Le volet économique se dote de la consistance des liens politiques exprimés par les chefs de la diplomatie des deux pays. Le ministre tunisien de la Formation professionnelle et du Travail est arrivé hier à Alger. Le ministre algérien de l'Industrie et de la Restructuration, Menasra terminera sa visite de quatre jours en Tunisie aujourd'hui. La commission de coopération industrielle tuniso-algérienne vient de se réunir et un forum d'opérateurs algériens et tunisiens, le premier du genre, clôturera ses travaux aujourd'hui sous le thème: «Partenariat et investissement». Ces activités enregistrées en l'espace d'une semaine renseignent sur la volonté des deux pays de faire ressortir la coopération bilatérale de sa léthargie. Cette perspective s'est d'ailleurs renforcée lors de la visite du président tunisien à Alger en mars dernier. En effet, sur les cinq ministres qui ont fait le déplacement à Alger avec Zine El-Abidine Ben Ali, quatre d'entre eux au moins avaient un rapport direct avec la sphère économique. Cela en plus de la délégation d'hommes d'affaires et de la signature d'un protocole de coopération sur les PMI (petites et moyennes industries). Pour revenir à la visite de Menasra en Tunisie, ce dernier a affirmé que la coopération entre les deux pays est à un nouveau tournant se concentrant désormais sur l'investissement et la création des projets communs de base fondamentale de coopération économique. Le ministre a également évoqué avec ses homologues tunisiens le cas des sociétés mixtes lancées au début des années 80. Il serait question de leur insuffler une nouvelle dynamique par l'appel aux financements privés et ce, dans le cadre du processus de libéralisation économique engagé dans les deux pays. Il s'agit notamment de Sakmo (fabrication de moteurs diesel) et de Bcma (Banque de coopération maghrébine arabe). Par ailleurs, si les visites échangées par les deux chefs d'Etat des deux pays ont jeté les nouveaux jalons d'un espace économique durable, il convient de rappeler un fait marquant dans les rapports des deux pays au début des années 90. La Tunisie, dans un élan de fraternité transcendant la simple solidarité entre voisins, a été l'un des rares pays encore ouverts aux Algériens durant les années noires du terrorisme. Avec une tout autre approche de solidarité, les responsables tunisiens ont maintenu leurs frontières avec l'Algérie ouvertes et ce, malgré les «conseils», par ailleurs très intentionnés, de certains pays européens à Ben Ali, lui proposant de réduire la circulation des ressortissants algériens en terre tunisienne. Le flux n'a pas été stoppé malgré tout et c'est tout à l'honneur de la Tunisie. Uniquement pour l'année 2001, près de 500.000 Algériens s'y sont rendus, ce qui représente un apport de quelque 10 milliards de francs français pour l'économie tunisienne. Si le volet économique n'a pas eu, jusque-là, la consistance qu'aurait dû lui conférer la volonté politique exprimée par les chefs de la diplomatie des deux pays, il n'en demeure pas moins que la détermination affichée par les acteurs économiques prélude à un meilleur redécollage.