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«Mammeri possédait une élégance stylistique»
Lounès Ghezali, écrivain, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 24 - 02 - 2025

L'Expression: Pouvez-vous nous raconter votre première rencontre avec un roman de Mouloud Mammeri?
Lounès Ghezali: Les premiers textes de Mouloud Mammeri, je crois c'était au collège. Des extraits de L'opium et le bâton et notamment la séquence où un officier de l'armée coloniale ordonne de couper tous les oliviers de ce village cité dans ce roman. Il me reste encore aujourd'hui dans mon esprit l'image de ces villageois désemparés, il me reste cette puissance évocatrice d'une scène atroce de la guerre de libération. Quant à mon premier roman, je ne peux mentionner la date mais je sais que c'est La colline oubliée. Je n'avais pas encore assez d'atouts en moi pour comprendre la grande qualité littéraire de ce livre, mais je tentais de pénétrer les méandres complexes de l'histoire, l'élégance de l'écriture et les personnages avec leurs sentiments et leurs préoccupations.
Justement, La colline oubliée, premier roman de Mammeri a été salué et a fait l'objet d'éloges de la part du doyen des écrivains égyptiens Taha Hussein, qu'est-ce que, dans ce roman, peut à ce point séduire le lecteur avisé?
C'est un roman dense et riche. Les personnages en proie à des problèmes banals de la vie à cette époque-là. Et à travers justement cette réalité de tous les jours on voit tous les problèmes existentiels des Algériens à cette période de l'histoire. Les coutumes ancestrales, les prémisses de l'engagement politique, le poids de la colonisation, l'amour, l'espoir etc. En somme, des personnages qui s'animent pour vivre les mêmes préoccupations de tout être humain sur terre. Il y a bien sûr aussi l'écriture; cette symphonie musicale que l'on décèle derrière les mots. Cette langue «majesté» qui rythme ses phrases.
L'opium et le bâton est un roman culte sur la guerre d'Indépendance. Pouvez-vous nous en parler, non seulement en tant que lecteur, mais aussi en tant qu'écrivain qui admire beaucoup l'oeuvre de Mouloud Mammeri?
L'opium et le bâton nous montre la guerre pour l'indépendance, mais aussi d'autres aspects de l'histoire de cette période-là. Certains personnages de ce roman épousent les traits de caractère des héros de la guerre de libération. Je pense notamment, à Ramdane «le coléreux» et au docteur Bachir Lazreg dans la séquence sur le bateau en face de la baie d'Alger. Ce roman montre aussi ces «engrenages philosophiques et politiques» utilisés par la colonisation. Les brutalités quotidiennes, les doutes et les fatalités de la guerre.
Par quoi se distingue le plus l'oeuvre romanesque de Mouloud Mammeri?
Pour rester uniquement dans cette dimension romanesque, Mammeri n'a pas écrit beaucoup de livres. Mais à travers ses quatre romans, on peut voir déjà son élégance stylistique, cette capacité à nous envouter par ses envolées lyriques, ses figures poétiques, ses métaphores. Ses textes nous poussent à une lecture attentive parce qu'il y a toujours un autre sens à comprendre derrière l'apparente simplicité, il y a toujours cette pluralité de voix à entendre. Et puis ses personnages dont les traits de caractère montrent sa connaissance profonde de l'être humain. C'est peut-être aussi pour ça qu'il était anthropologue.
Dans son oeuvre, Mouloud Mammeri est très enraciné dans ses origines, dans sa région, etc. Pouvez-vous nous parler de cet aspect?
Ses textes sont certes souvent associés à une région ou à une période. Mais ce sont des préoccupations qui enfièvrent l'être humain partout sur la planète. Les épreuves, les rêves, les coeurs, les voix sont ceux de l'humanité toute entière. C'était le mérite de toute cette littérature d'expression française de l'époque. Mammeri, Feraoun, Dib et d'autres, ont rompu avec cette expressivité colonialiste construite sur le mépris envers les Algériens. C'est cette dimension humaine bâtie autour des personnages bien de chez-nous. On peut dire qu'ils ont fait beaucoup plus de mal au colonialisme que les discours politiques qui prônent une confrontation directe.
En tant qu'écrivain, avez-vous été influencé par Mouloud Mammeri?
Nous portons toujours une part de ce qu'on a lu. Surtout quand ces textes sont marquants par leur qualité. Et même si en écrivant on ne perd pas son instant si j'ose dire, son fil d'Ariane ou son univers imaginaire, il y a toujours cet enchevêtrement dans notre inconscient. On le dit si bien, l'écrivain c'est la somme de toutes ses lectures. Je crois que c'est valable aussi pour les autres arts d'une manière générale. Personne ne possède de réservoir dans la création artistique à lui tout seul. Il y a toujours un petit «brassage» dans une oeuvre artistique
Selon vous, lequel des quatre romans de Mammeri est le plus abouti?
Je suis tenté de dire L'opium et le bâton. Ce contraste entre la beauté du texte et la violence de l'histoire racontée. L'espoir et les passions de tout un peuple dont le destin se joue dans la brutalité des armes. Toute cette «philosophie machiavéliste» de la colonisation pour assoir encore sa domination. Enfin, toute la complexité de ce monde-là avec un peuple (le peuple algérien) qui se donne enfin les moyens de son émancipation du joug du colonialisme. Mais il y a aussi La traversée qui montre tout le tempérament de Mammeri. Il faut bien saisir les nuances de ses phrases. Moi personnellement j'éprouve une vraie joie à relire ce texte
Pouvez-vous nous évoquer un passage très fort de l'un des romans de Mouloud Mammeri qui vous a le plus marqué?
Beaucoup de phrases me sont restées en mémoire. Que ce soit celles extraites de ses romans ou ailleurs comme dans le livre entretien avec Tahar Djaout. Ce livre nous apprend d'ailleurs beaucoup sur l'homme Mammeri.
Je citerais à titre d'exemple cette phrase d'actualité aujourd'hui «...N'a jamais cessé d'être algérien». Il y a aussi cette phrase de La Colline oubliée qui dit: le printemps chez nous ne dure pas...celui des jeunes filles ne dure pas aussi». Et puis enfin, il y a surtout ce texte de La traversée qui reflète d'une manière parabolique les héros de la guerre de libération.
«Les héros meurent jeunes et seuls,...les autres perclus de vieillesse...»
La richesse de l'oeuvre de Mammeri fait qu'à chaque fois que son texte est revisité, il devient un moment de plaisir pour le lecteur.


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