Les prix, qui frôlent la barre des 80DA le kg, devraient baisser dans les prochains jours. L'Etat a importé, avant-hier, 5000 tonnes de pomme de terre du Canada. C'est ce que nous a révélé le président de l'Association des marchés de gros de fruits et légumes, M.Medjbar. La quantité reste très modeste, il était question de l'importation d'une quantité de 50.000 tonnes. Notons que les prix des légumes ont connu, cette semaine une hausse inquiétante surtout ceux de la pomme de terre. Ceux-ci, qui avaient stagné ces dernières semaines, restant sous la barre des 50 dinars le kg, ont subitement grimpé à 60, voire 80 dinars. Aux marchés de gros, elle est cédée à 52DA. Annoncée à maintes reprises par les différents responsables du secteur, la baisse des prix de la pomme de terre était attendue pour le mois de mars. En vain. Les prix, malgré les multiples promesses du ministre de l'Agriculture qui renvoie la balle aux commerçants, tournent donc autour des 50DA. Les connaisseurs du marché ont, d'ailleurs, prévenu que les prix atteindraient facilement les 100 dinars à l'approche du mois de Ramadhan. Une virée dans les marchés d'Alger-Centre, notamment ceux de Hussein Dey et d'El Harrach, nous a permis de voir la réalité de cette hausse des prix. Mais que se passe-t-il vraiment? Qui est derrière ces fluctuations inexplicables des prix surtout ceux de la pomme de terre? Des questions dont seuls les initiés du marché des légumes en détiennent les réponses, mais qui préfèrent garder le silence. En effet, lié étroitement au problème d'indisponibilité, au prix marqué par des irrégularités, la réduction des surfaces de stockage, le désintérêt des agriculteurs, l'absence de marchés de gros à intérêt national et la multiplication des spéculateurs, le marché national a été complètement déstructuré. Les responsables des secteurs concernés se renvoient la balle. Avec une certaine assurance et pour mettre fin à toutes les critiques que son secteur subit, le ministre de l'Agriculture, M.Barkat estime que son département n'est pas responsable de la régulation du marché des fruits et légumes, mais il est responsable essentiellement de la production agricole. Selon lui, si aujourd'hui ce légume, le plus consommé par la société algérienne, coûte cher, il ne faut nullement incriminer son département. Pour lui, la régulation du marché, la répression du monopole et le contrôle des chambres frigorifiques incombent aux services du département de M.Djaâboub. Faut-il rappeler que M.Barkat avait déjà annoncé et ce, juste à la fin du mois de Ramadhan, que le prix de la pomme de terre allait baisser systématiquement et ce, grâce à la nouvelle production qui va couvrir le marché dans son ensemble. La nouvelle production a été effectivement mise sur le marché, mais malheureusement sans effet sur le prix de la pomme de terre qui n'a pas connu d'infléchissement mesurable. En outre, M.Barkat avait évoqué l'existence des intermédiaires sans scrupules qui exercent le «monopole sauvage». Selon les spécialistes du secteur agricole, la hausse inhabituelle du prix de la pomme de terre est directement liée au problème des semences. En fait, la disponibilité et le prix des semences ont été marqués par des irrégularités, la saison dernière. Selon M.Medjbar, seulement 6000ha ont été plantés cette année dans les régions du centre du pays, soit la moitié de ce qui a été planté en 2006. Près de 2600 ha ont été ravagés par la maladie du mildiou. Les pouvoirs publics tentent de régler le problème alors que le phénomène de la spéculation remet en cause les résultats escomptés. La Chambre nationale de l'agriculture, par la voix de son président, a parlé même d'une opération d'importation de semences de pomme de terre canadienne à des prix intéressants. Quelque 6000 tonnes de semences de pomme de terre ont déjà été importées et distribuées aux agriculteurs dans toutes les wilayas des Hauts-Plateaux à des prix ne dépassant pas les 65DA le kilo, alors que les spéculateurs cèdent le produit à environ 180DA le kilo. Mais, on se souvient de la phrase, lourde de sens, du directeur technique du groupe Hasnaoui, affirmant que tant que l'Algérie est dépendante de l'importation de la semence, le problème restera récurrent et va se reproduire chaque année. D'autres mesures sont également prévues. Il s'agit de l'amélioration de la production de la semence de pomme de terre en vue de la porter à 150.000 tonnes, soit la moitié des besoins nationaux en la matière. Il est question, notamment, de la promulgation de nouveaux textes de loi pour réguler cette culture en imposant aux producteurs de procéder à des analyses de sol afin de prévenir l'apparition de champignons et autres parasites à l'origine de maladies telles que le mildiou.
