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Kabyles, si vous saviez...
TAMAZIGHT
Publié dans L'Expression le 09 - 04 - 2002

La grève du cartable, initiée en septembre 1994, n'avait pas pour but stratégique d'arracher un statut immédiat pour tamazight.
Au terme de soixante ans de lutte, d'abord contre le colonialisme français puis contre le pouvoir algérien, tamazight est proclamée, depuis hier, langue nationale.
Militant de la cause amazighe depuis les années 60, je ne peux avoir, aujourd'hui, que des sentiments de reconnaissance à l'égard de tous ceux qui se sont investis depuis l'Indépendance pour que cette langue, celle de nos ancêtres, accède, malgré les vicissitudes de l'Histoire, au rang de langue nationale. Le courage politique a tant manqué, hélas, à nos dirigeants en quarante ans d'indépendance pour éluder, à chaque fois qu'elle est soulevée, une revendication légitime qui, si elle avait été reconnue à temps, aurait évité à la nation les souffrances et les blessures, encore béantes d'aujourd'hui. Les six chefs d'Etat, qui se sont succédé à El-Mouradia pendant ces quarante ans, ont tous triché volontairement dans le traitement politique de ce dossier réduit à la blague de la patate chaude que chacun, parmi eux, s'empressait de refiler au suivant.
Qu'on le veuille ou non, l'Histoire d'Algérie retiendra que c'est sous le mandat du Président Bouteflika que tamazight a été consacrée langue nationale. Belle leçon de courage, mais certainement de perspicacité politique que vient de nous donner Bouteflika en évitant aux Algériens le sort incertain d'un référendum exhalant de forts relents de division. Mille mercis Monsieur le Président d'avoir évité à cette nation exsangue de vivre une nouvelle et éprouvante descente aux enfers face à une aveuglante adversité quotidienne et aux aléas de l'Histoire.
Vous avez eu le geste auguste empreint de magnanimité en constitutionnalisant tamazight. Vous m'avez permis, tout au long d'un combat engagé dès l'âge de 15 ans, au lycée de Tizi Ouzou, en 1966, de voir, enfin, trente-six ans après, l'aboutissement d'un rêve auquel toute une génération d'intellectuels a donné, et sans compter, le meilleur d'elle-même.
L'Histoire de ce pays tant ballotté par la vanité et la folie de ses enfants, retiendra enfin que c'est sous votre mandat que tamazight a été sacralisée langue nationale pour tous les Algériens!
Que nos mères et nos aïeux trouvent ici l'expression de toute notre gratitude d'avoir assuré à cette langue, sur le plan de l'oralité tout au moins, une longévité qui lui a permis de survivre, échappant ainsi à son ensevelissement par les fossoyeurs de l'Histoire au sort fatidique d'une langue morte.
Dieu merci ! Tamazight est vivante et son peuple y puise son ardente et inextinguible fierté.
De mon long combat pour l'amazighité, j'en tire, maintenant que cette langue est reconnue, un extraordinaire soulagement. Ce combat, je l'ai entamé dès mon adolescence dans l'un des bastions forts de la revendication identitaire, mais aussi politique que fut alors le lycée Amirouche de Tizi Ouzou. Comme compagnons de combat, il y avait Belaïd Abane, neveu d'Abane Ramdane, devenu aujourd'hui un médecin émérite, Djaffar Ould Hamouda, neveu du colonel Amirouche, P-DG d'un grand organisme étatique, Saïd Sadi, le dirigeant actuel du RCD ainsi que de nombreux autres cadres enseignants et médecins qui ont su, avec bonheur, mobiliser et encadrer les énergies naissantes pour redonner la parole et la vie à une langue que l'on disait alors en sursis!
En juin 1967, j'étais renvoyé avec Saïd Sadi du lycée de Tizi Ouzou après avoir organisé une grève qui avait failli provoquer, déjà à l'époque, un dramatique soulèvement populaire dans la ville.
36 ans ont passé. Et je puis affirmer que depuis, l'Histoire de la revendication amazighe a été sans cesse manipulée, avec effronterie, par une faune d'individus de la pire engeance berbère pour la réduire en un fonds de commerce permanent.
Pour avoir été l'un des principaux animateurs du combat amazigh pendant ces années à Tizi Ouzou, et plus tard à Alger, j'ai toujours refusé que mon engagement s'inscrive dans une fausse perspective de sécession, d'autonomie régionale ou d'atteinte à l'unité nationale.
Journaliste au quotidien El Moudjahid, j'entrepris, en 1972, sous Boumediene, de publier, pour la première fois dans le supplément culturel, l'alphabet berbère avec un article signé de l'écrivain Mouloud Mammeri et une interview de l'amenokal des Touareg Bey Ag Akhamokh.
J'avais contribué à l'organisation et à la médiatisation, à la salle d'arts et d'essais d'El Mouggar, de concerts de chants, de musique et de poésie berbères auxquels prirent part les poètes Ben Mohamed et Belhanafi. Des grands artistes, comme Cherif Kheddam, ont rejoint alors ce mouvement d'action culturelle amazigh. L'écrivain Tahar Djaout était des nôtres. La sécurité militaire ne tarda pas à m'interpeller pour avoir utilisé les colonnes du quotidien gouvernemental El Moudjahid à des fins subversives... Et ce seront, treize ans plus tard, mes anciens camarades du lycée de Tizi Ouzou qui déclencheront le Printemps berbère de 1980.
Dès 1992, à la tête du quotidien Liberté, j'avais donné à cette cause, aux côtés d'autres militants, lettres de noblesse en soutenant un combat féroce contre les ennemis déclarés de tous les «particularismes».
Ainsi, la grève du cartable, initiée en septembre 1994, n'avait pas pour but stratégique d'arracher un statut immédiat pour tamazight, mais pour torpiller les négociations qu'avait engagées le pouvoir avec les dirigeants du FIS, Abassi Madani et Ali Benhadj, élargis et installés à Djenane El-Mithaq.
Cette grève avait été mise en branle sur mes conseils par Sadi, leader du RCD, fortement éprouvé par le rapprochement entre le pouvoir et le FIS dans le but évident de démontrer au Président Zeroual et à son entourage que les forces républicaines ne s'acoquineraient jamais aux signataires d'un compromis avec les islamistes. Le FFS, lui, était contraint de s'accrocher à cette dynamique de revendication à défaut de rater le train de l'Histoire. L'entourage du Président Zeroual me dépêcha, à Paris où j'étais exilé, un grand avocat algérois, Me T. B., dans l'espoir de négocier un train de mesures pour mettre fin à l'effervescence en Kabylie et entrevoir les perspectives de reconnaissance de tamazight.
Saïd Sadi exigea que Zeroual donne lecture en Conseil des ministres d'une déclaration promettant la reconnaissance et la légalisation de tamazight.
A cette seule condition, le leader du RCD s'engageait à donner l'ordre à ses troupes de cesser la grève.
L'avocat, émissaire de la présidence, regagna Alger avec ce document en poche.
Le Président Zeroual respecta sa parole et sa déclaration fut rendue publique. Il ne restait plus qu'à Saïd Sadi de passer aux actes. En vain !
Ce ne sera que lorsque Zeroual annonça en novembre 1994 la tenue de l'élection présidentielle pour, un an plus tard, que le chef du RCD changea d'avis. Pour Sadi, la préoccupation essentielle de l'heure était comment être candidat à la présidentielle si la Kabylie poursuivait sa grève. Ne risquait-il pas de se heurter à un boycott électoral de toute la région?
Il se présentera à ces élections et fut, en somme, le seul et unique inspirateur des accords intervenus en août 1995 entre le pouvoir et le MCB qui escamoteront pour encore sept ans la cause amazighe ! Aussi bien le FFS que le RCD ont tenu à marquer, hier, leur absence à la séance extraordinaire qu'a consacrée l'APN à la constitutionnalisation de tamazight.
Et ce sont bien les députés de Hamas et d'Ennahda, des partis islamistes, qui sont venus, en revanche, hier, soutenir et faire adopter tamazight, langue nationale aux côtés de parlementaires du FLN, du RND et du PT.
Le destin, merveilleux metteur en scène, aura marqué, encore une fois, de son sceau ce nouveau paradoxe à l'algérienne!


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