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«Nous donnons l'illusion d'un pays riche»
LE PROFESSEUR CHEMS EDDINE CHITOUR
Publié dans L'Expression le 11 - 04 - 2007


La 11e journée de l'Energie s'ouvre aujourd'hui.
L'Ecole nationale polytechnique organise, aujourd'hui 11 avril, la journée de l'énergie à l'hôtel du Mas à Alger sous le thème «L'Energie en Algérie: quelle stratégie à l'horizon 2030?» C'est dans l'antre de l'Ecole nationale polytechnique, au département de génie chimique, que nous a reçus, pour l'occasion, le professeur Chems Eddine Chitour.
Un homme affable, courtois et très disponible. Des étudiantes qui venaient de quitter son bureau, il dira: «La jeunesse c'est quelque chose de merveilleux, c'est de la bonne pâte. Il serait criminel d'hypothéquer leur avenir. La vraie énergie c'est eux.» «Pétrolier» de formation, c'est ainsi qu'il s'est présenté; il excelle dans plusieurs domaines: le dialogue des civilisations, l'économie, l'histoire, la politique...Un tantinet facétieux, il nous confie: «Je marche sur leurs plates-bandes.» L'homme a de l'audace, il ose en intellectuel à la personnalité affirmée. L'entretien est déjà lancé, il s'y prête volontiers pour aborder le sujet qui nous intéresse.
L'Expression: ‘‘Que sera le monde en 2030'', est l'objet de votre communication. Qu'est-ce qui interpelle l'Algérie à travers ce questionnement?
Pr Chems Eddine Chitour: Parmi les mutations que subit le monde, le défi de l'énergie est le plus important parce qu'il est structurant. Le sort des autres défis en est étroitement lié, entre autres, celui de l'eau, de la sécheresse et des changements climatiques. Chez nous, en Algérie, l'aisance financière relative est conjoncturelle. En ce sens qu'elle peut disparaître du jour au lendemain. Nous ne sommes donc pas à l'abri de nouveaux Octobre 88. Ce que nous souhaitons, bien entendu, éviter.
La commercialisation débridée du gaz et du pétrole nous interpelle en tant qu'Algériens mais aussi en tant qu'universitaires. Les 80 milliards de dollars engrangés par les exportations en hydrocarbures auraient dus être gardés dans notre sous-sol. Nous devrions les utiliser en fonction de nos stricts besoins. Par ailleurs, nous donnons l'illusion factice d'un pays riche et pourtant nous sommes cruellement sous-développés. Notre richesse n'est pas le fruit de la sueur. En fait, nous ne faisons que redistribuer la rente pétrolière en fonction de la conjoncture. L'Université est soigneusement tenue à l'écart du développement du pays, 100.000 diplômés ont été formés pour un projet de société qui, malheureusement, manque de lisibilité.
Quels seront les grands axes de cette journée de l'Energie?
L'Ecole polytechnique organise, chaque année, à l'occasion de «Youm el Ilm» cet événement pour montrer son attachement à la science tout en donnant son avis sur les problèmes qui intéressent le pays. Les intervenants sont des élèves ingénieurs de 4e année ainsi que des responsables de différents secteurs tels que l'habitat, les ressources en eau, l'énergie...Le thème de cette année est le suivant: L'Energie en Algérie: quelle stratégie à l'horizon 2030? Les différents sujets seront axés sur:
-l'état des lieux, de l'énergie dans le monde
-le potentiel énergétique actuel de l'Algérie
-l'historique de la production et de la consommation des énergies possibles et de l'électricité dans le monde depuis 1990
-les modèles énergétiques et leurs pertinences
-Les prévisions énergétiques mondiales à l'horizon 2030/2050
-Le Plan national de l'eau
-Les réacteurs nucléaires
-Le bilan carbone qui est une nouvelle technique pour mesurer la consommation de l'énergie et enfin L'Empreinte écologique en Algérie: une mesure de l'impact écologique de l'Algérie.
Quel avenir pour l'Algérie à travers tout cela?
Je ne peux pas parler de l'Algérie sans évoquer le monde. L'Algérie en est un sous-ensemble. Depuis la chute du mur de Berlin et plus récemment des événements du 11 septembre qui ont secoué l'Amérique, le monde est devenu un monde multipolaire. La disparition des idéologies a fait place à l'économique. Par exemple: les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler d'une «Opep du gaz». Le monde est devenu un grand village où les nouvelles technologies de l'information sont l'un des puissants moteurs de l'industrie.
Une nouvelle donne de l'économie mondiale?
Exact. Plus précisément, nous nous dirigeons vers des sociétés de connaissances. Les grandes puissances utilisent leur énergie pour avancer. Nous, par contre, on s'est installé dans les temps morts. Nous ne faisons que la consommer.
Votre constat est implacable...
Il faut être réaliste. Nous sommes sur un bateau. On voit la côte s'éloigner, on donne l'impression d'avancer alors qu'on fait du surplace. Notre problème? Comment exister en 2030. Il y aura des gagnants et des perdants.
Soyez plus précis?
Ceux qui vont gagner seront ceux qui auront opté pour l'intelligence et non pour la rente
Seriez-vous pessimiste?
Les Arabes de l'Occident, dont l'Algérie, possèdent des potentialités énormes et peuvent mener à bien leurs projets, à condition de miser sur l'intelligence et le savoir-faire.
Quel sera notre modèle de consommation à l'horizon 2030?
Dans les statistiques de l'AIE et de l'Ocde nous ne serons plus exportateurs. Nous aurons tout juste assez pour nous suffire. A cette cadence, à partir de 2040, en ce qui concerne notre énergie, c'est l'inverse qui risque de se produire. Vers 2010 le risque de puiser dans les réserves est énorme.
Que faut-il faire alors?
Relancer l'exploration pour développer nos réserves, freiner la production. Notre coffre-fort est dans le sous-sol et non dans les banques. Le développement, c'est laisser des richesses aux générations futures. Miser à fond sur les énergies renouvelables: la géothermie, l'énergie solaire, l'éolien et se fixer un objectif à atteindre. En faire le bilan pour savoir où nous en sommes.
Il faut donc prévoir...
En langage mathématique, on appelle cela des modèles prévisibles qui font appel à la recherche opérationnelle pour pouvoir tracer des portraits-robots à des échéances données, 2010-2020 par exemple. Il serait nécessaire pour le pays d'investir l'électronucléaire. Nous avons des ressources d'uranium et des partenaires (italiens, français, russes) qui ont un savoir-faire dans la construction des centrales. Nous devons négocier chaque mètre cube de gaz. Il faut évacuer l'esprit commerçant et revendiquer la contrepartie en transfert de technologies. A titre d'exemple, notre maillon fort, le gaz, n'a pas figuré dans l'accord avec l'UE. On pourrait faire des économies d'énergie: les 20.000 points lumineux de la région d'Alger, s'ils étaient éteints le jour, nous rapporteraient 1 million de dollars par an.
Une petite note d'espoir, tout de même, pour finir...
La jeunesse est là. C'est elle la vraie source d'énergie. Il faut la former. Rien ne pourra se faire sans l'intelligence dont l'Université est dépositaire.
Et l'intellectuel dans tout cela?
C'est quelqu'un qui ne doit pas perdre sa faculté de s'indigner. Nous ne sommes pas des démolisseurs. On propose des alternatives qui devraient être prises en charge pour le salut de ce pays.


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