De visu, les fermes de l'ouest et du centre-ouest du pays assurent l'abondance de la production. A quelques jours de la célébration du Mawlid Ennabaoui (naissance du Prophète Qsssl), les marchés d'Oran vivent au rythme d'une vague infernale d'augmentations des prix de produits de première nécessité. En effet, ceux de plusieurs denrées alimentaires ont été revus à la hausse. «La conjoncture l'impose», ironise-t-on. Ainsi, la pomme de terre qui était cédée, il y a quelques jours, entre 30 et 35 DA, a atteint le pic de 50 DA/kg. Idem pour les carottes, les haricots, les navets, les oignons et les tomates qui ont grimpé de plusieurs dizaines de dinars. Ce n'est pas là une crise latente, ces hausses sont expliquées par les faits mêmes. «Il a fallu que la petite augmentation de salaire soit décidée pour que la spéculation se substitue à la raison, si au moins cette augmentation du Snmg était effective», déplore-t-on. «La hausse des prix est depuis de longues années, injectée jusqu'à l'overdose qui ne fait plus mal; les prix n'ont jamais baissé» regrette-t-on. Le sucre dont les prix ont pris une envolée importante, est suivi par les légumes, les fruits et les viandes; les chefs de famille attendent la concrétisation effective des engagements du gouvernement quant à la régulation du marché. «Tant pis si cette augmentation persiste!», se consolent les Oranais. L'annonce de la mise en place d'un dispositif de protection du consommateur a été faite dans un passé très récent. Il est encore très loin le temps de juguler le phénomène des augmentations, souvent décidées de manière unilatérale et dissimulée. La cartographie de la hausse est établie: marchés de la Bastille, El Hamri, Mdina Jdida, Usto et Gambetta. Le même discours revient comme un leitmotiv. «A prendre ou à laisser, ce n'est pas notre faute si les prix ont augmenté» se disculpent les commerçants de détail expliquant que, eux aussi, subissent les foudres de cette décision. Un petit tour au marché de gros d'Oran: là encore, les grossistes se raffermissent davantage sur leurs positions inébranlables en renvoyant la balle. «Il faut voir du côté du premier fournisseur», justifie un grossiste. «J'ai dû payer gros auprès de l'agriculteur», lui emboîte le pas un autre. Autant d'explications sont avancées pêle-mêle comme l'austérité, cette année, de la terre, le déficit des agriculteurs, les taxes fiscales lourdes,...etc. Comme un leitmotiv, tous les membres composant la chaîne de distribution semblent bien avoir appris la leçon et le discours à tenir lors des moments cruciaux en désignant des tierces personnes fantoches. Pour se blanchir de tout reproche, selon ces commerçants de gros, la spéculation et les hausse des prix, qui ne sont pas de leur ressort, ont commencé avant même la hausse du Snmg annoncée dernièrement par l'Etat. Elles ont été déclenchées à la source, c'est-à-dire à partir des fermes mêmes. Là encore, ces justificatifs ne peuvent être convaincants vu que ce sont ces mêmes commerçants de gros qui accaparent de grands champs de légumes et de fruits avant même la cueillette. La bonne affaire est réalisée avant que les légumes et les fruits n'arrivent à maturité. Cette chaîne semble bien organisée. Elle est conduite par les futés laissant les fellahs se débattre dans leurs déficits et périr sous le poids de leurs dettes vis-à-vis des banques tandis que le citoyen souffre de la hausse. Peut-on remonter cette filière à la fois spéculatrice et imprévisible? Les plus aux faits de la chose sont unanimes à dire que le marché algérien échappe à toute gestion faute de mécanismes rigoureux de contrôle et de suivi. Pourtant, les choses sont simples. De visu, les fermes de l'ouest et du centre-ouest du pays assurent l'abondance de la production fruitière et légumière. La wilaya de Aïn Defla est bien connue pour ses pommes et poires tandis que celle de Mostaganem est réputée pour la culture d'oignons, de pommes de terre, navets, carottes. Les champs de Attatba et ceux de la Mitidja peuvent peser lourdement sur les marchés des tomates. En dehors de la traditionnelle surenchère, rien ne se fait. Du côté des boucheries, un autre guet-apens attend de pied ferme le petit consommateur. Là encore, les explications incohérentes sont multiples. Les bouchers s'ingénient à défendre l'indéfendable en accusant parfois leurs fournisseurs d'être à l'origine de l'envolée des prix de la viande blanche, et se disculpant tantôt, en argumentant de la cherté et de la rareté des aliments de volaille.