Le Premier ministre syrien n'avait pas pu rencontrer les représentants du secteur privé, lors de sa visite à Alger. L'Algérie ne veut pas seulement réorganiser son économie mais compte étendre cette réforme même aux syndicats patronaux. C'est dans cette perspective que la présidence est en mission de prospection afin de mettre la main sur un patron privé qui accepte d'être porté à la tête d'une nouvelle organisation. Cette dernière est censée représenter aussi bien le secteur privé que public. Tous ces patrons auront aussi une mission protocolaire pour être des interlocuteurs des délégations étrangères. C'est mieux que le Medef français qui, lui, ne représente que le privé. Selon nos sources, le gouvernement se plaint d'absence de représentation des entrepreneurs. Nos sources rapportent également que le Premier ministre syrien était surpris de ne pas trouver un interlocuteur avec lequel il puisse s'entretenir. Cette situation n'est pas nouvelle puisqu'elle s'est déjà produite dans les années 1990. Des syndicats patronaux avaient tenté de créer une coordination pour se présenter en rangs serrés aux tripartites, mais l'échec a sanctionné cette initiative. Les diverses délégations patronales étrangères, à commencer par celles des Français, s'étaient également longtemps plaintes de l'absence de ce vis-à-vis. Mais la représentation ne doit nullement rimer avec une atomisation plus accrue. C'est déjà le cas si l'on prend en compte le fait que cinq organisations patronales privées prennent part à la tripartite. A quoi s'ajoutent une organisation du patronat public et les présidents de sociétés de gestion des participations de l'Etat qui se présentent en tant que force autonome. L'atomisation est aussi visible dans la composition des syndicats des travailleurs avec plus de 60 organisations. Cette diversité est loin d'être un signe de bonne santé. Dans certains Etats occidentaux comme l'Italie et la France, il n'y a qu'une fédération des syndicats patronaux. Et en Allemagne, il n'y a qu'une seule fédération des syndicats des travailleurs. Le niet catégorique opposé par le Forum des chefs d'entreprise à la politique économique du gouvernement et la réaction du patronat public, peut-être même de la tutelle, montre bien que l'unanimisme ne peut pas se poser en tant que règle lorsqu'il s'agit de gérer les intérêts économiques. Cela montre aussi le peu de cohérence du patronat. Le FCE a soutenu le gouvernement pour changer complètement de position une année après. Certains reprochent au FCE d'avoir été trop frontal dans son opposition au gouvernement alors qu'il fallait au contraire renforcer les voies du dialogue. Mais le dialogue n'est pas toujours une vertu qui a sa place lorsque le gouvernement prend les décisions unilatérales comme cela a été fait lors de l'élaboration de la loi de finances complémentaire de 2009.