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Les élections, l'alibi et l'estomac
APRÈS UNE CAMPAGNE MORNE ET SANS RELIEF
Publié dans L'Expression le 17 - 05 - 2007

Spéculations et supputations marquent ces élections d'un type nouveau.
On parle, encore une fois, d'élections dans un univers teinté de rumeurs et de silences trop assourdissants. Comme si les Algériens, lassés et fatigués, lorgnent du côté d'un quotidien trop difficile, marqué par une série d'augmentations devenues ordinaires et une multiplication de procès perçus beaucoup plus comme des opérations «trompe-l'oeil» que comme des espaces d'assainissement sérieux.
D'ailleurs, la presse fait écho d'un taux d'abstention qui risquerait d'être très fort, donnant à voir un territoire peu crédible suggérant tout simplement l'inanité de telles «joutes» décrédibilisées dès le départ par l'inefficacité d'une APN sans aucun pouvoir et de «partis» trop arrimés au «programme» présidentiel.
Spéculations et supputations marquent ces élections d'un type nouveau où les candidats à un poste de député, avec salaire et avantages mirobolants, se trouvent voguer en solitaire quêtant une légitimité encore discutable. Ainsi, la campagne voit à la télé et dans des salles louées pour la circonstance, des centaines de personnes se présenter et défendre un discours traversé des mêmes scories et des mêmes schémas comme si la composante partisane se limitait à une structure unique. Même le discours du boycott, manquant d'originalité et d'analyse des enjeux sociaux et politiques, rejoint finalement les lieux communs des candidats en campagne.
Discours creux
L'aridité du discours et le ton quelque peu irrationnel des harangues donnent à voir une société encore coincée par des réflexes doubles, marqués du sceau de la culture tribale et de la tradition orale. Ces deux réalités restent travaillées par la violence concrète et symbolique et l'absence de nuance. Ce n'est pas une surprise que les maires de partis politiques en Kabylie ou ailleurs, dans le passé et aujourd'hui, démissionnent de leurs prérogatives institutionnelles suscitant une sorte de violence légale considérée comme normale dans une société déboussolée où la chékoua se conjugue avec la parabole.
Djilali Liabès ne nous disait-il pas, il y a une vingtaine d'années, que cette culture duale est le produit d'une violence «légale» (coloniale), elle-même productrice d'une autre violence «légale» (après l'indépendance) donnant naissance à des discours teintés de violence et sans nuance où le noir et le blanc constituent les éléments-clés de la pratique sociale.
D'ailleurs, Ali el Kenz, lui-même, était arrivé presque au même résultat dans sa profonde et décisive enquête sur le complexe sidérurgique d'El Hadjar.
Ainsi, il est tout à fait intéressant de lire le discours tenu sur les élections par de nombreux médias publics et privés qui, souvent, fonctionnent comme dans une sorte de transe où les oppositions ne dialoguent nullement, mais investissent fortement le champ lexical. Certains titres privés réduisant l'Algérie à des univers singuliers et mettant en oeuvre une opinion politique et idéologique caractérisée par l'absence d'une distance et d'une certaine prudence, espace privilégié de l'écriture journalistique professionnelle et des organes publics, évacuant franchement la notion de service public, pour servir d'instrument gouvernemental ou présidentiel, et donnant à voir une image extrêmement positive de ces élections, se regardent sans pouvoir parler.
La parole devient aphone et se mue en un espace anomique.
La nuance est donc impossible. Pour les uns, les élections ne valent absolument rien et il faut trouver tous les moyens pour les saborder, même si des formations de ce courant faisaient partie de l'équipe gouvernementale et de l'autre côté, des partis politiques qui côtoyaient les autres formations converties dans l'opposition, jouent sur des fils ténus pour défendre ces élections. Dans les deux cas, l'exclusion est le territoire le mieux partagé.
Cette réalité duale, syncrétique, est le lieu de multiples dysfonctionnements caractérisant les structures formelles de l'Etat et les espaces nodaux de la société encore en quête d'un équilibre, pour le moment, impossible, entre une «culture» acquise et des pratiques séculaires. Ce qui explique la mise en relief des structures «traditionnelles», longtemps à l'état latent.
Cette situation ne peut-être qu'à l'origine de nombreux malentendus violents où le conflit ne trouve sa résolution que dans l'exclusion de l'autre. Tout compromis est irrémédiablement exclu. Nous sommes en présence d'un hiatus sociologique et d'une pensée anomique. Ce n'est donc pas du tout surprenant si le discours de la faille mémorielle, c'est-à-dire omettant volontairement des faits et des événements pourtant évidents, caractérise la pratique politique, au niveau des gouvernants et des différents lieux institutionnels et politiques (partis, clubs, associations...).
La négation de l'Autre est une gymnastique investissant durablement la culture de l'ordinaire. Ainsi, les adeptes du boycott des élections vont facilement en besogne pour traiter leurs adversaires de «traîtres» et les «participationnistes» leur rendent la pareille.
Toute rencontre publique est vouée à l'échec. Restent les réunions secrètes et clandestines marquant les relations entre les gouvernants et les différents opposants, ceux qu'on appelle les «irréductibles».
Il serait peut-être intéressant de lire les «minutes» des rencontres secrètes entre opposants et pouvoir depuis le début des années soixante et des libérations-évasions négociées et d'appels au calme à enclencher...
Ainsi, comprend-on peut-être tous ces jeux violents qui se manifestent dans la société où chacun, en bon démocrate, boucle la gueule de l'autre. Il est donc vain dans tout cet imbroglio politique de chercher à découvrir le vrai du faux ou les tenants et les aboutissants des espaces électoraux, biaisés et lieu de légitimation illusoire, marquant le paysage électoral jamais ouvert, mais tout le temps traversé de suspicion et de fausseté.
Jamais dans l'Histoire de l'Algérie, une élection n'a pu connaître des résultats et un fonctionnement reconnus, crédibles. Mais paradoxalement, la participation, normale et réelle, est toujours importante depuis la période coloniale. Des contingences socio-historiques expliquent cette singulière réalité. Ainsi, le monde rural vote par réflexe et participe massivement à cette entreprise tout en n'accordant pas, outre-mesure, une grande importance à sa voix. C'est pour cela que si on excepte la Kabylie, singularisée et dont la situation particulière expliquerait certaines tendances, les villages risqueraient de connaître une certaine participation. Certes, les grands centres urbains auront, pour des raisons sociologiques, une moindre participation, ce qui ne serait pas le cas du monde rural dont la culture est parcourue par une sorte d'allégeance au chef.
Parier sur une forte abstention semble peu opératoire, d'autant plus que les réalités sociologiques militent pour une recomposition de l'électorat et un discrédit des forces politiques essentiellement dans les zones urbaines. Mais quelles que soient les positions des uns et des autres, la situation ne change pas. Voter n'est nullement assimilé à un acte civique. Ce qui lui enlève toute légitimité. Même si les formations du boycott avaient participé, nous en serions toujours là, c'est-à-dire sans légitimité d'autant plus que dans des sociétés comme la nôtre, le président est l'élément-clé du système. Voter n'est pas vécu comme un acte citoyen, mais diversement apprécié par les gens qui, parfois, le perçoivent comme une obligation. Il est à ajouter que le chef du gouvernement devrait, si c'est vrai, constituer un gouvernement où les uns et les autres sont quelque peu proches.
Amère réalité
D'ailleurs, au niveau de la grande masse des gens, les objectifs et le fonctionnement de l'assemblée nationale sont méconnus, comme si cette structure ne serait là que pour récompenser certains gagnants connus d'avance. Cette ignorance des moeurs législatives et cette fabrique sans fin de lois souvent non suivies de textes d'application, donc non opératoires, justifient encore plus ce peu d'engouement qui caractérise le champ social.
L'APN a toujours fonctionné comme un cosmos trop éloigné des préoccupations des uns et des autres, excluant toute proximité et mettant en veilleuse les espaces quotidiens (chômage, pouvoir d'achat, débats sérieux...) de la culture de l'ordinaire.
Cette réalité devrait donner à réfléchir aux gouvernants qui devraient redéfinir les contours de l'action politique et permettre de vrais débats sur les questions-clés, comme une refondation totale des espaces institutionnels.
La situation syncrétique est à l'origine de cette réalité dont l'origine remonte à loin. Ce n'est pas pour rien que tout le monde, au niveau des élections législatives, conjugue le discours urbain et le discours rural. Cette réalité marque les grandes années du courant assimilationniste.


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