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La judiciarisation de l'Histoire
MESSALI HADJ
Publié dans L'Expression le 13 - 09 - 2001

Traduit en justice par l'Organisation des moudjahidine de Batna pour les idées qu'il a défendues lors du premier colloque international sur le leader national Messali Hadj, qui s'est tenu du 29 au 31mars 2000 à Tlemcen, Rabah Bélaïd, professeur d'histoire et de sciences politiques, sera devant les juges le 27 septembre prochain au tribunal de la capitale des Aurès.
Le professeur d'histoire et ancien membre du gouvernement provisoire en exil à Tunis est accusé, par cette organisation, d'avoir «attenté aux symboles de la Révolution». Ce procès unique dans les annales de la justice en Algérie depuis l'Indépendance pose gravement le problème des libertés fondamentales et leur protection en Algérie. C'est le procès de l'histoire et de Messali Hadj. Plus d'un se demande alors aujourd'hui pourquoi le tribunal de Batna n'a pas carrément rejeté la demande pour s'inscrire carrément dans le droit et reconnaître par là que l'histoire, son écriture et les idées qui peuvent l'agiter ne sont pas du ressort d'un juge? Un regard sur les documents présentés aux dossiers portent sur des événements, des déclarations, des écrits d'historiens, des témoignages qui justifient ou contrarient les positions des uns et des autres sur l'évolution du mouvement à travers les positions de ses leaders dont principalement Messali Hadj et des autres chefs historiques de la Révolution.
Les propos d'analyse tenus par cet historien, professeur à l'Institut des sciences politiques de Batna sont à l'origine de cette polémique. Il avait en effet, à l'occasion de ce colloque auquel prirent part des historiens nationaux et étrangers, fait état d'analyses qui, selon son avis, démontrent «les manoeuvres dont a fait l'objet Messali Hadj dans le seul but, devait-il souligner, de ternir son image et réduire son leadership.» Le fait de citer des noms, ceux de chefs historiques durant la lutte de Libération nationale, a été considéré par l'Organisation des moudjahidine comme attentatoire à leur mémoire. En aucun cas l'Organisation des moudjahidine n'est détentrice de la Vérité de l'Histoire. L'Histoire est sans doute une affaire d'historiens. Plus d'un se demande alors pourquoi cette incursion? Pourquoi alors cette forme de diktat imposé à la critique de l'histoire? Le colloque sur Messali Hadj avait justement pour but, dira un organisateur parmi les chercheurs, de libérer la mémoire historique souvent manipulée pour des intérêts de pouvoir.
Zine Abidine Kahouadji, avocat de M.Rabah Bélaïd, devait, dans une déclaration à la presse, se demander, devait-il souligner, «si cette partie de l'histoire contemporaine de l'Algérie fait partie ou non de la mémoire de tout le peuple d'Algérie ou si elle est au contraire la propriété d'un groupe de personnes ou d'une institution». Par ailleurs, la question posée est aussi de savoir si Messali Hadj fait ou non partie de ces grands qui ont forgé la mémoire contemporaine de ce pays? Si nous admettons que cela est vrai, aimer son pays loin de tout patriotisme exclusif, loin de tout esprit de clocher ou chauvinisme, nous avons le devoir de le libérer du fardeau des préjugés, des mensonges et des injustices dans un rapport de force qui n'a plus motif d'exister encore aujourd'hui pour refaire notre union sacrée. De même nous reconnaîtrons avec franchise que notre pays n'est pas sans avoir commis, au cours de son histoire, certaines erreurs et certaines fautes que notre devoir sera de reconnaître et peut-être même de désavouer un jour. Cela nous aidera peut-être à mieux comprendre et mieux aimer notre patrie qui aspire aujourd'hui à une civilisation largement humaine, tolérante et plus juste. Maître Zine Abidine Kahouadji fera remarquer: «Le procès intenté au professeur Rabah Bélaïd est caractéristique de la période historique actuelle de l'Algérie. Cette période, ajoute-t-il, porte en elle un puissant élan de revendication de toutes les libertés et en cela l'Algérie veut forcer les portes de la modernité, de la citoyenneté, de la réconciliation nationale...» Il expliquera ensuite: «A l'occasion de ce procès, en tant qu'avocat, c'est pour moi l'occasion non seulement de défendre la place et la mémoire de ce géant de l'histoire contemporaine de l'Algérie qu'est Messali Hadj, mais aussi de contribuer modestement à faire triompher ce pourquoi il a milité toute sa vie au prix de durs sacrifices, c'est-à-dire la liberté et la dignité et pourquoi pas aider à cette oeuvre en gestation celle de la réconciliation nationale.» Libre de ses opinions, le professeur Rabah Bélaïd n'aura fait que son travail de chercheur, à savoir analyser les faits et commenter les discours d'acteurs politiques et ce dans un esprit critique pour une meilleure étude et connaissance de notre passé. Peut-être en cela a-t-il fait ressortir des vérités? Si c'est cela il faut apprendre à lire avec impartialité la Vérité. C'est précisément faire preuve de patriotisme. L'amour du pays ne doit pas nous rendre injuste. Au pays il faut savoir aujourd'hui lui sacrifier la Vérité. Le seul tort du conférencier aura été tout simplement d'exprimer des idées et d'avancer des thèses qui ne sont pas forcément irréfutables. Ce procès est considéré aujourd'hui par plus d'un comme présentant des risques de dérives graves. Interrogé sur la gravité de cette affaire, maître Kahouadji dira: «Comme vous le savez, le professeur Bélaïd Rabah a été envoyé devant le tribunal des délits de Batna suivant une ordonnance de renvoi du juge d'instruction au motif de commissions des infractions prévues et réprimées par le Code pénal dans ses articles 146, 298 et 296.» Il ajoutera par ailleurs: «L'ordonnance de renvoi dont je m'abstiens, ici, de discuter le bien-fondé ne doit pas nous faire occulter les faits qui font qu'aujourd'hui un professeur d'université invité à donner une conférence sur la position de Messali Hadj à l'égard de la Rrévolution algérienne, dans le cadre d'un colloque international devient justiciable pour avoir simplement exprimé son opinion.»
Commentant les faits, l'avocat Zine Abidine Kahouadji réagit en disant: «Comment qualifier cela à un moment où les institutions les plus hautes de la République et toutes les forces de progrès s'attellent à restituer leurs droits aux Algériens et au moment où la société algérienne dans son ensemble aspire à construire un Etat de droit véritable.» Sans anticiper de ce que réserveront les autorités judiciaires, en toute indépendance, à la plainte de l'Organisation locale des moudjahidine, maître Kahouadji relèvera que «ce procès a une valeur symbolique très forte parce qu'il s'agit du droit à l'expression libre et de la compétition intellectuelle des chercheurs, des historiens, des sociologues..» Il ajoutera dans son commentaire : «... Que l'on acquièsce à la problématique contenue dans la conférence du professeur Bélaïd ou qu'on la récuse il n'y a pas matière à procès devant une juridiction pénale car par ce procédé, ce n'est plus le contenu de la conférence qui est en jeu et il ne peut l'être d'aucune manière car, explique-t-il, les tribunaux répressifs n'ont pas vocation à opiner sur les questions historiques ou politiques ou à sanctionner les prises de positions intellectuelles».
Il conclura en ironisant: «D'autres communicants, parmi eux d'éminents historiens et politologues ont exprimé au cours du colloque de Tlemcen des points de vue divergents qui, à coup sûr, ne sont pas ceux de la section des moudjahidine de Batna et rendons grâce à Dieu qu'ils ne soient pas, eux aussi, poursuivis.»


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