réunions pour préparer cet événement, qui se veut un témoignage vivant des atrocités du colonialisme français. La dernière de ces réunions a eu lieu dimanche dernier. Selon un communiqué de l'APN, «les derniers préparatifs de cet événement important ont été examinés, notamment en ce qui concerne les infrastructures d'accueil et les moyens logistiques nécessaires pour assurer le bon déroulement de cette rencontre». L'APN n'a rien laissé au hasard. L'événement rassemblera des spécialistes ainsi que des témoignages de victimes pour illustrer l'ampleur de la catastrophe que la France refuse encore d'assumer. Une couverture médiatique exceptionnelle est également prévue. «Les aspects liés à la couverture médiatique ont été abordés», précise le communiqué. Le président de la Republique, Abdelmajid Tebboune, a été clair sur le sujet : il est temps que la France assume ses responsabilités. «Ça suffit !» avait-il lancé dans son discours devant les deux chambres du Parlement réunies. Il a exigé que la France nettoie les déchets nucléaires qui continuent d'empoisonner la faune, la flore, ainsi que les vies humaine et animale. «Vous êtes devenus une puissance nucléaire, et vous nous avez laissé des maladies», a-t-il déclaré, ajoutant sous un tonnerre d'applaudissements : «Venez nettoyer. Nous n'avons que faire de votre argent. Je ne demande ni euro ni dollar, mais la dignité de nos ancêtres et de nos citoyens !» Ce n'est pas la première fois que le président Tebboune formule une telle demande. Il a toujours souligné que l'Algérie ne réclamait pas d'argent à la France, mais exigeait qu'elle assume ses responsabilités en nettoyant les sites contaminés. Une exigence partagée par 45 millions d'Algériens, pour qui le premier pas vers la repentance passe par la dépollution de ces lieux. Ce geste, à la fois symbolique et essentiel, est incontournable pour envisager l'avenir. Le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, a réaffirmé, la semaine dernière, cette position avec fermeté : «Que notre position soit claire et qu'elle porte au-delà de nos frontières.» Il a rappelé que les habitants des régions touchées par ces explosions continuent à souffrir des effets délétères des essais nucléaires. Dans cet esprit, l'Algérie a inscrit l'élimination des déchets nucléaires dans sa législation. Lors de l'adoption, jeudi dernier, du texte de loi sur la gestion et l'élimination des déchets, un amendement a été introduit pour légiférer sur la responsabilité de la France dans ces crimes. «L'auteur de cette catastrophe environnementale doit assumer pleinement ses responsabilités historiques, morales et juridiques dans l'élimination de ces déchets radioactifs et reconnaître l'énorme préjudice causé à notre pays et aux populations d'Adrar, de Reggane, d'In Ekker et d'autres régions», a soutenu la ministre de l'Environnement, Nadjiba Djilali. Ces décisions traduisent la position inflexible de l'Algérie : «Pas de pardon sans nettoyage des sites de ces crimes contre l'humanité.» La France ne peut plus fuir ses responsabilités.