Le cinéma algérien continue de susciter un intérêt croissant en France. Depuis le 15 janvier dernier et jusqu'au 31, se déroule la 13e édition du Festival de Cinéma Maghreb si loin...si proche. Un Festival de Cinéma qui a été fondé en 1997. «L'une des rares manifestions consacrées au cinéma maghrébin, mais aussi un forum, un lieu de vie et un lieu d'échanges à travers le cinéma, le livre, le débat, le conte, la musique, la cuisine, la palabre, la vidéo, la photo...et surtout la rencontre! Une manifestation chaleureuse et inventive, lieu d'échanges et de parole libre, un boulevard laïque des cultures, pour relier l'Europe du Sud et l'Afrique du Nord.» L'organisation du festival Cinéma Maghreb si loin...si proche échoit à un collectif qui regroupe plusieurs associations. La manifestation se décline sur 2 semaines et 12 sites différents. Le festival réunit des créateurs rares des pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc), et d'autres pays du pourtour méditerranéen (France, Egypte, Palestine,...), autour de films, d'expressions artistiques libres, de paroles et de moments festifs. Au menu de ce 13e festival, des invités singuliers présentant des films rares, des débats et un colloque, des expositions de peinture et photos, des ateliers, des livres et des conférences, de la musique, des buffets et des soirées festives autour d'un bon couscous...Initialement prévu à l'ouverture, le 15 janvier dernier, Le voyage à Alger d'Abdelkrim Bahloul, a été remplacé par le film Arezki l'indigène de Djamel Bendeddouche en sa présence, son sixième long métrage en tamazight - 80mn. L'histoire nous plonge dans la Kabylie de la fin du XIXe siècle, celle du bandit d'honneur, Arezki Lbachir. C'était le temps de la dépossession des terres. C'est une histoire qui se confond profondément avec l'histoire de l'Algérie et des soulèvements contre la politique coloniale. La beauté des images de ce film, le grain intérieur et extérieur de la lumière éclairent et magnifient presque, par contraste, la situation pourtant extrêmement dure des populations des montagnes que la politique coloniale de Napoléon III entendait ruiner, déposséder de leur terre et de leur bétail, réduire à la misère noire en les obligeant en plus, à payer des impôts exorbitants. Ecrasés sous le poids de la répression, les villageois se révoltent sous la conduite d'Arezki, un enfant du pays. Un «Che» avant la lettre. Ce film a obtenu le Prix du public au festival de Fameck 2008. Aussi, est prévue une rencontre avec Bachir Hadjadj autour de son livre Les Voleurs de rêves, 150 ans d'une famille algérienne (Ed. Albin Michel). L'Algérie qui continue à dévoiler son 7e art outre-mer, prend part ainsi à cette manifestation «dont l'enjeu, nous assure t-on, est de présenter des films inédits en présence de leurs réalisateurs quand bien souvent les films présentés n'ont pas de distributeurs en Europe et n'en auront peut-être jamais». Une programmation riche est déclinée entre long et court métrage et rencontres-débats. Parmi les films algériens au programme, on citera aussi les documentaires Vent de sable (52 mn) et L'Algérie, son cinéma et moi (52 mn) de Larbi Benchiha, Harragas de Merzak Allouache, Gabbla de Tariq Teguia, London River de Rachid Bouchareb, des courts métrages algériens dont Goulili de Sabrina Draoui, Hommage au cinéma algérien de Larbi Benchiha et La 3e vie de Kateb Yacine de Brahim Hadj Slimane, et présenté par Hadj Bensaleh d'Oran. Mais aussi deux courts métrages de la cinéaste d'origine algérienne résidant en France, Rachida Krim avec La Femme dévoilée (1998) de 9 mn et El Fatah, 12 mn et un long métrage, Permis d'aimer (1h30). Au programme aussi, des films français, notamment 2 films de et sur René Vauthier intitulés: Vous avez dit français (1986) et Le Dur désir de dire d'Alain d'Aix, portrait aussi du cinéaste breton René Vauthier mais aussi des longs métrages marocains dont Casanegra de Noure-dine Lakhmri, Amours voilées de Abdelaziz Salmy, Les Anges de satan d'Ahmed Boulane (2008), 12 courts métrages contre le racisme etc. En somme, un menu varié mu par le désir de partager et basé sur l'altérité et la meilleure connaissance de l'autre.