Ce Soudanais a été arrêté fin 2001 alors qu'il effectuait un reportage à la frontière afghano-pakistanaise. La prison de Guantanamo fait encore parler d'elle et elle le fera longtemps, même après sa fermeture. Pour ceux qui ont eu la chance d'en sortir, les souvenirs de ce cauchemar continue à les hanter, nuit et jour. C'est ce qu'a expliqué hier Sami El Hadj, journaliste à la chaîne satellitaire Al Jazeera, qui a passé 7 ans dans les geôles américaines sur l'île de Cuba. «Parler de Guantanamo me rend triste, je ne peux oublier les images de mes frères que j'ai laissé derrière moi, subir les pires supplices», a-t-il déclaré lors d'une rencontre qu'il a animée à Alger en présence du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, Farouk Ksentini. Ce Soudanais, arrêté fin 2001 alors qu'il effectuait un reportage à la frontière afghano-pakistanaise pour le compte de la chaîne de télévision qatarie, est revenu sur toutes les horreurs qu'il a vues et vécues durant des années. La torture psychologique était la pire d'entre elles, selon lui. «Il y avait des psychiatres et psychologues qui appliquaient sur nous des programmes de torture psychologique», a-t-il indiqué. Avant d'ajouter: «Ils nous expérimentaient, repéraient nos points faibles, pour ensuite nous torturer selon ces points faibles, c'était le pire qu'on subissait.» En plus de ces supplices psychologiques, les détenus subissaient d'autres tortures d'ordre physique au quotidien. «Il y avait des gens qu'ils ne laissaient pas dormir durant six jours, nous étions dans des cellules qui étaient en fait des salles de bain, sans parler des sévices corporels et sexuels, et de l'utilisation des chiens comme moyen de torture», a-t-il ajouté. Et cela ne s'arrête pas là, puisque les détenus étaient privés de tout. Nourriture, soins, et hygiène faisaient partie des choses bannies dans cette prison. «Ils faisaient exprès de ne pas nous soigner afin qu'on soit malade (...) si l'un d'entre nous avait une rage de dent, il fallait qu'on fasse une grève pour qu'il puisse se faire soigner et là encore, lorsqu'il part à l'infirmerie, on lui enlève toutes les dents saines, pour lui laisser celles qui sont malades», a-t-il raconté. Et d'ajouter: «On est resté six mois sans se laver le corps, ni les mains, rien du tout (...) je vous épargne les détails concernant la nourriture.» Concernant les détenus qui restent dans cette prison, notamment algériens, et le projet de sa fermeture, initié par Barack Obama, l'ex-détenu a indiqué: «Nous avons peur que la nouvelle administration américaine change la vision du monde à propos de cette prison. Depuis six mois, elle n'a libéré qu'une vingtaine de détenus, et le Congrès refuse d'adopter un budget de 80 millions de dollars pour sa fermeture alors qu'il faut 120 millions pour l'entretenir.» Et d'ajouter: «Ils ont décidé de fermer la prison de Guantanamo, mais ils en construisent de nouvelles»