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La vie antérieure revisitée
« LE RÊVE DERRIÈRE SOI » DE KADDOUR M'HAMSADJI
Publié dans L'Expression le 03 - 09 - 2002

Une oeuvre originale où l'auteur tente une introspection sur les deux faces d'un pays à la recherche de sa voie.
Kaddour M'Hamsadji qui, ces dernières années, avait quelque peu déserté les étals des librairies, nous revient avec un livre savoureux, un roman où l'auteur s'attache à faire un bilan, ou plutôt son héros, Nadir, fait son introspection de trente années d'indépendance du pays (l'action se passe au lendemain des événements de Bab el-Oued de 88). Des propos, souvent amers, sillonnent un roman qui, au détour de quelques-unes de ses pages, prend les aspects d'une autobiographie romancée qui se laisse lire sans contrainte.
Tout commence en cette journée du 5 Octobre 88, où Nadir, de sa fenêtre à Bab el-Oued assiste, incrédule, aux manifestations qui aboutissent au dramatique gâchis que l'on sait. Mais cette vision du sang d'innocents ouvre, en lui, un tiroir secret qui le propulse dans un passé, jamais oublié, mais resté enfoui aux tréfonds de lui-même, un passé qui ravive des scènes similaires de violence, quand les Algériens se faisaient massacrer par les soldats français. Comment en est-on arrivé là, se demande Nadir, traumatisé par les brutalités dont il a été le témoin. Cela enclenche en lui le mécanisme du souvenir, des souvenirs qui le projettent dans un passé dont la famille avait envisagé l'avenir autrement. Il se revoit en jeune garçon de 15 ans choyé par ses parents, se rappelant la vie à Bir El-Ghazel, un patelin aux fins fonds des hautes plaines. Dans ce village oublié, vivait Nadir Salamoune à l'ombre d'un père qu'il adorait. Un père qui a été son instructeur et son mentor, et celui qui lui a ouvert les yeux sur les vicissitudes de la vie dans une Algérie soumise à la botte coloniale. Nadir, comme des milliers de ses semblables, rêvait alors de cette Algérie indépendante où «la liberté, la justice, l'amour, la paix et le progrès en seront les piliers», comme ne cessait de le lui promettre son père, Abdelkader, martyr de la Révolution, mort au Champ d'honneur. Perdu dans ses songes, Nadir, qui intériorise à partir de la geste d'un père adulé, se trouve ainsi, instinctivement, à comparer l'Algérie à laquelle aspirait ce père, et ce pourquoi il sacrifia sa vie, et cette Algérie, libre, qui tire sans sommation sur ses enfants. A ce jeu, effectivement, le rêve peut mener loin!
Le carnage d'octobre 88 à Bab el-Oued, ouvre les vannes et fait faire à Nadir la jonction avec ce passé un peu fabuleux, à tout le moins idéalisé, fait du sacrifice d'Algériens voulant relever la tête et le pays. En ces moments de vide, c'est encore vers «Ouboy» (terme affectif qui désigne le père dans le langage populaire des hautes plaines) que se tourne alors Nadir désemparé. Les réminiscences du narrateur sont celles d'un esprit qui aura beaucoup appris, pour lequel la vie n'aura pas été toujours clémente. Trois décennies d'indépendance pour en arriver là ! A cette plaie indélébile créée par des frères qui s'entre-tuent. Suffoqué par les violences auxquelles il vient d'assister, confondu par cette Algérie qui ne correspondait pas aux rêves du père, Nadir se réfugie dans le passé, un passé dur et difficile certes, mais où il était encore possible de lutter, de dire non ! Aussi, c'est avec amertume que Nadir assiste à la déconfiture de son pays, à l'installation de moeurs qui n'avaient aucun rapport avec cette Algérie rêvée où chacun de ses fils y avait sa place, où la liberté n'était pas un slogan, mais une réalité assumée par tous et pour tous. Kaddour M'Hamsadji ausculte ce passé pour mieux mettre en lumière les dérives du présent. Hier les Algériens avaient un objectif: s'extraire de l'indigénat honteux où l'a cantonné le colon; aujourd'hui quels objectifs pourraient s'assigner les Algériens confrontés à une guerre fratricide?
Pourtant Nadir, dont les réminiscences avaient ouvert un puits sans fond, sur un passé fait de servitudes, ne veut pas perdre espoir et croit toujours à ce pays capable de miracles. Aussi, Nadir espère-t-il que «le rêve d'un peuple qui a souffert le martyre, ne soit plus jamais un Rêve derrière soi», mais «doit se continuer autrement pour le plus grand bien de mon pays (...) il doit se muer en «un Rêve devant soi»
Le Rêve derrière soi de Kaddour M'Hamsadji, est, en fait, un roman à tiroir où l'auteur, tout en finesse, analyse en filigrane une Algérie qui n'est plus, l'Algérie française, certes, mais pas encore l'Algérie à laquelle ont rêvé, pour leurs enfants, les martyrs de la Révolution. Mais Nadir ne porte pas de jugement, il constate seulement que cette Algérie, qui tire sur ses enfants, ne peut être celle rêvée par le père et les milliers de martyrs de la libération. Kaddour M'Hamsadji a produit le roman de la maturité, maniant le verbe avec maestria, usant d'une écriture limpide qui donne toute sa tonalité et son rythme à une oeuvre qui reste en fait un témoignage sur une Algérie aujourd'hui révolue. Un témoignage qui, de par la magie des mots, se transforme en une merveilleuse aventure avec des personnages haut en couleur tels l'oncle, Omar le démocrate, ou M.Logel, le maire de Bir El-Ghazel, colon et le plus gros fermier du village, bardé de médailles et qui se pique rhétorique. Le roman fourmille de ces personnages à forte présence qui donnent vie à un texte mi-aventures historiques, mi-réflexions philosophiques qui lui confèrent toute sa saveur et son crédit. Le Rêve derrière soi, une oeuvre de la maturité qui positionne M'Hamsadji dans la lignée des grands auteurs algériens.


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